Imarhan, enfin à l’air libre !
Le Théâtre de l’Aire libre accueille en résidence le groupe Imarhan à St-jacques de la Lande près de Rennes. C’est un événement.
Le concert du 9 mars marque le début d’une nouvelle tournée internationale pour ces artistes de Tamanrasset après deux années soumises aux aléas d’une pandémie mondiale.
Imarhan, c’est le souffle d’une énergie qui oscille entre rythmes dansants, festifs, comme dans ce clip, et des ambiances plus intimistes. Le chant du soliste repris par un chœur d’hommes invite alors à la contemplation d’un ciel nocturne flashé d’étoiles filantes, à la vision hypnotique de l’air glissant en vagues rasantes sur les dunes.
Le 3ème album du groupe, Aboogi, est le premier que les artistes enregistrent chez eux. Il porte le nom du studio d’enregistrement qu’ils ont créé dans leur cité caravanière, Tam, ville emblématique de l’histoire des cultures nomades, promesse d’immensité au cœur des paysages désertiques, encore habités, du Hoggar.
Un premier titre de l’album diffusé fin 2021 donne le ton. « Achinkad » nous plonge dans la poésie d’une langue, le tamasheq, une forme d’épure nostalgique qui dit l’attachement d’une génération à des codes culturels hérités de siècles de nomadisme, de liberté, d’accueil et d’échanges entre différentes régions aujourd’hui fermées par des frontières bien gardées.
« Nous donnons de l’espace au vent et aux énergies naturelles, au soleil, au sable. Nous voulons exprimer leurs couleurs à travers la musique ».
Moussa Ben Abderahmane, alias Sadam, leader d’Imarhan
Imarhan, emblème d’une relève assumée
Il suffit d’ouvrir le très beau livre « Sahara Rocks ! » d’Arnaud Contreras édité à Rennes en 2015 par les Editions de Juillet pour mesurer l’importance et la vitalité d’une musique fortement enracinée, largement écoutée comme un lien plus fort que les barrières, partout dans le désert.
Les musiques du Sahara s’exportent sur toutes les scènes du monde. Les concerts de différents groupes se jouent presque toujours à guichet fermé aux Etats-Unis par exemple. Réunies sous l’appellation Blues ou rock touareg, ces sonorités sont l’étendard d’une génération qui a tracé son propre chemin dans les pas des pionniers : Ali Farka Touré, Tinariwen, ou encore Tamikrest, groupe qui a pris son envol à Kidal il y a 20 ans grâce à la rencontre entre Ousmane Ag Mossa et Pino, l’artiste révélé à l’écran en 2014 par le film aux 7 Césars « Timbuktu » de Abderrahmane Sissako.
Imarhan, crée en 2006, est de ces groupes qui écrivent avec talent une épopée musicale portée par des prises de conscience, des convictions, comme les Filles de l’Illighadad à Agadez, 14h de voiture au sud de Tamanrasset.
Pour sa nouvelle tournée, Imarhan a souhaité partager sur scène à travers quelques chansons l’inspiration de « Japonais », poète de référence décédé le 14 février 2021, figure historique de Tinariwen aux côtés du chanteur Abdallah Ag Alhousseyni, idole indétrônable de la jeune génération au Sahara.
En rendant ainsi hommage aux aînés, c’est toute la ferveur d’une jeunesse en besoin de reconnaissance dans les zones rurales du continent africain qui s’exprime à travers les chants d’Imarhan, des chants qui rappellent que l’essentiel est à chercher ailleurs que dans la course effrénée au succès pré-formaté par l’industrie culturelle.
L’album Aboogi est sorti sur les plateformes depuis le 28 janvier 2022.
Concert le 9 mars
Imarhan - L'Aire Libre (theatre-airelibre.fr)
L'album Aboogi
Nouvel album du groupe de la relève touareg Gruff Rhys (Super Furry Animals), A. Ag Alhousseyni (Tinariwen), M. Ag Atalale aka Japonais et Sulafa Elyas.
Depuis leur premier album (2015), Imarhan s’est imposé comme un emblème de la nouvelle génération touareg en insufflant un vent nouveau à l’Assouf. Désignés comme fils spirtituels de Tinariwen (avec lesquels ils jouent régulièrement), le quintet de Tamanrasset manipule les rites et l’ancestralité de leur culture. En réunissant le poète légendaire Japonais (récemment décédé), le musicien conteur Abdallah Ag Alhousseyni, Imarhan se veut rassembleur. Quand ils enregistrent avec le gallois Gruff Rhys des Super Furry Animals, leur songwriting génial et universel prend ici tout son sens.
En invitant la chanteuse Soudanaise Sulafa Elyas, on comprend qu’Imarhan est ouvert à toute l’Afrique, défenseurs des Touaregs mais surtout porte-parole de la nouvelle génération africaine. On y parle du lien à la nature, de l’oppression, de la jeunesse perdue mais aussi et surtout d’espoir et de lutte sur des riffs de guitare ensablés, des choeurs envoûtants et des paroles en forme de poésie des grands espaces.
Pour écouter l’album
Aboogi | Imarhan (bandcamp.com)
Site web du groupe avec les dates de tournée
imarhan.com
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