La scène Live en Côte d’Ivoire
Cependant, le pays regorge de nombreuses potentialités culturelles. Que ce soit dans le domaine du théâtre, du cinéma, de la sculpture, de la danse, de et de la musique, il existe une diversité culturelle. Ce secteur apparaît comme une dimension fondamentale du développement des nations. Comme l’affirmait Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la République de Côte d’Ivoire: « Notre développement est un tout qui ne peut se satisfaire des seuls chiffres et graphiques de production. L’économie ne pouvant être la seule mesure de l’homme, il est donc indispensable de donner maintenant une dimension nouvelle à notre développement, en y intégrant, à part beaucoup plus entière, la culture »[1]
Cela démontre la prise de conscience du politique quant au rôle de la culture dans le processus de développement. Mais elle n’a toujours pas été suivie dans les faits par la mise en place de mécanismes réels pour mener de l’avant le secteur culturel en général mais celui de la musique en particulier. Le choix du secteur musical car en dépit des difficultés de développement des formes d’expressions culturelles, la musique a su se hisser au dessus du lot par sa présence sur la scène. Cela a valu à un certain moment de notre existence que la Côte d’Ivoire soit qualifiée de « plaque tournante du showbiz africain ». Elle a un caractère populaire.
Le pays a des artistes talentueux. Nous en voulons pour preuve Alpha Blondy, le groupe Magic System, Meiway, Tiken Jah Fakoly etc. Chaque jour l’on assiste à l’avènement de nouveaux concepts musicaux. La jeunesse ivoirienne ne manque pas de créativité. Du Zouglou au Coupé-décalé en passant par le Zoblazo, le Mapouka, etc, ce sont de milliers de personnes qui œuvrent dans ce secteur. Malheureusement, cette potentialité au niveau de la création se heurte à la précarité des conditions professionnelles et sociales des acteurs de ce secteur en Côte d’Ivoire. Cette situation trouve sa réponse dans l’inorganisation du secteur qui tire aussi son essence de la faiblesse des réseaux de production, de diffusion et promotion de la musique.
Le secteur des industries culturelles en général et celui de la musique en particulier contribuent à la valorisation et à la promotion de l’identité culturelle de la Côte d’ Ivoire. En dehors de cet enjeu important, ce secteur au regard de son évolution dans les pays développé peut occuper une place de choix dans le développement économique et sociétal s’il est bien exploité. Ailleurs dans le monde la scène live musicale constitue une véritable industrie, moteur de croissance.
Mener une réflexion sur la thématique de la scène live en Côte d’Ivoire revêt tout son sens afin de lui donner les outils pour se développer. Nous essayerons de montrer une vue panoramique de cette scène à travers son historique, ses genres musicaux, les lieux de diffusion, les artistes qui l’animent et enfin l’économie qui découle de cette scène.
L’historique du live en Côte d’Ivoire
De nombreux précurseurs de la musique ivoirienne tels que les sœurs Comoé, Amédé Pierre, Mamadou Doumbia, Allah Thérèse ont écrit les lettres de noblesse de cette musique. Mais la scène live a eu son envolée véritable avec des artistes tels qu’Alpha Blondy en 1983 et Ernesto Djédjé qui ont à travers de nombreux concerts su occuper cette scène. Les artistes à cette époque jouaient au moins d’un instrument. L’on parlait à cette époque d’orchestre pour accompagner les artistes. De nombreux dancing permettaient aux artistes de s’exprimer en live. Plus tard des artistes tels que Meiway qui a été révélé à travers l’émission télévisée de vacances à la RTI consacrée aux orchestres, Nayanka Bell et un peu plus récemment Magic System, DJ Arafat etc ont su prolonger cette scène musicale. Mais il faut préciser qu’aujourd’hui, de nombreux concerts se font en semi-live.
