Mali : Master Soumy, ce magistral insoumis
« Touche pas à ma constitution » ! En le chantant, Master Soumy sort et reste dans sa zone de confort.
Il y reste, parce que ce single, dont le clip est sorti le 29 juin 2017, apporte un soutien sans réserve aux manifestations contre la réforme constitutionnelle. En 5 minutes 36 secondes, le texte attaque frontalement : d’abord, c’est une réforme inconstitutionnelle ! scande Ismaël Doucouré alias Master Soumy.
Le lauréat du Tamani d’or du meilleur rappeur malien en 2009, arbore un t-shirt rouge sur lequel est écrit « Touche pas à ma constitution » Ensuite, le rappeur accuse le président du Mali de vouloir se faire introniser roi. Pis, IBK croirait que les Maliens sont des moutons naïfs et paisibles qu’un seul berger peut mener où il veut.
Les pouvoirs excessifs que le texte donnerait au chef de l’État malien en cas d’adoption inquiètent l’artiste. Enfin, Master Soumy demande ce que cache cet urgent désir de réformer la loi fondamentale alors que depuis des lustres, la partie la plus importante du pays n’est plus contrôlée par l’État malien. La preuve ? C’est que depuis plusieurs années, le président Ibrahim Boubacar Keita ne peut pas aller à Kidal dans le nord du Mali.
Le clip de « Touche pas à ma constitution » est illustré par des images aériennes d'importantes manifestations contre la réforme constitutionnelle. Occasion pour Master Soumy de brandir son argument massue : en République la loi est faite pour le peuple, quand ce dernier refuse un texte, il doit être retiré ! Non aux charlatans du droit ! répète le chanteur dans le single. « Touche pas à ma constitution » est une contestation de plus pour l’artiste qui a chanté contre les Accords de Partenariat Economique (APE) et contre l’assassinat du président libyen Kadhafi dans son album Guélékan sorti en 2016.
Master Soumy sort de sa zone de confort en publiant le single « Touche pas à ma constitution » parce que hors des studios, Ismaël Doucouré est aussi un jeune intellectuel ayant une maîtrise en droit des affaires à la Faculté des Sciences juridiques et Politiques de Bamako. Normal, car pour critiquer il faut connaitre et comprendre le monde qui nous entoure précise le trentenaire qui a commencé à chanter en 1996 et mis sur le marché son premier album Tounkaranké 10 ans plus tard.
Quand il ne chante pas et n’apprend pas la loi dans les amphithéâtres universitaires, Ismaël Doucouré alias Master Soumy se forme pour devenir ingénieur de son. Une formation pratique et théorique dans le studio Sphinx, le label ayant produit ses deux albums.
Dans ses interviews Master Soumy estime que ses amis rappeurs doivent respecter leur métier : « cet art est métier, tout comme être docteur ou économiste ». C’est un appel à plus de professionnalisme dans le hip-hop malien et peut être à cumuler plusieurs casquettes comme Ismaël Doucouré afin d’avoir plus d’influence dans le pays et sur le continent africain.
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