Les droits d’auteur en Libye
Depuis l’ancien régime royal en Libye, il existe une loi qui protège les droits d’auteur et qui date de 1968. Cela concerne toutes œuvres novatrices en littérature, arts et sciences, dont les œuvres en arts de peinture, sculpture et architecture, les œuvres cinématographiques et photographiques, les œuvres théâtrales et comédies musicales, les œuvres de musique et même les travaux prononcés oralement tels que des sermons et des conférences.
La protection est accordée à quiconque arabise, traduit et convertit d'une couleur en une autre, modifie ou résume une œuvre littéraire, artistique ou scientifique sans préjudice des droits de l'auteur original. Si la création de la loi paraît ancienne et date depuis plus de 50 ans, la Libye, jusqu’à nos jours, ne dispose pas d’un centre national spécialisé dans ce sujet.
Les droits d'auteur en Libye, une réalité complexe
La question du droit d'auteur en Libye semble complexe et demande beaucoup d'efforts de la part du gouvernement pour être bien encadrée. Il est difficile d'établir des droits dans les cas où des œuvres littéraires et artistiques sont publiées de manière déloyale, malgré l'existence de loi sur le droit d'auteur. Cette loi a été annoncée il y a 52 ans mais elle n'a pas été mise en œuvre en raison de l'absence de réglementation exécutive sur la question, et de l'échec de la mise en place d'organes administratifs chargés de la protection du droit d'auteur.
Dans le même avis, nous pensons que la loi est ancienne n'est plus valable aujourd'hui, après l'émergence de nombreux moyens d'édition modernes, et qu'elle ne dégage aucun principe limpide pour ce qui concerne les artistes interprètes, comme les musiciens et groupes accompagnant un artiste principal.
C'est cependant le manque d'organismes d'application de la loi chargés de faire respecter le droit d'auteur, qui constitue le plus grand problème. Entre la création de la loi et sa pratique, figure une complexité voire un manque de conscience du patrimoine artistique libyen et d’œuvres d’arts qui marquent la particularité du pays et ses propres signes culturels.
Patrimoine musical menacé
Tant que les chansons et les musiques libyennes connaissent une grande diffusion dans la région du Middle East and North Africa (MENA), ce patrimoine paraît menacé par la non-documentation dans son pays d’origine.
Ce sont des chansons libyennes, que certains en considèrent comme courantes, et prennent ce qu'ils veulent, citant de courtes phrases mélodiques ou s'appropriant entièrement la mélodie. Cela commence par le fait qu'aucune de ces chansons ne résonne fortement auprès des auditeurs arabophones. Il s’agit de personnes qui explorent toujours avec soin toutes les couleurs de la musique, recherchent toutes les chansons folkloriques afin de les appliquer à leurs mélodies. Ce faisant, le créateur libyen ne peut pas prouver ses droits, même les gestionnaires de musique libyens ne peuvent protéger la propriété intellectuelle de ces œuvres.
Certaines mélodies sur lesquelles les artistes étrangers se sont appuyés, sont dérivées des mélodies libyennes pures, certains d'entre eux attribuent le crédit à son propriétaire et le nomment lors de la publication de l'œuvre, et d'autres traitent la question comme si les mélodies étaient le résultat de leur pure créativité. Parmi ces travaux, on peut citer la chanson de l’artiste koweitien Faysal Al-Rached titrée « Chalouh » qui est copiée sur la chanson « Chalouha » de Nacer Al-Mezdawi.
D’autre part, le refrain musical de la chanson d’Um Kulthum, « Daret Al-Ayam », composée par le musicien Muhammad Abdel-Waheb, est repris d'une chanson libyenne appelée « Baath Al hob », en plus de sa chanson « Leilat Hob », qui appartient au Maqsoum libyen (répertoire musical propre à la Libye).
Contrairement à l’artiste égyptien Ali Al-Hajjar qui a interprété la chanson « Adi ezin » et l’a attribué au folklore libyen, les deux artistes Majid Al-Mohandas dans sa chanson « Jana-Jana » qui est à la base la propriété du compositeur libyen « Cheb Al-Arrab », et le faisseur de tubes égyptien Amro Diab, dans sa chanson « Kolou illa habibi » qui est également une chanson du folklore musical libyen, n’ont jamais évoqué l’origine de leurs oeuvres.
Pas trop loin de l’Égypte, cette fois au Liban, le chanteur Alla Zalzali a présenté la chanson « Wen diara » sans consulter ni faire référence à son propriétaire, qui est l'artiste libyen Mohsen Bait Al-Mal . Ainsi, les exemples abondent faisant état du flou juridique qui entoure la création et l'appropriation des oeuvres musicales en Libye.
Avis et demandes des acteurs de la scène musicale en Libye
Certains Libyens considèrent l’utilisation et l’interprétation des mélodies et chansons locales par des artistes étrangers comme un succès de la chanson libyenne, même si les propriétaires des chansons n'ont pas été consultés sur l'utilisation de leurs mélodies ou paroles.
Ils croient que cela contribue à la diffusion du patrimoine musical libyen à l’échelle universelle. Alors que d'autres considèrent ce fait comme un « vol » au sens plein du terme, dû au mépris des droits des écrivains, compositeurs et artistes libyens.
Les artistes libyens, en revanche, se sentent marginalisés et exploités à cause de la non-reconnaissance de leurs droits par l’État. Ils tiennent donc le gouvernement entièrement responsable de son incapacité à imposer des sanctions morales ou matérielles aux contrevenants pour avoir violé l'éthique artistique qui, selon eux, devrait être reconnue par l'état et promulguée dans la loi. Encore plus, ils demandent la création d’un organisme spécialisé dans la protection des droits d’auteur et de l’artiste libyen.
Qui remplace l’organisme du copyright en Libye ?
Si la mise en place d’un organisme voire une organisation nationale pour la protection des droits d’auteurs semble complexe en Libye, le « Syndicat des professions musicales de Libye » a été fondé par des musiciens dans le but de réglementer leur secteur.
Il est vrai que les efforts fournis par les membres de cet organisme sont remarquables dans le secteur, d’un côté, en organisant des séminaires, des activités et en mettant à la disposition des jeunes des cours de musique et d’un autre, permettant aux artistes libyens d’obtenir la carte professionnelle qui sert à valoriser les métiers des arts musicaux. Mais leurs efforts restent limiter, car protéger les droits des acteurs de la scène musicale est bien au delà de leur responsabilité et de leur capacité.
Une loi est promulguée, comme souhaité, il faudra du temps pour l'appliquer. Mais sa pleine compréhension nécessitera également un travail de fond sur l'imaginaire collectif et la mentalité commune du peuple libyen, ainsi que de son élite artistique.
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