L’industrie du disque en Gambie

5 nov 2015 - 11:16

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Ce texte offre un aperçu de l’industrie du disque en Gambie et son histoire. Des exemples de studios d’enregistrement et labels actuels sont également mentionnés.

L’enregistrement musical a débuté en Gambie au début des années 60. On enregistrait les performances live sur Radio Gambia, l’institution responsable d’enregistrer la musique pour le divertissement du public ; il n’y avait pas de studios d’enregistrement à l’époque, les ingénieurs de Radio Gambia convertissaient occasionnellement les salles de rédaction en studios où ils enregistraient beaucoup de groupes pour de la radiodiffusion. La plupart de ces premiers enregistrements étaient de la musique traditionnelle de griots, en particulier les joueurs de kora et de balafon, les percussionnistes et chanteurs tels que Jali Nyama Suso, Lalo Kebba Drammeh, Alhaji Bai Conte, Bana Kanute et Amadou Banang Jobarteh.

Le Block Entertainment Music Group

Le premier musicien gambien à avoir sortir un disque vinyle est la chanteuse Vicky Blain dont la musique était enregistrée et distribuée à travers l’Europe au début des années 60 par Philips Record. Le deuxième artiste gambien à sortir un LP était Laba Sosseh, un membre du Superstar de Dakar, basé à Abidjan en Côte d’Ivoire. Le groupe est ensuite devenu l’International Band de Dakar avec le chanteur Pape Fall et Liwanza. Liwanza et Sosseh ont été enregistré par le producteur local Aboudou Lassissi en 1977 ; Lassissi a ensuite envoyé Sosseh à New York où il s’impliqua dans la scène montante de la salsa et où il a enregistré une série de LP intitulés Salsa Africana dirigé par le sonero cubain Montiguo ‘El Unico’.

Au début des années 60, il y avait deux orchestres en compétition pour le rôle ‘d’Orchestre Nationale’ pour jouer lors des fêtes nationales et lors du bal présidentiel annuel. C’était les Super Eagles et les Fabulous Eagles. Le groupe des Super Eagles a émergé en tant que pionniers de la musique gambienne populaire dans la région de la Sénégambie à la fin des années 60 et les années 70 offrant un mélange d’airs afro-cubains, pop, soul, bluebeat, de rumba congolaise, highlife et de ndagga. Les premiers singles comprennent ‘Sock it to e’, ‘Paradise on Earth’, ‘Mandal ly’ et ‘Bara Touray’. A la fin des années 60, les Super Eagles ont sorti un album de 15 chansons intitulé Viva Super Eagles sur le label anglais Decca.

D’autres grands musiciens gambiens à avoir sorti plusieurs albums internationaux comprennent Oussu Njie Senor, Paps Touray, le Soto Koto Band, Foday Musa Suso, Ifang Bondi, Abdel Kabirr Jaliba Kuyatehh et Musa Ngum.

Les studios d’enregistrement

Aujourd’hui, Yellowgate Studios est le plus grand studio d’enregistrement professionnel en Gambie. Il est détenu et opéré par l’artiste et producteur Elie Nachif. Le studio a été créée en 1993 et est devenu le plus grand studio d’enregistrement commercial en Gambie travaillant avec de nombreux artistes comme le vétéran Ousou Njie Senor sur de la composition, instrumentation, arrangement, enregistrement, ingénierie, mixage et mastérisation. [i]

Xalam Studio est opéré par Omar Traoré communément connu sous le nom de ‘Tra’, un musicien et joueur de piano pour le groupe de jazz Baatin. Xalam Studio fait en ce moment la plupart des projets d’enregistrement et les bandes sons pour les émissions de télévision. ‘Tra’ produit également des projets d’enregistrements spéciaux que les musiciens utilisent pour sensibiliser la population gambienne tels qu’« Ebola Free Gambia » et « No Back Way to Europe ». Le studio a récemment sorti les singles des musiciens gambiens populaires tels que Jalex, Diha, Killa Ace, Badibunka, Singateh et Egalitarian parmi d’autres.

Sunland Music Studio était détenu et opéré par Hakim Samahdi, un africain-américain connu sous le pseudonyme ‘Hak’ un ancien membre du groupe américain The Boys. Le studio est connu pour avoir enregistré des artistes tels que Gee, E Nyassi et Jali Madi. Sunland Studios a aussi enregistré pour des artistes sénégalais populaires tels que la chanteuse sénégalaise Vivian. Malheureusement, Sundland a fermé en 2013 après avoir été victime d’un braquage et Hakim quitta le pays.[ii] Un autre Sunland Studio, appelé Sunland B, a été reouvert et géré par le frère d’Hakim, Bilal[iii].

