La montée du Zim-Dancehall
Par Kumbie Shoniwa
Le Zim-Dancehall doit ses origines à la musique de reggae jamaïcain qui est devenu populaire au Zimbabwe suite à la performance mémorable de Bob Marley à l'occasion de l'indépendance en 1980. Les visites ultérieures d'autres artistes de reggae tels que UB40 (en 1984), Shabba Ranks (en 1993), Sizzla Kalonji (en 2010) et Capleton (en 2010), entre autres, ont conduit bon nombre de personnes à s'intéresser à ce genre musical comme en témoigne l'affluence massive des spectateurs lors des concerts. Dans les années 90, les artistes locaux, tels que Major E, Booker T et Potato, se mirent à chanter leur propre version de la variante dancehall du reggae, et se sont faits des fans avec leur lyrisme semblable à celui des jamaïcains.
Cependant, la montée du Zim-Dancehall dans sa forme actuelle a commencé après l'an 2000, avec l'augmentation du nombre de studios d'arrière-cours, qui ont permis de produire de la musique de qualité à l'aide de logiciels peu coûteux. Des artistes tels que Wallace «Winky D» Chirumiko et King Labash ont gagné en popularité avec des hits en langue shona comme «Chaputika» et «Kukonzeresa». Leur succès prouve que les musiciens locaux peuvent également produire de la musique internationale et lui donner une saveur locale.
Par la suite, la réaction du public lors des tournées d'artistes jamaïcains au Zimbabwe a révélé que les fans locaux préféraient de plus en plus les artistes locaux par rapport aux artistes étrangers de renom. En 2011, le réveil a été brutal pour Sean Kingston et Mr Vegas, les stars jamaïcaines de dancehall, lors de leur passage au Zimbabwe. Ils ont été forcés de quitter la scène sous les huées, le public leur préférant des artistes zimbabwéens tels que Winky D et Donald «Sniper Storm» Chirisa.
Lorsque chaque quartier de forte densité (ghetto) a commencé à générer ses propres producteurs et artistes de dancehall, un plus grand nombre de personnes a commencé à apprécier ce genre musical, surtout parce qu'il est interprété dans les langues vernaculaires. En 2013, le Zim-Dancehall a finalement été reconnu comme un genre musical important dans le pays. En effet, un spectacle judicieusement intitulé The Battle for the King and Queen of Zim-Dancehall (La bataille pour le titre de roi et reine du Zim-Dancehall) a été organisé, avec la star jamaïcaine Sheldon ‘Turbulence’ Campbell comme invité spécial. Au début de l'année 2014, les premiers Zim-Dancehall Music Awards ont eu lieu et ont mis à l'honneur les artistes, producteurs, promoteurs et journalistes de divertissement qui ont soutenu la montée de ce genre musical.
Principaux artistes et producteurs
Le roi du Zim-Dancehall est, sans doute, Winky D, qui a récolté quatre nominations aux derniers awards dont meilleur artiste masculin. Cet artiste est connu depuis les débuts du genre. Il a fait ses preuves sur scène aux côtés de grands artistes jamaïcains comme Sean Paul et Capleton (2010). Certains suggèrent même qu'il aurait a volé la vedette à Sean Kingston et Mr Vegas en 2011. Parmi les hits de Winky D, on compte «Musarove Bigiman», «Green Like Me Garden », «Paita Party» et une collaboration intitulée «Bassline rock» avec Hawkeye, la chanteuse jamaïcaine de dancehall.
Le vaste quartier de Chitungwiza est le terrain de jeu de Muchaneta ‘Lady Squanda’ Gazi, principale artiste féminine de Zim-Dancehall qui s'est également essayé à la comédie. Elle a récemment suscité la controverse. En effet, elle a été accusée d'avoir simulé sa propre mort pour accroître sa popularité et d'avoir volé les recettes d'un spectacle. Ses chansons comprennent «Handidi Kukutadzira» en collaboration avec Freeman, «I Like That» (2012), «Holy Ghost» (2012) et «Squanda Fire». Elle a fait des spectacles au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, principalement pour les ressortissants zimbabwéens.
Saul ‘Soul Jah Love’ Musaka surfe actuellement sur la vague du succès à la fois localement et dans les communautés de zimbabwéens vivant à l'extérieur du pays. Le chanteur est devenu célèbre en 2013 avec une chanson controversée appelée «Gum Kum», dont la connotation sexuelle est évidente dans le clip. Artiste polyvalent, dont le répertoire s'étend de détendu et aisé à un style plus militant et agressif, il a été sponsorisé par un fabricant local de vêtements pour faire la publicité de leurs tenues à la mode. Un ancien sponsor a fourni à l'artiste un véhicule de luxe, la Hummer H2, qu'il a été aperçu en train de conduire dans les rues de Harare. Parmi ses autres chansons à succès, il y a «Minana», «This Time», «Makonzo» et «Kunhamo kwa Boris».
Tawanda ‘Seh Calaz’ Mumanyi est originaire de Mbare, le plus ancien quartier à forte densité de Harare. L'un de ses hits «Mumota Murikubvirane», avec l'artiste jamaïcain Turbulence, a été produit au cours de la brève visite de ce dernier au Zimbabwe à la fin de l'année 2013. Mumanyi possède une voix douce dont il se sert pour offrir des chansons qui dépeignent principalement la vie dans son quartier animé; comme par exemple «Mabhanditi », «Basa Rangu», «Marasta Maoko Mudenga » et «Varikuumba Daka» avec Soul Jah Love. Il a également rejoint d'autres artistes dans des spectacles en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et en Australie.
Emmanuel ‘Guspy Warrior’ Manyeruke est un autre chanteur de Zim-Dancehall. Il est le fils de Mechanic Manyeruke, un vétéran de la musique gospel, qui est pasteur. Cependant, les paroles du fils sont loin d'être spirituelles car ses chansons sont principalement centrées sur des sujets profanes tels que faire la fête, les relations amoureuses et la drogue. Ses chansons populaires incluent «Ita Seunonoga», «Tipe Timonemone» et «Dancehall Champion» avec Dhadza D et Sniper Storm.
L'essor du Zim-Dancehall au cours des dernières années, en grande partie grâce à la popularité des artistes mentionnés ci-dessus, est un bon exemple de l'influence durable de la musique des Caraïbes sur le continent, et représente sans aucun doute l'une des tendances les plus importantes de la musique populaire au Zimbabwe au cours de la dernière décennie.
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