Coco Jean, « The best DJ in town »
Jean Latyr Senghor, plus connu sous le nom de Coco Jean (lire Gin), est l'un des animateurs les plus talentueux du Sénégal. Sa carrière d'animateur qu'il continue de faire valoir sur King FM de Youssou N'Dour, a connu son apogée à radio Nostalgie, sur une émission désormais légendaire « Juke Box International » dont des séquences sont restées cultes ; « Coucher de soleil (Slowjamz) », « JDM (journal de la musique) », « Juke box Mixshow », etc.
À l'occasion de la journée internationale de la radio le 13 février dernier, nous sommes allés à la découverte de ce « fournisseur d'émotions », qui durant des années a fait « voyager » des millions de jeunes Sénégalais épris de bonne musique. Portrait de celui qui fut et reste probablement, « The best DJ in town »...
La radio et Coco Jean, c'est une très longue histoire qui débute dans le Maryland aux États-Unis où il grandi : « Enfant, j’étais fasciné par les animateurs radio, surtout la manière dont les DJ se posaient sur les intro des chansons ».
Le jeune Jean Latyr fait ses premières armes d'abord à l'école : « Au lycée, on avait une radio et à la pause, les élèves s'essayaient à l'animation. Nous les black de l’école on n'était jamais d’accord avec la programmation ».
« J'étais le plus petit de l'école et le plus turbulent, toujours à bavarder et à faire des histoires ; je ne passais pas inaperçu. Quand l'école a voulu pendre un animateur black, tout le monde a donné mon nom. C'est ainsi que j'ai fait mes premiers pas en tant qu'animateur » confie-t-il avec un petit sourire.
Après le bac, Jean Latyr fréquente la Howard university Radio (WHUR) à Washington DC et parfait ses connaissances techniques. Sa formation terminée, Il débarque en Afrique. D'abord au Burkina Faso sur Horizon FM où il officiera 5 ans.
En novembre 94, il atterrit dans la capitale sénégalaise, recruté par la première radio privée du pays, Sud FM. il n'y passe que six mois. En effet, très vite repéré, il sera débauché par Nostalgie/Abidjan pour un nouveau projet, Nostalgie/Dakar.
Ainsi, démarre son histoire avec cette radio et la mythique émission « Juke Box International » en 1995. Avec son directeur Français Paul Saviotte, Nostalgie va décoller avec des émissions-références dont tous animateurs deviendront célèbres.
« Juke Box International », avec à la baguette Coco Jean sera durant de très nombreuses années l'émission phare. La stratégie qui cible les jeunes avec une musique urbaine fonctionne à merveille. « JBl » devient l'émission à ne pas manquer pour tous les mélomanes. Radio Nostalgie devient très tendance et revendique pas moins de 3 millions d'auditeurs.
Beaucoup de jingles de « JBl » sont restées dans les mémoires, « Jukebox when it comes to music .. nobody does it better ». L'autre jingle marquant fut aussi celui qui finira par coller à Coco Jean comme son blaze ; « The best DJ in town » (prononcé avec un accent à nul autre pareil).
Pour beaucoup, Coco Jean est l'un des animateurs les plus brillants de la bande FM. Quand on évoque cette reconnaissance, c'est avec fierté et retenue qu'il en parle :
« Il y a un grand sentiment de satisfaction quand tu es reconnu par tes pairs et le public mais je continue de travailler pour donner encore plus à mon auditoire »
Mais alors quels sont les ingrédients pour une animation musicale réussie ? Coco explique : « Pour réussir une bonne émission, il faut la préparer. Une émission se prépare, elle ne s’improvise pas, même l’improvisation est préparée d’une façon ou d'une autre ».
Il ajoute : « Il faut aussi avoir un contenu adapté, promouvoir les artistes et non pas essayer de les détruire. Il est important d'avoir un état d'esprit positif. Il faut aussi une bonne programmation car il ne s'agit pas seulement de jouer de façon aléatoire les morceaux sur ton ordinateur. Ensuite, il faut une bonne rotation des chansons pour assurer un certain équilibre ».
Son jugement sur l'animation musicale telle qu'elle est faite actuellement au Sénégal est sérieuse. « L’animation au Sénégal a beaucoup de problèmes pour une seule et unique raison : il y a trop de radios et pas assez de bons animateurs ».
Pour Coco Jean, la formation est essentielle, il faudrait former les animateurs car la diction, la maitrise de la voix, l'articulation, l’improvisation, bref l'animation s'apprend. « Si tes animateurs ne font pas de bonnes émissions, comment vas-tu attitrer les annonceurs ? Organiser un jeu à la radio ça s’apprend ! prendre un auditeur en direct ça s’apprend ! ». Son avis est tranché sur le sujet :
« Parler, tous les animateurs savent le faire, mais quand il faut se taire, non... ! Il nous faut former nos animateurs, une radio c’est dangereux dans les mains d’amateurs »
Jean Latyr explique également qu'au Sénégal, les animateurs les plus célèbres n'ont pas forcément eu de formation et sont conscients du fait qu’ils leur manquent des choses ; ils cherchent par conséquent à se former sur le tas.
C'est dans cette optique que lui offre des cours de formation de radio pour débutants et « pro » pour garder le niveau.
Toujours pour lui, il est également essentiel de continuer d'apprendre ; les bouleversements technologiques l'imposent, même s'il les voit d'un bon oeil ces changements : « la radio a encore sa place, elle reste le seul média à pénétrer partout, Il faudra juste s'adapter » rassure-t-il.
Aux jeunes qui veulent embrasser ce métier, Coco Jean conseille de se former d'abord, de beaucoup lire aussi, d'avoir un but, pas juste se dire « Je veux être animateur », mais chercher à devenir plus qu'un animateur, une personnalité radio, un maitre de cérémonie courru, un vrai acteur culturel qui compte briller sur la scène musicale nationale voire continentale...
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