5 questions à Ombre Zion
Ombre Zion est l'un des ambassadeurs les plus talentueux du reggae sénégalais. Nominé aux Victoires du reggae 2021 en France, dans la catégorie « Artiste africain de l'année », le chanteur nous a accordé un entretien, pour échanger sur cette reconnaissance, mais aussi son dernier projet Rude Boy Inna Capital et sur la place du reggae au Sénégal.
Bonjour Ombre, qu’est-ce que ça vous fait de figurer parmi les nominés pour le prix de l’artiste africain de l’année aux Victoires du reggae, aux côtés de grands noms comme Tiken Jah Fakoly et Burna Boy ?
Bonjour Lamine ; c’est un grand honneur pour moi d’être nominé parmi ces grands artistes. Cela prouve que nous avons bien travaillé la saison écoulée, mon équipe et moi. Je tiens à dire un grand merci à Reggae Fr pour cette reconnaissance.
La catégorie « Artiste africain de l'année », prévue par les organisateurs des Victoires du reggae, traduit bien l'intérêt du public européen pour ce qui se passe sur le continent. Pensez-vous que le business musical en Afrique ait définitivement atteint sa vitesse de croisière ?
Les rythmes et les musiques de l'Afrique font les tendances à travers le monde actuellement, cela est une grande fierté !
Mais pour ma part, je trouve que le secteur professionnel de la musique sur le continent est à parfaire, surtout dans nos régions francophones. Il y a encore des manquements et une certaine lenteur dans des domaines clés comme la promotion des artistes.
Tout cela nous oblige, nous créateurs, à développer nous-mêmes nos stratégies de commercialisation à l'international. Mais en attendant que les choses s'améliorent, nous devons prendre cette situation comme un challenge.
Je fais sans prétention, partie de ces jeunes artistes africains qui se battent comme ils peuvent, pour présenter ce que nos cultures offrent de mieux au monde. Je crois fermement que le business musical africain se développera encore plus, si tous les acteurs du secteur œuvrent plus sérieusement pour le rayonnement du continent.
Vous venez de mettre un EP sur le marché et on remarque que votre proposition est plutôt éclectique ; comment avez-vous travaillé sur ce projet ? Comment se passe la promotion avec la crise sanitaire et les nombreuses restrictions depuis des mois maintenant ?
En fait, j’avais beaucoup de compositions dans mes archives au studio (rires) ; il fallait qu’elles sortent ! Aujourd’hui, les gens sont à moitié confinés donc il leur faut de la bonne musique...
Je devais sortir un album courant 2020 mais avec la crise sanitaire, difficile de faire grand-chose en termes de communication. Nous avons donc décidé, avec mon équipe, de sortir cet Ep histoire de faire plaisir à notre fidèle public, en attendant la parution du grand opus.
Pour dire vrai, les restrictions nous empêchent vraiment de bien promouvoir l'Ep, du coup, nous utilisons les réseaux sociaux pour combler ce manquement.
Il s’intitule Rude Boy Inna Capital et il est disponible sur ma chaîne YouTube officielle. Vous pouvez aussi l’écouter en playlist sur la plateforme Ziksen. D’ailleurs, des concerts lives digitaux sont prévus très prochainement, afin de continuer la promo de l'œuvre.
Vous êtes l’un des artistes reggae les plus en vue au Sénégal depuis des années, votre style musical a-t-elle la place qu'elle mérite vraiment ici ?
Je pense que le reggae se porte bien au Sénégal. Nous avons de très grands artistes, des musiciens, des promoteurs et des Selectahs (Sound system) qui sont hyper motivés pour développer le genre. En clair, nous comptons beaucoup d’acteurs qui s'investissent dans cette musique, sans pour autant oublier son public fidèle. Le seul bémol est que nous ne sommes pas bien promus par les médias, tout simplement parce que c'est le mbalakh et le hip-hop qui sont mis en avant.
Est-ce facile d’être un artiste reggae au pays du mbalakh ?
Comme je l'ai dit, le reggae est une musique que les Sénégalais aiment. Personnellement, j’ai essayé d’amener ma touche singulière pour que ça leur parle davantage. J’ai mélangé le style de chant traditionnel des griots avec le reggae et cela donne vraiment une vibe très intéressante. Aussi, Nous sommes en train de nous concerter entre acteurs du reggae, pour mettre en place une association qui posera les jalons d'un développement certain.
Comment vous en sortez-vous avec la situation causée par la Covid-19 ?
J’avoue que ce n’est pas évident. Mais je me dis que nous ne sommes pas le seul secteur affecté. Croisons les doigts et espérons que tout change très vite. Pour ma part, je profite de ce break forcé pour travailler sur mes projets. Dieu est l’absolu, tout ira mieux pour le mieux InshAllah !
Que faut-il faire pour que la musique reggae soit plus visible et que les reggaemen sortent de cette « ghettoïsation » qui dure depuis trop longtemps ?
Je pense qu’on manque de contenus. Il n’y a pas assez d’albums de reggae qui sortent, ni de clips. Aujourd’hui l’image est primordiale, elle représente 98% du business ; les acteurs des autres genres musicaux l’ont compris très tôt. Il faudra donc que l’on mette les moyens pour nous développer de ce côté-là et surtout, réussir à communiquer pour mieux avancer. Il faut que l’on soit un vrai mouvement !
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