Les DJs, ces nouveaux leaders de la musique congolaise moderne
Par Onassis Mutombo
Ils sont de plus en plus nombreux à s’affirmer sur la scène musicale congolaise. Ce nouveau métier artistique a révolutionné le secteur culturel en République Démocratique du Congo, devenant ainsi l’un des plus prolifiques en termes de production musicale. Les DJs produisent, proposent et vendent leurs sons aux autres musiciens.
Si hier, vers les années 90, de célèbres noms tels que Richard Kabala, MC Tshecksa, Djo K ont passé toutes leurs vies entre les murs de boites de nuit en train d’animer et de commenter des chants pour certains, d’autres par contre se sont transformés en régisseurs dans les radios kinoises. Actuellement cette tendance s’est développée et les DJs sont devenus des artistes complets, créateurs de sons, danseurs, chanteurs et voire même leaders de groupes.
Les DJs locaux à la mode tels que Dj Amaroula, Dj Abdoul, Dj Fantôme, Dj Kent, DJ 112, DJ Herady, DJ Flex, DJ C’est le Moment, DJ Benji ont transcendé les quatre murs de leurs night clubs respectifs pour présenter des spectacles dans de grands show et festivals. Ils connaissent une visibilité sans pareille dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux en offrant des tubes et des clips vidéo où la musique et la danse sont mises en exergue teintés parfois de textes qui laissent à désirer. Les DJs sont également des références en matière de promotion de nouveaux sons car ils sont à la page concernant les dernières sorties et tendances musicales locales et internationales. Les musiciens du pays et ceux de l’étranger voulant conquérir Kinshasa et ses nuits passent chez eux pour conquérir l’audience kinoise.
DJ, un métier à plusieurs facettes
Les DJs ont un avantage sur les autres artistes de rumba tels que Werrason, JB Mpiana, Papa Wemba, Nyoka Longo, Felix Wazekwa car ils surfent sur plusieurs styles à la fois tels que le coupé décalé, la RnB, le ndombolo, l’afrobeat, la musique traditionnelle et ils peuvent ainsi conquérir un public plus large et divers. Devenu un métier intégral, être un Dj est aussi rentable qu’être musicien. D’ailleurs, en 2014, Fally Ipupa a fait de DJ Virus, son Dj officiel en l’amenant aux MTV Africa Music Awards (MAMA) en Afrique du sud pour un show.
Koffi Olomide, qui multiplie les stratégies pour ne pas perdre son aura, s’est récemment substitué en DJ question de faire peau neuve aux yeux de ses fans en affichant sur les banderoles dans la ville pour ses prochains concerts « DJ Mopao », « DJ Quadra ». De plus, il recourt régulièrement aux DJs pour lui confectionner des sons pour ses intros. Des titres comme « Eyadema », « On est tous ensemble », ainsi que son album 13ème Apôtre illustrent bien cette nouvelle vague.
Il faut noter que les DJs congolais ont refait surface grâce à l’attraction de leurs collègues ivoiriens. En effet dans les années 2000, les DJs ivoiriens sont devenus populaires en mixant certains sons des chansons congolaises et locales en y ajoutant quelques paroles. Ceci a fait d’eux des artistes musiciens à part entière et leur a donné une grande influence sur toute l’Afrique subsaharienne, particulièrement le Congo. C’est cette touche de plus à la musique africaine qui a permis au style coupé décalé d’étouffer pendant un moment le ndombolo et donnant de ce fait une place de choix aux DJs musiciens.
Quelques noms parmi les DJs populaires locaux
Pour le moment il est difficile de désigner un DJ plus populaire que les autres. Chacun se bat pour son gagne-pain afin de s’établir sur la scène locale. Mais avec « la banane » de DJ Amaroula et « Ma doda » de Dj Abdoul ces derniers peuvent être considérés comme les leaders d’un secteur en pleine propension dans tous les coins et recoins de la capitale congolaise. La domination de ces derniers se confirme par le nombre de shows qu’ils ont par semaine ou par mois, mais également les deux noms sont à la base de plusieurs polémiques dans les séances « Parlement débout » [Note: le parlement debout évoque les conversations animées de badauds dans les rues de Kinshasa].
A l’instar des rivalités populaires qui opposent les musiciens comme Tabu Ley à Franco Luambo, Tshala Mwana à Mbilia Bel, Papa Wemba à Koffi Olomide, JB Mpiana à Werrason, Fally Ipupa à Ferré Gola ; les deux DJs (Amaroula et Abdoul) se titillent mutuellement dans leur mixtape. Dans les Night-clubs et les médias audiovisuels où ils prestent, les fans de l’un ou l’autre s’arrangent pour ne pas le fréquenter ni le suivre. DJ Abdoul a proposé, lors de ses passages à la télévision, un regroupement de tous les DJs afin de créer une plateforme pour promouvoir les artistes musiciens congolais. Puisque, regrette-t-il, il leur est reproché de faire souvent la promotion des musiques étrangères et être à la base de la dépravation des mœurs. Cet appel est resté sans suite.
La relève et le droit d’auteur en question
Les fréquentations et passages dans des boites de nuit tels que le Klubb, le Fiesta Club et le K12 club ont fait de Dj Virus un bon challenger qui se taille une place de choix dans le métier. Une autre figure qui peut assurer la relève de cette génération de DJs, c’est DJ Kent. La vingtaine révolue, ce jeune homme mérite considération puisque le célèbre rappeur français d’origine congolaise Youssoupha, l’a félicité après qu’il l’ait accompagné lors de sa prestation à la finale de la télé réalité Best of the best, un concours musical très populaire à Kinshasa. Le rappeur a déclaré à l’un de ses proches que DJ Kent est une grande star de la platine et a de l’avenir dans le domaine pourvu qu’il garde son sens du travail. Chaque jour qui passe, un nouveau son inventé par un DJ devient populaire à Kinshasa. Le moment est venu pour la Société congolaise des droits d’Auteur et des droits voisins (Socoda) prenne en considération cette nouvelle catégorie d’artistes afin que ces derniers bénéficient de leurs droits.
Références Intervention de Dj Virus sur la télévision Rtvs1 Kin Event Magazine, P6 Voir les banderoles du Concert de Koffi Olomide du 30 aout 2015 Le ndombolo se coupé-décalise, www.arts243.skyrock.com Entretien avec DJ Adboul au Dream Island Entretien avec un membre de l’équipe Boma Yé kinshasa après best of the best
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