La musique traditionnelle en Guinée équatoriale
La musique traditionnelle est au cœur de la société équato-guinéenne. Considérée comme sacrée et mystique, elle est jouée dans toutes les circonstances que ce soit une initiation, un mariage ou d'autres cérémonies importantes. Dans cet article, nous parlerons de son influence sur la société, les instruments utilisés ainsi que les artistes qui la pratiquent.
La musique traditionnelle rythme le quotidien des Équato-guinéens
En Guinée équatoriale, la musique traditionnelle fait partie du quotidien. On l'a pratique aussi bien à l’occasion d’événement heureux, tels que les mariages, les grandes veillées d'initiation, que les deuils ou pendant les circoncisions. L'orateur entonne une chanson que le public reprend en cœur. Cet héritage ancestral est transmis de génération en génération.
Le chant et la danse sont placés au cœur de la vie sociale dans la société traditionnelle de la Guinée Equatoriale quel que soit la tribu. Chaque danse, ainsi que le rythme et les paroles qui vont avec, portent un message particulier.
Il existe une variété d'ethnies en Guinée équatoriale, principalement des Bantous. Chacune avec sa particularité et sa spécificité musicale. On peut citer le mèndzáng mé yè kábàn, le mvet Oyeng, l’ebolaza’a, le ngòàn ntángán, le ndòng bá, et le mèkòm qu'on retrouve chez les Fang.
Le nana et le campanas o bilëbbó chez les Bubi, le ndyango mekuio et l’ivanga, chez les ndowe, le ndzanga chez les Bisio, le cumbé et le dadj’i chez les annobonais, enfin le bonkó chez les Fernandino.
On peut également noter quelques pratiques qu’on retrouve dans ces ethnies. Par exemple, dans la musique fbolaza’a chez les Fang, où le musicien développe des improvisations en alternant l’action de ses mains. Les femmes reprennent le chant en tapant les pieds au sol.
Instruments de musique traditionnelle : moyen par lequel se transmet le message
Dans la société traditionnelle équato-guinéenne, les instruments traditionnels jouent un rôle prépondérant. Ils rythment les chants et les danses pendant les fêtes, les rituels ou autres cérémonies traditionnelles et permettent également de transférer un message.
Il existe plusieurs instruments de musique traditionnelle. Parmi eux, on retrouve le mvet, le balafon, la maraca, le tam-tam, le tambour et le nken. Le tambour est le plus répandu et il est de taille variée.
Parmi les grandes familles de tambours, on trouve des jeux de tambours accordés qui sont joués par plusieurs percussionnistes. Les tambours frottés, dont le son provient du frottement de la membrane. Le tambour à tension en forme de sablier, que l’on appelle parfois « tambour parlant », parce qu’on peut l’utiliser pour imiter les intonations de la voix.
Bien qu’ils tiennent une grande place dans les musiques traditionnelles, les tambours sont loin d’être les seuls instruments à percussion couramment employés. On trouve aussi le mvet. Le mvet est un instrument très répandu car utilisé par les Fang qui représentent 80% de la population.
À part les instruments cités ci-haut. On retrouve également d’autres objets utilisés par la société traditionnelle pour transmettre les messages. Il s’agit entre autres des cloches, des hochets, des gongs fendus, des calebasses, des pots de terre, des bâtons pour le rythme et des xylophones.
Les défenseurs de la tradition
Comme la plupart des passionnés de la tradition et de sa musique, Oscar Zue Ella un enseignant de philosophie et joueur de Mvet-Oyeng aime à le dire, « le Mvet-Oyeng est la frontière entre la tradition et la modernité ». Il est aujourd’hui l’un des rares équato-guinéens à pratiquer encore la musique traditionnelle.
Pour lui « La musique traditionnelle est d’un caractère ésotérique, sacré et mystique. Elle comporte deux dimensions intimement imbriquées et en interaction permanente. Deux dimensions relatives aux mondes visible et invisible, c’est-à-dire au couple matière et esprit qui est à la base du mystère de l’être humain ». Il vit au quartier « cincuentas viviendas » (cinquante habitations) dans la ville d’Ebebiyin au Nord du pays. « Mon enfance a été bercé par les chants traditionnels fang comme le mvét Oyeng. C’était la belle époque » raconte-t-il.
À 68 ans bien sonnés, il devenu un joueur de Mvet-Oyeng et sillonne la province du Kye-ntem avec son Mvet, pour redonner l’envie aux populations de la région d’aimer la musique traditionnelle. « C’est l’histoire du peuple fang. C’est l’histoire d’Akoma mba notre héros. Un homme qui a dompté la vie. C’est le modèle de la force et de la bravoure » ajoute-t-il.
D’autres artistes comme Nelida Karr, continue de puiser leur inspiration dans la musique traditionnelle Bubi sa tribu maternelle. Son dernier album Batobiera sorti en 2014 en est un exemple. Nelida fusionne musique traditionnelle avec des rythmes modernes, comme le jazz, le blues, la soul, ou encore le gospel.
« La culture équato-guinéenne est très profonde. Elle se perd parce que les jeunes ont le regard tourné vers la musique occidentale. J’entends chanter ce qui est ma culture parce que je suis Equato-guinéenne et peu de gens savent que notre pays a beaucoup à offrir sur le plan culturel. On ne connait la Guinée équatoriale que pour le pétrole et ses ressources gazières. C’est aussi un pays qui a beaucoup à offrir sur le plan culturel, sur le plan traditionnel. J’aime la culture et j’aime aussi ceux qui en font la promotion, car elle est riche et variée. » explique-t-elle.
Malgré l’influence d’autres genres musicaux sur la jeune génération, la musique traditionnelle a toujours une place de choix en Guinée équatoriale, car elle fait partie de son patrimoine culturel.
Sources :
Ministère de la culture et le Gouvernement de la Guinée équatoriale : http://www.guineaecuatorialpress.com/
Ouvrage : Cara o creu, imatges i paraules d’un joc d’atzar africa, Lluis Mallart Guimara, ICRPC, Girona, décembre 2010
Wikipedia : Culture de la Guinée équatoriale: https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_la_Guin%C3%A9e_%C3%A9quatoriale
Africa 24 : https://www.africa24tv.com/fr/guinee-equatoriale-retour-sur-la-celebration-du-festival-de-la-musique-eg-music
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