Alibéta: "Je suis une abeille qui butine plusieurs univers artistiques"
Son nectar à lui, c'est assurémant sa musique, cette musique recherchée et ouverte aux influences extérieures pour donner ce mélange exquis; qui le place bien en vue au sein de cette nouvelle génération de musiciens sénégalais prête et apte à conquérir l'Afrique et le monde. Alibéta, éternel voyageur, s'est posé un moment pour échanger avec nous. Voici ses propos!
Pouvez-vous nous dire qui est Alibéta?
Alibéta: Une abeille qui butine dans plusieurs univers artistiques: musique, théâtre, cinéma… à la recherche de nectar pour célébrer un hymne dédié à la vie, à l'Homme. Un éternel aspirant, un troubadour qui chemine sur la voie de l'amour et pour qui l'Art est un chemin d'éveil.
Depuis quand êtes vous dans la musique? Comment qualifieriez-vous le genre musical que vous faites?
Alibéta: Je suis dans la musique depuis mon jeune âge. Ça a commencé à la maison avec notre aîné qui nous a initiés à la guitare mes frères et moi. C'est donc une histoire de famille. Puis je me suis professionnalisé vers 2003 avec la compilation Akiboulane en compagnie de feu Countryman. Depuis j'ai fait du chemin à travers le reggae, le hip hop et finalement le retour à la guitare et la musique africaine. Je fais donc une musique Afro ouverte aux influences blues, dogons, jazz...
Parlez nous de votre parcours. Vous étiez assez proche de la scène hip hop, non?
Alibéta: Mon parcours est celui d'un chercheur et oui je suis parti du hip hop au collège, le théâtre avec le club d'anglais du lycée Lamine Guèye. Après j'ai rencontré Countryman avec qui j'ai fait du reggae. Une fois à l'université je me suis spécialisé dans la mise en scène théâtrale, ce qui m'a valu quelques prix et voyages qui ont élargis mes horizons. Je suis donc revenu pour développer une musique afro plus proche de ma réalité et de mes valeurs. Ensuite je suis passé au cinéma documentaire, car le théâtre limitait mes possibilités créatives. Aujourd'hui je développe un concept de live fusion (musique, théâtre, danse et arts visuels), un spectacle vivant a la croisée des chemins artistiques où je mélange tous ces différentes expressions pour raconter une histoire, car je suis convaincu que le décloisonnement est la voie idéale pour un spectacle total!
Combien d'albums avez-vous à votre actif?
Alibéta: Bani Adama est mon premier album solo. À part ça j'ai eu a participer à diverses compilations et fait des featurings avec des artistes sénégalais comme Gaston, Simon , 5kiem Undeground entre autres.
Parlez-nous justement de cet album, Bani Adama?
Alibéta: Bani Adama veut dire «Fils d'Adam» et est un album coffret (Cd+DVD). Un Cd de musique donc et un Dvd de trailers, documentaires et de spectacles live musique et théâtre. Ce choix de coffret s'explique par la volonté de rester fidèle a ma démarche pluridisciplinaire, de décloisonner pour donner à entendre, à voir et à sentir! Ce projet a été produit par les Editions Jimsaan, qui est une maison d'édition sénégalaise.
Qu’est-ce qui explique le choix du titre de l’album?
Alibéta: Le titre s’explique par ma volonté de dédier un hymne a l'homme qui est au centre de la création, de dépasser les barrières de races, de religions et de cultures. Dans ce monde en crise économique mais surtout spirituelle, l'urgence a mon avis est de replacer l'homme au centre de la réforme . Chacun d'entre nous doit prendre conscience que nous portons toute l'humanité en nous et cultiver la paix, la stabilité et l'amour en soi. Cela est la meilleure façon de rendre ce monde meilleur. Enfin pour dire aussi que la véritable œuvre d'art est ce que l'on fait de notre vie...
Quels thèmes abordez-vous dans cet album?
Alibéta: Je développe des thèmes liés à la recherche spirituelle, au droit de voyage, à la mortalité maternelle et infantile, la nécessité des gouvernements africains de refuser les politiques de développement imposées de l'extérieur, l'immigration clandestine, les origines, l'afro-optimisme de notre génération et enfin le vrai sens de L' Homme!
Vous abordez souvent le theme de l'authenticité... c'est lié à quoi?
Alibéta: Pour que ce projet voit le jour, j'ai dû voyager au Mali, en Mauritanie, en France, en Suède et Allemagne pour travailler avec différents artistes (musiciens, comédiens, réalisateurs) qui y ont apporté leur touche. La démarche de rencontre entre les styles de musique, les différents supports artistiques qui se rejoignent pour délivrer un même message qui est de croire en l'Homme, d'ici et d'ailleurs! C’est enfin le spectacle fusion qui se veut une fresque mêlant sons, images, formes et rythmes à l'image de la diversité et de l'unité des fils d'Adam!
Comment jugez vous l'accueil que le public a réservé à votre invitation musicale?
Alibéta: Je crois que l’album-coffret a été bien reçu par le public car il y a retrouvé quelque chose de différent et de nouveau. Il leur propose différentes voies d'accès au message central qu’il porte.
Avez-vous une tournée en vue?
Alibéta: Depuis la sortie officielle de ce coffret en novembre 2013 avec la présentation du spectacle fusion à Sorano, nous avons fait beaucoup de concerts et live fusion. Nous continuons toujours a le promouvoir à Dakar mais nous espérons aussi pouvoir aller dans les régions du Sénégal et dans la sous région africaine. Pour cela nous avons noué des partenariats avec des structures telles le Théâtre Daniel Sorano pour promouvoir ce type de spectacle de fusion avec comme principale cible les jeunes dans les collèges et lycées. Nous développons aussi des contacts pour la mise en place d'une tournée musicale hors de nos frontières.
Avec de telles ambitions, les moyens suivent-ils toujours vue la configuration actuelle de la scène musicale sénégalaise?
Alibéta: Je pense que nous connaissons tous la situation de l’industrie musicale locale. Mais pour rester fidèle a notre message d'engagement nous travaillons avec le Nomads Band qui est la troupe de musiciens, comédiens et danseurs avec qui je partage la scène à trouver nous-mêmes les moyens de continuer et de promouvoir cette aventure artistique.
Selon vous quels sont les voies et moyens disponibles aujourd’hui pour permettre à chaque artiste de vivre de son labeur?
Alibéta: Nous sommes un collectif d'artistes mais pas seulement car beaucoup d'entre nous travaillent à côté. Je suis moi-même enseignant dans le Supérieur et cela m'a permis de soutenir ce projet avec l'aide des autres membres du Nomads Band. Sans oublier le soutien des Editions JIMSAAN. Voilà je pense que les artistes doivent trouver des moyens de vivre en parallèle pour et être ainsi libres dans leur créativité. Nous sommes à l'heure du numérique qui offre beaucoup de possibilités de vente et de promotion des œuvres et il est primordial que tous les artistes exploitent cette nouvelle voie qui devient de plus en plus incontournable pour les industries culturelles africaines.
Quel est votre dernier mot?
Alibéta: Un plaidoyer pour la culture comme pilier du développement en Afrique. De nos jours notre urgence est plus symbolique qu'économique. Si on parvient à bâtir un Homme meilleur par le biais des arts et de la culture entre autres, nous pourrons à coup sûr avoir des sociétés plus équilibrées pour un monde meilleur! L'Homme est le microcosme de l'univers!
Découvrez ici le clip "Saaraba"
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