Ablaye Cissoko : « Notre patrimoine musical est une école à ciel ouvert »
Le Festival Au Tour des Cordes revient pour sa 5ᵉ édition à Saint-Louis, avec une programmation vibrante entre Afrique, Europe et Méditerranée. Créations, masterclass, rencontres et ateliers animeront les lieux emblématiques de la ville lors de cette nouvelle édition. Ablaye Cissoko, joueur de kora et directeur du festival, nous parle de cette cinquième édition placée sous le signe du partage et de la transmission dans la ville historique de Saint-Louis.
Entretien réalisé par Mory Touré
Ablaye Cissoko
MT : Nous allons vers la cinquième édition du festival Au Tour des Cordes 2025, qui commence à s’imposer dans le paysage culturel. Quelles seront les grandes lignes de cette nouvelle édition ?
A.C : Cette année, l’une des grandes priorités du festival, c’est la formation. Nous appelons cela la médiation scolaire. Nous allons investir plusieurs établissements scolaires pour y faire découvrir les instruments traditionnels d’ici, mais aussi ceux venus d’ailleurs. Au-delà des concerts, nous tenons à ce que les artistes invités puissent transmettre leurs savoirs. On se rend compte qu’aujourd’hui, il y a un véritable déficit de musiciens formés, faute de lieux d’apprentissage structurés. Beaucoup apprennent dans la rue, sur le tas… Nous remercions donc ces artistes qui acceptent de jouer le rôle d’enseignants en animant des ateliers pour les jeunes dans les écoles. C’est un retour à nos racines, car nous-mêmes avons appris la pratique de nos instruments à la maison avant d’avoir la chance d’aller au conservatoire. Ces jeunes, eux, n’ont souvent pas cette opportunité. Le festival essaie donc de combler ce manque. Nous allons beaucoup miser sur la transmission : les ateliers dureront trois jours, comme lors de l’édition précédente, qui avait rencontré un grand succès.
MT : Quelle est aujourd’hui l’importance de ce festival pour la région, sur les plans culturel et économique ?
A.C : Le Festival Au Tour des Cordes contribue au développement local, aussi bien culturellement qu’économiquement. Il met en lumière notre riche patrimoine musical tout en favorisant la découverte d’autres genres et influences. À travers nos invités, nous faisons voyager les musiques, les histoires et les traditions. C’est un échange — du donner et du recevoir — qui ouvre l’esprit des enfants et renforce le dialogue interculturel. Les masterclass organisées dans les écoles permettent aussi d’aborder l’enseignement de nos instruments sous un angle nouveau. Et pendant ces quelques jours, la ville de Saint-Louis entre véritablement en effervescence !
MT : La programmation est très attendue. Que réserve cette cinquième édition au public de Saint-Louis ?
A.C : D’abord, je tiens à remercier tous les artistes qui acceptent de venir ici. L’an dernier, nous avons eu la chance d’accueillir Fatoumata Diawara, une artiste internationale qui tourne partout dans le monde. Ces artistes engagés contribuent à faire connaître le festival au-delà des frontières. Aujourd’hui, notre public nous est fidèle et vient avec curiosité : beaucoup ne regardent même pas la programmation à l’avance, ils viennent pour l’expérience et repartent enchantés ! Cette année, la cérémonie d’ouverture accueillera Les Enfants de la Kora et Carlou D. Les jours suivants, se produiront Awa Ly, Raul Rodriguez, Mina Agossi, Naïssam Jalal, Nomfusi, entre autres. Nous sommes très heureux de partager ces moments de musique et d’émotion avec notre public.
MT : Quels sont tes derniers mots à quelques jours de l’ouverture de cette cinquième édition ? Quel message veux-tu adresser aux habitants de Saint-Louis ?
A.C : Je veux d’abord dire bravo et merci à toute l’équipe du festival. Ce sont des jeunes passionnés, discrets, pleins d’énergie, qui portent ce projet avec le cœur. En participant, ils contribuent au développement culturel de la ville. J’invite tout le monde à venir — même si, pour plaisanter, je dis souvent : “Ne venez pas tous, on n’aurait pas assez de place !” (rires). Mais sérieusement, je souhaite que chacun vienne découvrir notre culture et notre tradition. Quand on parle de Saint-Louis, on évoque immédiatement le train Dakar–Bamako–Saint-Louis, symbole de l’hospitalité et du partage. Je remercie aussi tous nos partenaires, nos sponsors et les autorités administratives. Les formations scolaires se tiendront du 20 au 30 octobre, et le festival proprement dit du 31 octobre au 2 novembre, sur des sites à la fois fermés et en plein air. On vous attend nombreux pour vivre ensemble cette 5ᵉ édition du Festival Au Tour des Cordes à Saint-Louis !
























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