Les genres musicaux
Du ziglibity (Ernesto Djédjé) au Zouglou (Magic system) en passant par le reggae et plus récemment le coupé décalé, l’on note un foisonnement de genres musicaux en Côte d’Ivoire. Depuis les années 2000 qui ont vu l’avènement du coupé décalé, l’on note que les genres musicaux naissent et disparaissent aussi assez rapidement (kpongor, kpankaka, grippe aviaire etc). Ces genres musicaux sont très souvent associés aux danses qui les accompagnent.
Les lieux de diffusion
Le Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire était le lieu par excellence des manifestations live en Côte d’Ivoire car le cadre s’y prête. Le stade Felix Houphouet Boigny était quelque fois aussi utilisé à cette fin. Mais depuis la création du Palais de la Culture en 1999, la majeure partie des spectacles live y sont célébrés. Il ne faut pas oublier le Centre Culturel d’Abobo pour quelques prestations de petites envergures. Egalement la commune de Yopougon à travers son Allocodrome se positionne aussi comme un lieu de diffusion. Il faut citer quelques espaces des mairies (Port Bouet, Marcory, Koumassi, etc...)
À côté de ces espaces, il s’est développé depuis quelques années (2000) grâce au Zouglou dans les maquis (l’Internat, Bolingo etc) et bars généralement les dimanches des concerts live qui continuent de gagner du terrain. Aussi la musique reggae s’adonne également à ces concerts live dans les bars généralement et des espaces tels que le Parker Place en zone 4 à Marcory.
À l’intérieur du pays
À l’intérieur du pays, ce sont des espaces tels que le stade de Bouaké, San pédro, les centres municipaux qui sont utilisés pour ces manifestations. Bouaké à travers le Centre Culturel Jacques Acka (en travaux actuellement) accueille de nombreux spectacles musicaux. Dans la plupart des villes de l’intérieur des espaces pour le live existent. Il faut toutefois noter qu’à l’intérieur du pays de nombreux espaces ne remplissent pas toujours les commodités pour un véritable live.
Les artistes de la scène live
De nombreux artistes tels que Alpha blondy, Tiken Jah Fakoly, John Yallet, Magic Systèm, Espoir 2000, Ismael Isaac, Meiway etc font de véritables orchestrations pour donner au live tout son sens. Mais à l’époque les artistes tels que François Lougah, Amédé Pierre, Ziké etc... tenaient de main de maître cette scène live. Il faut faire remarquer qu’actuellement de moins en mois d’artistes savent jouer d’un instrument.
En côte d’ivoire, la piraterie est un mal qui gangrène la filière musicale. Ce qui fait que lorsque l’artiste ne sait pas chanter réellement et ne fait pas de live, c’est une carrière mort née qui s’annonce. C’est donc à travers les spectacles live que l’artiste ou sa structure de production peut avoir un retour sur investissement. Le live s’impose donc comme une nécessité pour nos artistes s’ils veulent exister et continuer à exister sur la scène musicale et ainsi tirer une économie de cette industrie.
Promotion à travers les médias de la musique
Avec une télévision bien implantée et une radio en essor considérable (le groupe RTI), la musique ivoirienne bénéficie d’espaces de promotion. L’émission show time en vogue actuellement sur la première chaine nationale fait la promotion de cette scène live. Le pays dispose de stations de radio émettant toutes en modulation de fréquence. Ce sont par exemple Radio Nostalgie, Radio Fréquence 2, Radio Jam, Radio ATM, Radio Yopougon, radio N’Gowa etc qui œuvrent toutes pour promouvoir la scène musicale ivoirienne.
Ce travail de réflexion est né du constat que le secteur musical ivoirien regorge de nombreuses potentialités. Lorsque nous nous plaçons sur l’axe de la création, il ressort qu’il y’a une dynamique au niveau de la population. En témoigne le nombre croissant de rythmes et concepts liés au secteur de la musique. Egalement au niveau de la promotion, des efforts considérables se font. Il appartient aux artistes ivoiriens, aux autorités ivoiriennes, aux mélomanes de créer ou favoriser l’émergence d’une véritable scène live gage de développement économique et donc de vitalité du secteur musical et de ses acteurs.
[1] HOUPHOUET, B. Felix (1905-1993)-Propos sur la culture, 1980, p 13
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