L’Institut du Monde Arabe rend hommage aux divas arabes
D’Oum Kalthoum à Warda al-Djazaïria, d’Asmahan à Fayrouz, de Laila Mourad à Samia Gamal, en passant par Souad Hosni, Sabah sans oublier la toute jeune Dalida… C’est à un fabuleux voyage, dans une époque pas si lointaine, où régnaient en maîtresses absolues, sur nos écrans, de grandes divas légendaires et charismatiques, que nous invite l’Institut du monde arabe, à Paris, dans une exposition qui se poursuit jusqu’au 6 septembre prochain..
Elles étaient chanteuses, danseuses, actrices, et même productrices de cinéma. Elles étaient féministes, émancipées, fer de lance d'une révolution culturelle, d’après-guerre. Une révolution qui débute dès les années 1920 où les premières femmes arabes se sont dévoilées, ont manifesté et ont commencé à investir le domaine du spectacle vivant, avec l’apparition des cabarets, que fréquente la bourgeoisie.
C’est aussi l’époque où Le Caire attire à lui les artistes du monde arabe, notamment du Liban et de la Syrie voisines, venus y faire carrière. Sous le commissariat de Hanna Boghanim et Elodie Bouffard, chargées de collections et d'expositions à l’IMA, l’événement se présente comme une immersion dans cette ambiance cairote du début du siècle passé, mais également au cœur des vies et de l’art de ces chanteuses et actrices de légende, ainsi qu’une exploration des changements profonds qu’elles ont portés.
Icônes intemporelles, femmes puissantes, symboles adulés dans les sociétés arabes, ces divas aux carrières exceptionnelles s’imposent du Caire à Beyrouth, du Maghreb à Paris, incarnant une période d’effervescence artistique et intellectuelle, une nouvelle image de la femme, ainsi que le renouveau politique national qui s’exprime du début des années 1920, notamment en Égypte, jusqu’aux années 1970.
Dotée d’un parcours d'exception, élaboré à partir d’un impressionnant nombre de pièces, objets, photos, créations, films etc. encore jamais montrés, l’exposition met en lumière outre la richesse artistique de l’époque, l'histoire sociale des femmes arabes et la naissance du féminisme au sein de ces sociétés patriarcales, leur participation au panarabisme et aux luttes d'indépendance dans les contextes de la colonisation et de la décolonisation, et – avant tout – leur rôle central dans les différents domaines artistiques qu'elles ont contribué à révolutionner.
L’exposition se déploie en quatre grands moments. Le visiteur rencontrera successivement les femmes pionnières et avant-gardistes féministes dans Le Caire cosmopolite des années 1920 ; les divas aux voix d’or que furent Oum Kalthoum, Warda, Fayrouz et Asmahan durant la période 1940-1970 ; les productions cinématographiques de «Nilwood » et le succès des comédies musicales égyptiennes qui consacrent les divas actrices telles que Laila Mourad, Samia Gamal, Sabah, Tahiyya Carioca, Hind Rostom ou Dalida.
La dernière partie de l’exposition met en valeur les regards d’artistes d’aujourd’hui sur ces divas, dont l’héritage est une profonde source d’inspiration pour toute une nouvelle génération. La photographe et vidéaste libanaise Randa Mirza associée au musicien et compositeur hip hop Waël Kodeih, les plasticiens et plasticiennes Lamia Ziadé, Shirin Neshat – qui a offert une image de son film Looking for Oum Khaltoum (2017) pour l’affiche de l’exposition – Youssef Nabil, le photographe Nabil Boutros, … Création musicale holographique, installation vidéo, films, photomontages : autant d’œuvres fortes nées de ce patrimoine musical et iconographique unique réapproprié.
Autour de l’exposition, enfin, une riche programmation culturelle fera la part belle aux femmes en interrogeant leur place au sein des sociétés arabes actuelles au travers de concerts, de conférences, de projections de films et d’événements exceptionnels.
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