Entretien avec Ade Bantu
De son vrai nom Adegoke Odukoya, et populairement connu sous le nom de Ade Bantu, Ade est un artiste très présent sur la scène africaine et occidentale. Il y occupe une place importante et contribue à sa manière au rayonnement de la musique et de la culture africaine. Sa musique est une fusion éclectique de la richesse du patrimoine culturel des Yorubas et les sons de la diaspora africaine.
Il est le fondateur de Afropolitan Vibes, une plateforme qui aide et encourage les artistes, et qui permet au public nigérian de revivre la scène de la musique live au Nigéria. Iconoclaste et très engagé pour la cause des artistes fragilisés en Afrique, l’Ambassadeur Artwatch Africa, producteur, chanteur, compositeur et activiste que nous avons rencontré dernièrement à Yaoundé lors d’un important sommet réunissant des professionnels de la musique et avec qui nous avons eu un entretien nous parle ici de son engagement en tant que activiste culturel défenseur des droits des artistes, et fils du continent fier de l’être. Voici en intégralité l’échange intéressant.
Ade Présentez-vous aux lecteurs camerounais s’il vous plait.
Mon nom est Ade Bantu. Je suis un musicien nigérian-allemand basé à Lagos. Je suis membre de la 13 pièce band Bantu et le fondateur de la série de concerts mensuels Afropolitan Vibes qui se trouve à Freedom Park, une ancienne prison coloniale au cœur de Lagos.
Où vivez-vous actuellement en Allemagne ou au Nigéria ?
Je vis actuellement à Lagos, Nigeria. Je suis de retour d'Allemagne depuis 6 ans.
Quelle est la particularité de votre music? Hip hop, country, World music ?
Ma musique est le reflet de qui je suis comme un Afropolitain. Son style Hiphop, Fuji Musique, Highlife, Afrobeat, Soul ... Pour être honnête, je n’aime pas les boîtes, hashtags ou autres catégories, je pense que s’est une idée occidentale dépassée, qui ne reflète pas la complexité et la beauté de l'expérience africaine urbaine.
Vous êtes artiste, producteur, activiste culturel. Vous avez choisi le couloir d’être artiste engagé quelles ont été vos motivations ?
J’ai grandi dans un foyer où on m'a encouragé à parler et à contester et je suis à l'aise avec. Pendant mes années de formations, j’ai appris à être vocal et actif. Cette informé qui je suis aujourd'hui. Je suis privilégié d'être en mesure d'appeler deux continents ma maison. Je prends le meilleur des deux mondes et afin d’engager mon environnement immédiat.
Nous avons lu dans un journal de l’occident que vous vous affirmez d’abord Yoruba, ensuite africain, ensuite nigérian, et pour terminer allemand, pourquoi ce repli sur sa racine ?
Dans le contexte d'une identité spirituelle, je m’identifier fortement comme Yoruba du monde de l'Ifa. J’aime sa flexibilité et son adaptabilité. C’est une identité qui n’est pas statique.
Avez-vous été déçu par l’Europe ?
Pas du tout. Je garde à l'esprit que je suis aussi Allemand et j’ai vécu et travaillé activement en Allemagne depuis plus de 20 ans. J’ai vu le mur qui divisait l'Est et l'Ouest Allemagne tomber, je fus témoin d'une Europe unifiée, un système monétaire unique, j’y ai vécu les défis et les triomphes. Le bon, le mauvais et le très laid mais je n'ai jamais abandonné l'espoir de mon peuple. L'Europe est aussi ce qui inspire ma vision d'une Afrique unie.
On vous a vu récemment au Cameroun au coté de Music In Africa, et à côté de ça, vous étiez panéliste à la 5ème conférence sur l’économie africaine à Yaoundé, pourquoi cet engagement pour l’économie créative en Afrique ?
Je crois que la créativité est l'une de nos plus grandes ressources. Le plus grand défi a été de savoir comment monétiser et comment protéger nos intérêts individuels et collectifs. En venant ensemble, partager nos histoires et de former des alliances panafricaines nous avons une meilleure chance d'améliorer et de transformer la situation actuelle.
Quel pensez-vous de l’impulsion des industries créatives dans la vie économique des états africains ?
L'industrie de la création pourrait être une source majeure de revenus non seulement pour les praticiens de l'art, mais aussi pour l'état. Le manque de structure et le rythme d'escargot à laquelle les lois de propriété intellectuelle sont mis en œuvre est ce qui étouffe la croissance et le progrès économique.
En tant que artiste producteur, que faites vous pour impacter cette nouvelle vision d’une Afrique bénéficiant de ses retombées culturelles dans votre pays respectif ?
Il est passionnant de voir comment une nouvelle génération d'artistes pop africains forme leur propre identité musicale unique avec beaucoup de butin et de l'attitude. Il est rafraîchissant et prometteur. Ce qui est important pour moi cependant, c’est de veiller à ce qu’il puisse avoir un équilibre, une sorte de comptoir de la culture alternative, où les musiciens peuvent expérimenter et trouver leur propre voix sans la pression du succès commercial instantané. Voilà pourquoi j’ai fondé Afropolitain Vibes pour aider à encourager les artistes ainsi que revivre la scène de la musique live au Nigeria.
Vous êtes ambassadeur Artwatch Africa pour la défense des droits des artistes en Afrique, quels sont les obstacles que vous rencontrez au quotidien dans l’exercice de votre mission ?
Au Nigeria, d'où je viens, la plupart des artistes ne sont pas conscients de leurs droits. La dépendance à l'égard des personnes morales et les aboutissants de la main du gouvernement a conduit à un grand nombre de musiciens qui vont emprunté la seule voie c'est-à-dire la dimension de la table sans aborder les luttes de masse. Aussi le traumatisme de 40 années de régime militaire brutal a conduit à un type d'auto-censure intériorisée.
Avez-vous déjà été victime d’une injustice en tant que artiste engagé et activiste culturel dans votre région ?
Je ne l'ai jamais été emprisonné ou directement sanctionné pour mon travail politique ou mes chansons. Je ne me suis jamais dérobé à un acte quelconque. Si je sens que je dois répondre à une question, je réponds comme je viens comme viens de le faire.
Des projets pour le Cameroun ? À quand un concert dans notre pays pour les mélomanes camerounais ?
Je prévois de venir performer au Cameroun l'année prochaine. Nous travaillons actuellement sur la logistique.
Merci Ade Bantu pour le temps que vous nous avez consacrez en répondant à nos questions et au plaisir de vous revoir au Cameroun.
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