La musique Mahraganat débarque à Paris
C’est un concert qui promet une belle déflagration sonore à Paris. Ce sera au Petit Bain le 18 septembre 2021. Le lieu atypique de la capitale française reçoit les fers de lance de la musique Mahraganat égyptienne, dans le cadre des sessions I Hate World Music.
Sont attendus les voix les plus tonitruantes de ce genre transgressif, à savoir 3phaz, Shobra El General, Yunis (cofondateur du label Kafr el Dawar), et Ibrahim X. 4 gros calibre qui entament une tournée européenne sous l’égide du collectif suisse Bisque, cofondé par Mabrouk Hosni Ibn Aleya et Sophie Betka.
Le collectif a investi la scène culturelle et musicale genevoise, depuis plusieurs années, en organisant des soirées célébrant les nouvelles sonorités d’Afrique du Nord. Dans leur catalogues quatre types de soirées : « Gazouz », « Ka’ada », « Crochetage Sonore » et « Prise de Bisque ».
Pour l’évènement parisien, labélisé soirée Gazouz, le collectif s’est associé avec le Rez-Usine (salle de concert genevoise), le label Cairo Concepts, Radio Flouka (plateforme alternative représentant l’émergence du « monde arabe), l’Institut des Cultures Arabes et Méditerranéennes et enfin le média panafricain PAM.
Jugée par les conservateurs comme grossière et immorale, la musique Mahraganat, née au cœur des bidonvilles du Caire, a explosé à travers tout le pays. Portée par le vent contestataire du printemps arabe, elle est vite devenue un symbole insurrectionnel et libertaire.
Le très puissant « Syndicat égyptien des musiciens » a même réussi à l’interdire de tout espace publique, avant de faire marche arrière, face au tollé général. « Ce genre de musique qui est plein d'allusions sexuelles et de langage grossier est totalement inacceptable. C'est pourquoi nous avons tiré un trait dessus une bonne fois pour toutes », avait expliqué, en février 2020, le chanteur politiquement correcte, Hany Shaker, à la tête du syndicat dépendant du ministère de la Culture.
Signifiant littéralement « festival » en arabe, la musique « mahraganat » est aujourd’hui le style musical le plus écouté en Égypte. Née dans les années 2000, le mouvement, aussi connu sous le nom de « electro-chaâbi », s'est développé depuis les quartiers populaires du Caire.
Utilisant des logiciels gratuits ou bon marché, les jeunes musiciens ont remixé de la musique traditionnelle égyptienne avec des sons électroniques tout en s'inspirant du rythme des rappeurs. Depuis Le mahragan égyptien ne cesse de se réinventer grâce à la jeunesse cairote qui a su en faire un genre à part entière et le porter hors des frontières du pays, à l’instar du Raï dans les années 1990.
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