Bob Maghrib : « Le message de Marley est audible en Afrique »
Bob Marley à la sauce Gnawa et Africaine, c’est le cocktail que propose le sextet d’origine marocaine Bob Maghrib. Présent au festival Sauti za Busara édition 2017 à Zanzibar, Hicham Bajjou (keyboards et chants) initiateur du collectif et ses compagnons Bounit Mohamed (percussions), Ibrahim Terkemani (Batterie), Mehdi Nassouli (guembri & ghaïta & chants), Oubiz (guitare & chants), Anas Chlih (Ouitar), Foulane Bouhssine (Ribab & violon & chants), se sont confié à Music In Africa sur les motivations à l’origine de la création de Bob Maghrib, sur le travail de remodelage de la musique de Marley qu’ils ont entrepris avec des instruments traditionnels et enfin sur l’accueil que leur réservent les publics du monde avec une telle proposition.
Music In Africa : Vous venez de vous produire pour la première fois à Zanzibar au festival Sauti Za Busara. Vous avez fait un triomphe et le public en redemande. Il vous réserve toujours le même accueil partout ?
Oubiz (guitare et chants) : D’abord on vient de passer une super-bonne soirée. Le festival Sauti est magnifique et le public chaleureux. On aimerait remercier Yusuf de nous avoir invité et aussi l’association marocaine Afrikayna qui œuvre pour la coopération culturelle en Afrique. Sans son aide on ne serait pas la aujourd’hui. Pour répondre à votre question, notre musique est une musique de transe. Elle fait bouger. Ensuite comme Bob Marley est connu mondialement, le public adhere très vite lorsque l’on reprend ses tubes. Partout où l’on passe c’est la même chose.
Music In Africa : Justement pourquoi reprendre Bob Marley ?
Hicham Bajjou (keyboards & chants) : Nous sommes tous fans de Bob Marley. Partout au Maroc, ses chansons sont reprises et en 2011 lors du 30e anniversaire de sa mort, j'ai invité des musiciens déjà leaders de leurs groupes, à créer un collectif afin de lui rendre hommage en utilisant les instruments traditionnels et en travaillant les rythmes et les textes. Chaque membre du collectif a apporté son expérience, ses délires et ses inspirations. Nous y mettons beaucoup de cœur et je crois c’est la raison pour laquelle le public s'y retrouve. Nous étions dernièrement en Égypte, en Belgique, en Allemagne et en France et partout le public nous a bien accueillis.
Music In Africa : Les chansons de Bob Marley comme « Africa Unite », « Get Up Stand Up », « So much trouble » que vous avez jouées entre autres, ont marqué l’engagement de l’icône jamaïcaine. Cet engagement vous le revendiquez aussi ?
Hicham Bajjou : En tant qu’africain, tous ces titres que vous citez, nous parlent et nous revendiquons évidemment leurs contenus. Les messages de Marley sur la liberté, la justice, la générosité, l’entraide et la solidarité sont, non seulement de dimension universelle, mais ils sont audibles encore plus en Afrique. Se lever, se battre pour la prospérité du continent est un devoir.
Music In Africa : Pouvez-vous nous parler en détail de ces instruments traditionnels que vous utilisez ?
Oubiz : Il y a un set de percussions marocaines (tbel, tbilates, bendir) que jouent Bounit Mohamed. Il y a le guimbri, sorte de basse traditionnelle que jouent les gnaouas du Maroc, et la ghaïta un instrument à vent rappelant le hautbois que joue Mehdi Nassouli. Nous avons ce qu’on appelle le Ribab, un instrument monocorde typique de la région berbère du sud du Maroc, et le violon que joue Foulane Bouhssine. Puis nous avons l'Ouitar, un instrument à cordes de la région du moyen Atlas que joue Anas Chlih et le ney que joue Hicham. Enfin, il y a la batterie avec Ibrahim Terkemani. Bien sûr sans oublier votre serviteur Oubiz à la guitare et aux chants (rires).
Music In Africa : Comment définiriez-vous votre musique ?
Hicham Bajjou : Le collectif Bob Maghrib est une résidence, une expérience entre le reggae et la musique traditionnelle marocaine et africaine. Il s’agissait de marier deux cultures qui avaient finalement la même origine africaine. C’est aussi un défi, un challenge par rapport aux instruments traditionnels marocains. Nous avons réajusté certains de ces instruments afin de les rendre plus performants tout en gardant leur originalité.
Music In Africa : Un album est-il en vue ?
Hicham Bajjou : Oui après l’hommage à Bob Marley, on prépare un nouvel album. Par contre, il sera consacré à nos propres compositions. Nous avons envie aussi de montrer une autre facette de ce que l’on sait faire. En gardant notre son et notre diversité, on aimerait expérimenter d’autres genres de musique, sans oublier le reggae qui nous a rassemblés.
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