FInAB : l’art, l’atout du Bénin pour mieux se vendre à l’international
Enjeu économique majeur pour le pays, la promotion des arts béninois à l'international s’intensifie de plus en plus. Création de ponts entre les différentes communautés artistiques, coopération avec des pays partenaires, mise en avant des artistes béninois à l'étranger…
Les initiatives publiques comme privées - le Festival International des Arts du Bénin (FInAB) en exemple - se sont multipliées ces dernières années. Le régime béninois semble avoir misé une grosse fortune sur sa politique culturelle pour mieux se vendre à l’international.
Le Bénin s’attèle à de grands chantiers : valoriser sa culture et sa créativité pour attirer touristes et investisseurs étrangers, développer les exportations d'œuvres d'art et faire rayonner les artistes du pays sur la scène internationale. Il s’agit pour ce pays situé en Afrique de l’Ouest, de matérialiser sa volonté de redonner vie à un art béninois longtemps laissé pour compte mais aujourd’hui plus que jamais au centre de la politique de développement.
Entre festivals novateurs, expositions d’œuvres d’hier et d’aujourd’hui, concerts, constructions d'édifices, l’art de l’ex-Dahomey tente d’entamer une nouvelle ère, celle d'une renaissance culturelle du Bénin. Et comme l’a dit Jean-Michel Abimbola, ministre du tourisme, de la culture et des arts dans une interview accordée à un média international en 2020, « le Bénin n’a pas d’or, mais il peut se prévaloir d’une grande richesse culturelle ».
L’engouement de la diaspora africaine qu’a créé le retour au bercail des œuvres artistiques historiques en 2021 témoigne de l’intérêt que peut susciter l’art béninois à l’extérieur. La seule question qui demeure est : quels dispositifs mettre en œuvre pour rendre pérenne une promotion effective de l’art béninois à l’international ?
Le FinAB comme solution pour apporter de la visibilité aux artistes nationaux sur la scène internationale
Networking, expositions, performances d’artistes, ateliers, conférences, foires, salons d'art,… Dans la panoplie des actions à mener pour mettre en lumière le talent béninois, le Festival International des Arts du Bénin (FInAB) porte l’ambition de devenir le plus grand événement de promotion des arts béninois sur le continent africain. La première édition de cet événement d’envergure se tiendra du 14 au 19 février 2023 dans les grandes mégalopoles du Bénin à savoir Cotonou, Ouidah et évidemment dans la capitale Porto-Novo.
Ainsi, faut-il s’attendre à admirer plusieurs centaines d’œuvres d’artistes béninois et internationaux dans le marché d’art TOKP’ART (qui fait un clin d’œil subtil au plus grand marché du Bénin et en Afrique de l’Ouest : Dantokpa) qui se tiendra pendant le festival.
Le concept est introduit par le groupe Empire qui a une cellule dédiée à l’organisation d’évènements de tous types. À en croire Ulrich Adjovi, promoteur du festival, « le FInAB sera un pôle d’attraction supplémentaire pour le développement du pays . On n’a pas d’or ou de pétrole à vendre, mais notre culture peut attirer les touristes et avoir un impact économique positif sur le pays.» Et d’ajouter: « Un touriste qui s’intéresse à l’art peut choisir de venir pour cet évènement et rencontrer en quelques jours la grande majorité des artistes et créateurs béninois. »
Sur l’enjeu du FInAB, l’homme d’affaires béninois dont la société est leader sur le segment événementiel est persuadé que ce festival de 6 jours qui réunira des professionnels de tous horizons, sera un tremplin qui permettra aux artistes béninois de se hisser sur la scène internationale: « Nous leur donnons l'opportunité de montrer leur talent au monde entier et de se faire connaître en dehors de nos frontières», explique-t-il.
Effectivement, de nombreux acteurs du monde du spectacle béninois et africains sont attendus pour réaliser des performances live qui égayeront chaque journée du FInAB. La participation d’artistes africains connus sur la scène internationale à l’instar d’Alphadi et Barthelemy Toguo, pour ne citer que ceux-là, rehaussera l’éclat de cet évènement majeur. Le célèbre designer d’origine guinéenne réalisera une performance inédite mélangeant arts plastiques et mode.
Derrière la coordination des activités du FInAB, une figure bien connue et appréciée du show-biz béninois : Aristide Agondanou. Selon le promoteur d’artistes dont l’incontournable Sagbohan Danialou, ce festival revêt un caractère inédit. Il jouera, dans les années à venir, un rôle-clé dans la promotion des arts béninois à l'international. « Le FInAB va créer à coup sûr un espace de networking pour les artistes béninois et les professionnels internationaux, pour favoriser des rencontres et des échanges qui peuvent déboucher sur des collaborations ou des projets futurs», assure-t-il.
Diplomatie et coopération culturelles
Le Royaume du Maroc, qui organise depuis plusieurs décennies déjà le Festival National des Arts Populaires de Marrakech, est le grand invité de cette première édition du FInAB, avec une délégation composée de plus d’une vingtaine d’artistes musiciens et plasticiens qui seront présents sur toute la durée du festival.
Depuis la signature, en mars 1991, de l'accord de coopération économique, scientifique, technique et culturelle portant création de la grande commission mixte de coopération bénino-marocaine, le Royaume du Maroc a accordé au Bénin des subventions destinées à financer plusieurs projets de développement culturel.
En mars 2019, les gouvernements béninois et marocain ont renforcé le cadre juridique régissant leur coopération bilatérale par une signature, à Marrakech, d'une série d'accords dans plusieurs domaines, notamment celui du développement culturel entre les deux pays.
Il était important pour le Bénin d’accentuer ses efforts sur l’axe que constitue la coopération culturelle et diplomatique, comme ce fut le cas lors de la restitution par la France des œuvres d’art.
Pour tout mettre en musique, Ulrich Adjovi ajoutera qu’en dehors de l’évènementiel, l’art béninois a besoin de partenariats avec des acteurs privés tels que les galeries d'art, les mécènes et les organisateurs d'événements artistiques. «Cela aidera les artistes béninois à accéder aux marchés internationaux.Tel est l’un des objectifs du FiNAB d'ailleurs », déclare-t-il.
Ceteris paribus, avec la volonté politique affichée, des acteurs privés déterminés, l’art béninois n’a-t-il pas de beaux jours devant lui ?
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