Hakim est rentré en Gambie et l’original Sunland Music opère toujours. Hakim est désormais le vice-président de la récemment créée Gambia Association of Producers and Promoters (GAMPP). Sunland Music a sponsorisé et organisé un atelier pour des artistes et producteurs gambiens le 18 mai 2014. Entre 2014 et 2015, Hakim et son label Sunland Music ont sorti une série de tubes radio et vidéo. Plus récemment, il a enregistré avec des artistes nigérians comme le populaire Wizkid et Spotless avec qui il a composé le hit ’Olelele Mama’.

Ghetto Boys Studio est un petit studio d’enregistrement avec du matériel d’enregistrement relativement simple mais qui a réussi à produire une série des tubes parmi les plus populaires de Gambie. Le studio appartient à par Nova Sambou, un des artistes gambiens les plus joués à la radio ces dernieres années et le créateur de ‘Afro wave ‘, un nouveau genre de musique électronique populaire auprès des jeunes. Sur son album Ladies Rhythm en 2013 il a inclut les plus grands musiciens gambiens (tels que Cess Ngum, Magnificent Joe, GFaal, Martin Lyrix King, Humzy, Ruggie, Nancy Nanz et Papa Jams) ; Cet album a été fort diffusé sur les chaines radio et la télévision gambienne (et est à l’origine de beaucoup de sonneries de téléphone) avec des tubes tels que ‘You are my Hero’, ‘Big Belly Man’ et ‘Shadow Ghettoboys’[iv].

Les enregistrements à domicile ou privés sont fréquents en Gambie. Ce sont des studios établis par des artistes qui désirent enregistrer des démos dans un environnement plus abordable. L’équipement fréquemment utilisé comprend un ordinateur avec un logiciel Cubase, une boîte à rythme, un mélangeur à 8 chaines, des enceintes et un microphone. Ces studios n’ont pas la capacité de mixer, d’éditer ou de mastériser les albums. Seulement quelques-uns ont pu sortir des albums entiers enregistrés dans ces studios et la qualité des enregistrements ne peut pas tout le temps garantir une qualité pouvant passer à la radio.

Les maisons de disques

Au-delà de Sunland Music et Ghetto Boys, d’autres labels indépendants en Gambie comprennent le Block Entertainment Music Group initié par Mohammed Kah aussi connu sous son nom de rappeur Mo-Hawk des Da Fugitivz’s Crew. Le studio d’enregistrement du label est situé dans la zone Bakau/Pipeline aux alentours de Banjul. Mo-Hawk a rassemblé des musiciens talentueux tels que le pianiste Alhaji Leigh, le joueur de Kora Jabel, Big Faa, Alpha Yaya, MC Mbaye et d’autres pour créer un son unique de hip hop local en langue wolof.

Le studio Block Entertainment est un lieu où les artistes passent leur temps à écrire et enregistrer avec le célèbre label. Le studio est géré par Kutubo qui est aussi manager d’artistes et promoteur du label[v].

Shy Boy Entertainment est un label à prédominance reggae/dancehall. Ils ont produits dans leur studio un catalogue de musiciens en devenir tels que T Smallz, Silky Criss, Papa Lengthy, Lady Lena, Artenola et ont récemment sorti de jeunes artistes afro-mandingues tels que Manding Mory, Badibunka, Bro K et Dro Kylah. Ce studio a été fondé en 2009 par Hanson (aussi surnommé Alhassan Jallow) qui a étudié la production musicale à Londres avant de rentrer en Gambie. En Mars 2015 il fut nommé meilleur studio aux Gambia Music Awards.[vi]

D’autres petites maisons de disques ou studios d’enregistrement en Gambie comprennent Must Stop Records, Dave Mobile Disco, Ndaanbi Studios, Smiling Coast Recordings of the Pepper House Crew[vii] ; Joluv Arts[viii] et Music-O Records[ix].

Conclusion

Malgré le nombre croissant de studios d’enregistrements en Gambie, l’industrie du disque locale est toujours confrontée à des obstacles. Cette industrie dont certains disent qu’elle est inexistante en Gambie, a besoin de vraies structures pour son développement. Même si un grand nombre de jeunes choisit la musique comme carrière, ces derniers manquent les moyens et la formation nécessaire pour produire de la musique de qualité, et en particulier pour les marchés internationaux. Ceci souligne le besoin cité ci-haut d’établir une académie de musique en Gambie pour équiper les talents en herbes des outils nécessaires au développement de leur carrière.

Pour confronter ces obstacles, le Conseil National des Arts et de la Culture (NCAC) est un projet gouvernemental chapeauté par le Ministère de la Culture et du Tourisme. Il est responsable du recensement des artistes, d’organiser des évènements musicaux nationaux et de former les entités nécessaires telles qu’un bureau des droits d’auteur, un syndicat musical, et une société collective ; Cette structure sera nécessaire pour superviser et promouvoir la croissance de l’industrie locale et le bien-être des artistes.