Interview ACCES 2024 : Eva Ndumbe, professionelle de la musique et des médias
Eva Ndumbe, professionnelle influente dans le secteur de la musique et des médias au Cameroun, fait partie de la délégation de Création Africa qui participera à ACCES 2024, la conférence musicale phare organisée par Music In Africa à Kigali du 14 au 16 novembre. Ce partenariat réunit plus de 25 professionnels africains et français, offrant ainsi des opportunités uniques de réseautage, de collaboration et de partage d'expertise.
Dans ce contexte, Madame Ndumbe nous livre ses réflexions sur cette alliance stratégique entre ACCES et Création Africa, qui vise à renforcer les capacités des artistes africains, stimuler l'innovation et explorer de nouvelles pistes pour le développement de la musique sur le continent. Elle aborde également les défis et les opportunités apportés par les nouvelles technologies et les plateformes numériques, qui jouent un rôle clé dans l'avenir des artistes africains.
Bonjour Madame Eva Ndumbe. Vous êtes une professionnelle reconnue dans le secteur de la musique et des médias au Cameroun et vous faites partie de la délégation de Création Africa qui participe à la 7e édition de la conférence musicale ACCES. Selon vous, comment la collaboration entre ACCES 2024 et Création Africa pourrait-elle bénéficier aux artistes africains ?
ACCES 2024 et Création Africa vont de pair lorsqu'il s'agit d'offrir une plateforme pour discuter des questions clé de l'industrie musicale par des professionnels. ACCES fournit la plateforme et le programme Création Africa fournit certains des professionnels qui participent à la conférence. Il s'agit d'une formidable opportunité de réseautage, de socialisation, d'échange d'idées et d'apprentissage pour tous ceux qui sont impliqués, d'une manière ou d'une autre, dans l'industrie de la musique sur le continent africain.
Quelles synergies spécifiques espérez-vous tirer de cette alliance pour promouvoir l'innovation dans l'industrie musicale ?
Les synergies peuvent se traduire par une révolution dans les outils, les modèles économiques, la distribution, et même les formats de consommation musicale. Cette alliance pourrait générer des synergies en combinant des technologies avancées (comme l'IA et la réalité virtuelle) avec des stratégies de distribution innovantes. Elle permettrait de favoriser la co-création de nouveaux formats musicaux, d'élargir l'accès à des marchés mondiaux, et de repenser les modèles économiques pour offrir de meilleures opportunités aux artistes tout en répondant aux attentes des consommateurs. Cela renforcerait également l'écosystème créatif en facilitant la collaboration entre artistes, producteurs et plateformes de différents pays.
Vous allez modérer le panel sur les stratégies d'exportation et de développement pour les artistes indépendants africains. Quelles sont vos attentes en tant que modératrice pour ce panel ? Pouvez-vous nous dire les grands axes de ces débats ?
Mes attentes sont de provoquer un échange riche et concret sur les stratégies permettant aux artistes africains de se développer à l’international tout en respectant leur identité culturelle, avec un focus sur l’innovation technologique, la durabilité des modèles économiques, et la coopération internationale. Ces débats devraient offrir des pistes concrètes et des solutions pratiques pour aider les artistes indépendants à atteindre une visibilité globale - toujours gardant en compte que les réalités de chacun sont différent.
Je vais me concentrer sur plusieurs axes essentiels comme la compréhension des défis locaux et globaux, les modèles économiques alternatifs, le développement des partenariats internationaux, l’utilisation des technologies et des médias numériques, le soutien institutionnel et politique et la valorisation de la diversité culturelle.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez en tant que professionnelle de la musique en Afrique ?
Je rencontre plusieurs défis variés, mais je vais citer quelques-uns que je pense sont des obstacles principaux. Accès au financement, la protection des droits d’auteur, le déficit de formation et de professionnalisation, difficulté d’adaptation aux normes et attentes des marchés internationaux du a la méconnaissance des spécificités culturelles.
Comment percevez-vous l'impact des plateformes numériques sur la carrière des artistes indépendants africains ?
Je perçois l’impact des plateformes numériques comme un atout positif dans la carrière des artistes indépendants africains. Les plateformes ont permis aux artistes d’atteindre un public global sans l’intermédiation des labels ou des distributeurs traditionnels. Il y a aussi l’aspect d’autonomisation et indépendance créative ou l’artiste peut contrôler la diffusion de son travail, ses revenus, son image sans dépendre de qui que ce soit. Il y aussi la connexion directe entre les artistes africains et leur public à l’échelle mondiale. Ceci est grâce à la diaspora africaine qui est très présente sur les plateformes numériques et joue un rôle important dans la diffusion de la culture africaine à travers le monde. Les tendances musicales africaines, grâce aux plateformes numériques, se sont vulgarisé dans d’autres régions du monde et ceci offre des nouvelles opportunités commerciales et créatives pour les artistes africains.
Bien que les plateformes numériques aient un impact positif, nous ne pouvons pas ignorer quelques défis comme la saturation du marché qui peut affecter la visibilité de l’œuvre de l’artiste, accès à Internet dans certaines zones du continent africain, le coût d’Internet, les plateformes qui prennent une part significative des revenus qui peut limiter l’autonomie économique des artistes, etc.
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