Au Tour des Cordes 2021 : succès au rendez-vous pour la première !
La première édition du Festival Au Tour des Cordes s’est tenue du 29 au 31 octobre dernier dans la ville historique Saint-Louis (Sénégal). Le guitariste sénégalais Hervé Samb a brillamment donné le ton de cette manifestation unique en son genre, qui a offert 3 nuits de musiques savantes à des festivaliers venus des 4 coins du monde.
Encore sous le choc du décès de son petit frère survenu récemment, Hervé Samb a tout de même accepté de prendre part au grand rendez-vous des cordes, à l’invitation du virtuose sénégalais de la kora Ablaye Cissokho.
Autour de 19 heures, dans la soirée du 29 octobre, il fait son apparition sur la scène Habib Faye du lycée Ameth Fall de Saint-Louis, après le passage de l’excellent joueur de ngoni Moussa Konaté, pour boucler la cérémonie d’ouverture du festival.
Seul sur l’estrade, le guitariste sénégalais choisit d’interpréter des morceaux de son opus Benn, dont l’intitulé wolof (langue du Sénégal) désigne le chiffre 1, pour traduire la solitude dans laquelle il a réalisé son oeuvre en plein confinement.
« Je ne suis pas seul car vous êtes avec moi », sort-il confiant, avant de pincer allègrement les cordes de sa guitare, pour ouvrir son récital avec « There is always a light », un extrait du disque.
La douce mélopée qui introduit la performance séduit tout de suite le public connaisseur, qui compte en son sein des musiciens de talent, notamment les chanteuses Mariaa Siga et Awa Ly.
Notes tranchantes, passages cadencés, arpèges envoûtants, Hervé Samb étale son « jazz sabar » dans toute sa splendeur, pour la plus grande délectation des amoureux de luths venus de différents horizons.
Avec ses cordes, le guitariste communie avec le public et lui adresse tantôt des messages puissants comme sur le morceau « Wind », un souffle mélodieux aux notes aigues qui invite le monde à prendre soin de la nature.
« Sama Yaye » est un cran plus saisissant ! S’adressant aux mères et femmes du monde entier, le morceau repose sur une mélodie rythmée, qu’Hervé interprète en frappant frénétiquement sur le coffre de sa guitare.
Sur « Mbeggel », l’artiste sénégalais atteint l’extase ; ses accords sont parfaits et l’enchaînement des notes mineures traduit une vive émotion. Le son est marqué par le bourdonnement continu de la corde Mi grave de sa guitare électro-acoustique, et par une finition en finesse qui force l’admiration des spectateurs.
« La musique est l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille », dit-on souvent – mais avec Hervé, le 4e art peut aussi devenir bouleversant, surtout quand les notes traduisent la douleur d’une mort brutale…
Sur le morceau « Fatteliku », ses accords diminués résonnent telle une évocation effrénée de souvenirs de son frère disparu ; son émotion est forte.
Hervé conclut le show avec la virevoltante « danse des fleuves », qui vient casser le ton mélancolique imposé par la précédente piste, avec des notes joyeuses et festives qui illuminent la nuit de Saint-Louis.
À cette première édition du Festival Au Tour des Cordes, Hervé Samb aura une nouvelle fois fait montre de cette remarquable maîtrise qui autorise les amoureux du beau son, à le considérer comme un surdoué de la guitare.
Que retenir du festival ?
Avec son spectacle au concept novateur pour le paysage culturel sénégalais, Ablaye Cissokho a réussi à rassembler des praticiens chevronnés d'instruments à cordes comme le brillant Hervé Samb, mais aussi Mohamed Abozekry, considéré comme le « meilleur joueur de Oud du monde arabe », le Duo Impressionniste, le bassiste Christian Obam et même le virtuose iranien du sétar Kiya Tabassian.
En plus du fait déjà louable de réunir ces artistes aux horizons divers, le festival a également favorisé des collaborations artistiques de grande qualité, comme le concerto live offert par Mohamed Abozekry et Kane Diano, la pépite de la chanson sénégalaise, qui a ébloui la grande scène de l'Institut Français de Saint-Louis dans la nuit du 29 octobre 2021, avec ses envolées vocales et sa bonne humeur.
Pour sa première édition, Au Tour des Cordes a laissé de beaux souvenirs aux festivaliers, qui auront vécu des moments formidables, ce, malgré l'absence de la koriste gambienne Sona Jobarteh, qui faisait partie des plus prestigieuses convives de la manifestation.
Parmi les temps forts de l'édition, les prestations des chanteuses Hadar Halevy, Awa Ly et Mariaa Siga, qui se sont mises chacune au diapason des différents instruments à cordes du festival, pour offrir des performances riches en couleurs.
C'est plein de gratitude que le jeune Kane Diallo a d'ailleurs interprété en live le titre « Nafoulé », aux côtés du maître koriste qui a réuni tout le monde ce dernier week-end dans la ville historique de Saint-Louis pour célébrer la musique : Ablaye Cissokho.
Pour le promoteur de l'événement exceptionnel, c'est la satisfaction totale : « je suis vraiment très heureux ; certains objectifs que nous avions fixé pour les 4 éditions à vénir ont été atteints dès cette première saison. J'adresse mes sincères remerciements à ceux qui se sont donnés pour que cela se fasse ».
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