Iboz : « le coronavirus ne tuera pas la création »
Très en vue ces derniers temps avec son single « Diéguéma » qui a été diffusé par plusieurs médias africains et qui est actuellement en promotion en France, Iboz a accepté depuis Paris (France), de répondre à quelques questions de notre rédaction.
Bonjour Iboz. Pourrais-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?
Bonjour Jean. Il faut déjà savoir qu'Iboz est un artiste chanteur et auteur- compositeur qui est né à Dakar et a grandi à Thiès, deux villes du Sénégal.
J’ai commencé la musique assez tôt, vers le début des années 2000, au sein du groupe Sukuraat de Thiès, avec lequel j’ai remporté le prix « Espoir » du Festival Hip hop Awards. Avec cette même formation, j’ai représenté le Sénégal au Mali, à l’occasion d’un grand événement musical organisé par Nescafé.
L’aventure Sukuraat fut belle, quoique nous n’enregistrâmes hélas aucun album. C’est en 2009 que j’ai lancé ma carrière solo sous le nom d’Iboz, en m'installant en France.
J’ai enregistré mon tout premier single « Dklé Wolof » en 2010, avec l’aide d’El.Rayan, un chanteur très doué, qui m’a beaucoup aidé avec ses conseils et ses orientations. La complicité si vraie et si naturelle qu’il y a eu entre nous, a sans doute été le tremplin de ma carrière solo.
Comment définis-tu ta musique ?
Je rangerais ma musique dans ce registre que d’aucuns appellent la « world music ». En effet, elle est un panaché de sonorités africaines, avec des rythmes empruntés au reste du monde (latino, italien, reggaeton, funk, etc). Je suis mélomane avant tout, amoureux de la musique sous ses nombreuses manifestations. Pour cela, je n’ai jamais voulu m’enfermer dans un seul genre.
Pour ce qui est du contenu de mes créations, je parle très souvent d’amour car ce sentiment est la base de tout. Dans ma musique, j’essaie d’en diffuser au maximum…
Il m'arrive également d'écrire des textes inspirants, pour inviter les gens autour de moi à prendre confiance en eux à ne rien lâcher quand ils veulent aller jusqu’au bout de leurs rêves.
Quand je suis euphorique, j'écris aussi des chants de fête pour communiquer de la bonne humeur au public.
Ton single « Diéguéma » est actuellement sous les feux de l’actualité. Pourrais-tu nous raconter son histoire ?
Il y a quelques mois, j’étais de passage au Sénégal pour un showcase et pour rendre visite à ma famille ; là, j’ai rencontré un artiste du nom d'Admow et tout de suite le courant est bien passé entre nous. Personnellement, j’accorde beaucoup d’importance au feeling, à cette première impression agréable que peut nous laisser quelqu'un.
Nous sommes donc restés en contact et quand je suis rentré en France, il m’a appelé et suggéré que nous écrivions une chanson ensemble autour de l’expression wolof (langue du Sénégal) « Diéguéma », qui signifie « approche-toi de moi » en français.
J’ai écrit 2 refrains mais j’ai été frappé par le fait que ma fille de moins de 2 ans assimile promptement l'un d'entre eux, qu'elle fredonnait incessamment à la maison. J'ai pensé que celui-là était sûrement le plus hypnotique et nous l’avons gardé.
« Diéguéma » a finalement été produit par le label EGT et il est distribué par ses partenaires dont le prestigieux Universal Music Group. Voilà toute l’histoire qu’il y a derrière cette œuvre !
Avant d’entâmer l’aventure solo Iboz en France, tu as d’abord évolué sur la scène sénégalaise ; comment la trouves-tu aujourd’hui ? Quelle comparaison tu pourrais faire avec la scène française ?
Je note une impressionnante évolution sur la scène sénégalaise et je le dis en toute sincérité.
Les gars abattent un travail extraordinaire et plusieurs structures naissent avec pour objectif d’apporter du nouveau dans le secteur culturel. Je suis très content d’observer ce dynamisme et je pense que tout ne fait que commencer…
En France c’est sûr que le secteur est un peu plus structuré ; tout est déjà en place et ils sont d’une rigueur épatante. Je pense que nous devons leur emprunter cette qualité afin de mieux nous développer au niveau organisationnel.
Le phénomène Covid-19 est en train de révolutionner le business musical. Plus de concerts live et de grandes manifestions physiques, mais des événements en ligne et une pléiade d’initiatives digitales. Comment vis-tu cela ?
Comme tout le monde, je m’adapte. Inutile de rappeler la chance que le digital peut représenter pour nous les créateurs et pour bien d’autres secteurs encore ; on doit tous s’y mettre.
On va s’adapter et trouver les moyens de développer notre business malgré la menace de ce maudit virus. Mais je le crois fermement, le coronavirus ne tuera pas la création et il ne brisera pas nos rêves.
Je reste très optimiste et au fond de moi, je continue d'espérer le retour des grandes manifestations physiques. Les gens pourront de nouveau sortir les week-ends pour assister aux concerts de leurs artistes favoris. Ce n’est qu’une question de temps.
Travailles-tu sur un projet musical en ce moment ?
Oui, je prépare un opus de 6 titres qui prendra la forme d’un EP. Le titre n’a pas encore été choisi et la date de publication est non encore définie. Mais je peux vous rassurer que mon équipe et moi y travaillons résolument. Les œuvres sont presque toutes enregistrées, il reste juste quelques petits ajustements et tout devrait être prêt très prochainement.
Un mot pour la fin Iboz ?
Je voudrais juste appeler ceux qui me liront à croire en eux et à se lever pour accomplir leurs rêves. À tous, j’adresse un message d’union et de solidarité, car nous en avons besoin pour faire face aux défis de ce monde.
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