5 rappeurs arabes qui cassent les codes du game
Voitures décapotables, gros bijoux en or, dollars à gogo, ambiance bling-bling, clashs et autres guerres des crews… le rap traîne depuis ses premières années une réputation sulfureuse. Si dans les pays arabes, ce dernier a pris quelques couleurs politiques ou sociales, il reste toutefois très empreint de cette culture machiste, misogyne et homophobe, à quelques exceptions prés. Voici donc 5 rappeurs et rappeuses arabes qui cassent les codes du rap game dans le monde arabe
Zap Tharwat, le rappeur féministe
À 29 ans, ce Cairote, Jordanien de naissance, est l’un des rappeurs les plus encensés d’Egypte, grâce à ses chansons, très souvent, dédiées à la cause féminine. Avec ses rimes et ces clips sans équivoque, l’artiste dénonce le harcèlement sexuel et les clichés machistes qui gangrènent la société égyptienne.
Il débute sa carrière dans la musique en collaborant sur le troisième album du célèbre groupe engagé de rock égyptien Cairokee, El sekka shemal (mauvaise direction), où figure également l’artiste algérienne Souad Massi. Parmi ses titres les plus connus « Meen el Sabab » (qui est responsable ?) sorti en 2014 avec Menna Hussein.
Ce titre constitue une accusation en règle de toute la société égyptienne et de la violence faites aux femmes dans le pays. Il récidive avec « Nour » en duo avec l’actrice égyptienne Amina Khalil, dans lequel il interroge le rôle de la femme dans la famille.
En avril 2018, il sort Al madina (la ville), un album en collaboration avec Sary Hany, célèbre musicien égyptien de musique de films et de télévision qui a notamment signé la bande originale de Gaza surf Club.
Mona Haydar, la rappeuse au hijab
Avec son titre Hijabi, Mona Haydar, alors inconnue est révélée au grand public. Son morceau aux sonorités orientales illustré par un clip où la rappeuse, enceinte, chante son ras-le-bol, entourée de sept autres jeunes femmes voilées : « Ta fascination me fatigue (…) Même si tu le détestes, je vais continuer à mettre mon hijab ».
Un texte fort au service de la tolérance sortit en 2017 à l’occasion du premier « Muslim Woman’s Day », une journée dédiée à la mise en lumière des femmes musulmanes aux USA.
Cette syro-américaine prône depuis, dans ces textes, l'amour de soi, de sa culture, et de sa religion. Cependant, Mona Haydar refuse l’étiquette de « rappeuse voilée » et travaille pour être reconnue pour sa musique et non uniquement pour les causes qu’elle défend.
Dua Saleh, l'activiste non binaire
Queer, non binaire, musulman.e. et noir.e., l'artiste soudanais.e. Dua Saleh casse tous les codes. Né.e au Soudan, iel suit ses parents, opposants politiques, en Erythrée avant de s’installer aux Etats Unis. Poète, performeur.se, acteur.rice .
Son premier EP Nūr, sorti en janvier 2019 a été acclamé par la critique. Sa musique est une fusion de rap, de pop et de R&B, bien qu’elle soit, à l’image de l’artiste, décrite comme défiant les genres. Dua Saleh a également joué fait du théâtre à Minneapolis et s’est retrouvé dans un rôle récurrent dans la série Sex education sur Netflix. En 2020, son EP, Rosetta attire l’attention des critiques et de la presse internationale, son titre Sign, sortit en avril 2021, l’installe définitivement parmi les artistes les plus prometteurs de sa génération.
Médine, le conscient
Avec son premier album solo, 11 septembre, récit du 11e jour, sorti en 2004, puis Jihad, le plus grand combat est contre soi-même, l'année suivante, Medine, le franco-algérien, est très vite catalogué dans la catégorie du rap conscient.
Impliqué volontairement dans un rap engagé, en France, aux côtés d’artistes comme Kery James, Youssoupha, Oxmo Puccino ou encore Abd Al Malik. Son titre « Dont Laïk » lui a valu un grand nombre de détracteurs notamment auprès de la droite et l’extrême droite française et une levée de bouclier à l’annonce de son concert au bataclan, à Paris pour sa réouverture après les attentats sanglants.
Mais au-delà des clichés Médine c’est surtout des textes très bien écrits et bien documentés sur des questions de sociétés à l’instar de son dernier album Grand Medine, où l‘artiste, à force de bangers trappés, balades autotunées, textes engagés, featurings variés… a gagné le droit de s’autoproclamer « Grand ».
Marou César, l’identitaire
Dans un pays où la langue amazighe est quasi en voie de disparition et où la culture berbère est niée voire rejetée, le rappeur tunisien a décidé d’en être le porte flambeau. Marou César tente d’imposer un rap amazigh défendant l’identité d’une culture s’étendant de l’oasis de Siwa aux îles Canaries.
Son titre « Tewensa mouch arab » (Tunisiens et non arabes) est un pamphlet anti arabe assez radical. Autre fait d’arme du rappeur militant, la traduction de l’hymne national tunisien en amazighe ainsi que la chanson italienne « Bella Ciao », faisant un parallèle entre la lutte des révolutionnaires anti-fachistes et la lutte amazighe dans son pays.
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