Keyti : « le rap reste ma plus grande passion »
Pour un rappeur, la « street crediblity » est un baromètre pour se jauger et jauger l'impact qu'on a sur le public. Rares sont les artistes qui peuvent associer « street crediblity » et réussite, car avec le succès beaucoup perdent de leur âme. Keyti, lui, a non seulement le respect de la rue, mais aussi de ses pairs, sans cesser, pour autant de gravir les échelons. Je l'ai rencontré lors d'un débat sur la culture urbaine à Munich en Allemagne, et nous avons pu échanger un peu. Entretien.
Bonjour Keyti. Tu es là dans le cadre d’un projet d’échange culturel à Munich. Parle-nous un peu de ton implication dans ce projet.
Bonjour. Je suis impliqué dans le projet Dox Dajé en tant qu’artiste. Je participe donc à la création de nouveaux titres avec Matador, P.P.S, Dj Gee Bayss et Ciré en plus de mes titres que je vais jouer sur scène.
Quel est selon toi l’intérêt de ce genre d’échange ?
Il est clair qu’il y a toujours un intérêt à participer à ce genre de projet. On en apprend beaucoup. Des autres d’abord mais aussi sur soi. Etant tous des artistes solos, une autte méthode de travail s’impose et on prend plus en compte l’avis des autres. Il y a de l’ouverture à d’autres idées.
Tu connais assez bien le hip-hop allemand quel est selon toi son niveau et que pourriez-vous apprendre d’eux et eux de vous ?
On ne parle pas assez du rap allemand en dehors de l’Allemagne mais c’est l’un des plus dévéloppés au monde et la scène locale bouge beaucoup avec de grands artistes comme Samy Deluxe, Bushido et autres… Ils ont aussi un énorme marché qui permet aux artistes locaux de réaliser de grosses ventes et un circuit de concerts et festivals qui fait qu’ils peuvent s’autosuffire de leur propre marché. Cependant, j’ai l’impréssion que contrairement à la première génération de rappeurs allemands qui tenait à se démarquer du rap américain, j’ai le sentiment que la nouvelle cherche de plus en plus à s’identifier à celui-là dans les thèmes et la démarche artistique. Du coup, il y a comme une sorte de désintérêt du public allemand face au rap de cette génération je crois.
Vous allez partager la scène avec un groupe allemand très célèbre, que peux-tu nous dire d’eux ?
Initialement nous pensions que les rappeurs de Blumentopf et Main Konzept seraient plus impliqués dans le projet à Munich. Blumentopf sont malheuereusement en tournée à l’heure actuelle et seul Cajus a pu se libérer et travailler sur un son avec nous. David de Main Konzept aussi n’a pu se libérer et du coup le projet se retouve presque sénégalo-sénégalais. Ce qui est très dommage
Tu connais aussi bien Music In Africa qui sponsorise ce grand événement très attendu des munichois. Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce portail quel message leur lancerais-tu pour les inciter à le visiter ?
Ben, je leur dirais simplement que l’info sur MIA est fiable et couvre pour une fois toute l’actualité de la musique africaine. Nous savons tous à quel point il était difficile de s’informer sur la musique du continent mais pour une fois, ce gap est entrain d’être comblé par MIA.
En dehors de la scène il y a une discussion qui a pour thème « Art Urbain sénégalais et Culture » qui va se tenir et auquel tu participeras. Pourrais-tu nous en dire un peu plus à la lumière de l’actualité avec certains membres de Y En A Marre arrêtés en RDC ?
La réflexion sur la musique africaine et sénégalaise en particulier ne s’arrêtera presque jamais parce plus que de la musique, elle transporte aujourd’hui les aspirations de millions de personnes vivant sur le continent ou pas. Depuis quelques années, une nouvelle dynamique citoyenne est engagée par plusieurs mouvements initiés par des artistes (Y En A MArre au Sénégal, Balai Citoyen au Burkina ou encore Filimbi en RDC) et cette dynamique est entrain de changer les enjeux de la musique africaine. Donc il est important d’en discuter avec un regard objectif afin qu’elle ne soit pas vue simplement sous le prisme des médias locaux partisans ou internationaux avec leurs intérêts propres.
Revenons un peu sur toi et ton actualité. Tes fans attendent toujours un album mais tu ne parais pas trop préssé et en plus tu as pas mal de projets en cours: le JTR, Dox Dadje, etc. Dans quelques semaines aussi tu devrais jouer à Paris…
Oui, cela fait très longtemps que je n’ai pas mis d’album sur le marché. Cela est dû en partie aux fortes mutations du marché au Sénégal et dans le monde qui font qu’ils est quasiment difficile d’investir et de retrouver ne serait-ce que son investissement. D’autre part, même les prestations se font dans des conditions hyper difficiles et toute l’industrie se retrouve complétement déstructuré. Néanmoins, je me motive à sortir quelque chose car malgré tout cela le rap reste ma plus grande passion et me retrouver en studio à créer reste un acte naturel pour moi.
Dernière question: Tu as été invité à la Maison-Blanche il y a quelques semaines, de quoi s’agissait-il?
J’ai moi-même été surpris par cette invitation mais cela a à voir avec mon travail avec le Journal Rappé ainsi que toutes mes autres activités d’éducation entreprises par exemple avec Africulturban. L’invitation rentrait dans le cadre du White House Summit To Counter Violent Terrorism et ils cherchaient des profils de gens qui travaillent avec les jeunes afin de mieux appréhender la question du recrutement des jeunes par les groupes radicaux particulièrement à travers les réseaux sociaux.
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