Praktika, le DJ qui exhume les trésors perdus des musiques traditionnelles africaines
Au Sénégal pour l'animation d'une soirée Electrafrique en décembre dernier, le DJ français Praktika était de de passage dans nos locaux à Ouest-Foire.
Sujet réalisé par Lamine Ba et Jean de Dieu Boukanga.
Creuser, fouiller, exhumer des trésors oubliés et leur redonner une nouvelle splendeur ; c'est la démarche quasi-archéologique de Praktika qui remixe essentiellement des chansons traditionnelles africaines.
Son nom d'artiste, Praktika, est inspiré de la marque d'un appareil photo argentique, une vieillerie, qui réalise pourtant de magnifiques images.
Le Disc-Jokey français exprime ainsi son attachement aux procédés anciens, aux instruments rudimentaires qui permettent malgré tout d'obtenir de bons résultats.
« Faire un bon mixage ne demande pas forcément du matériel de dernière génération. Avec un simple ordinateur, un logiciel de mixage et surtout une bonne oreille, on peut faire un superbe travail » explique-t-il.
Comment Praktika en est arrivé à mixer des musiques traditionnelles presque oubliées de tous ? Son récit ressemble à l'accroche d'un film d'aventures :
À la base je faisais de la techno pure ; c'était de la techno de Détroit (États-Unis), une musique froide.
Au fur et à mesure, j'ai commencé à intégrer des percussions et des instruments un peu plus plus vivants dans mes sons.
Dans le but d'enrichir davantage ma musique, j'ai décidé de voyager, de m'inspirer des sonorités traditionnelles d'ailleurs. J'ai donc pris mon billet pour l'Afrique...
Mais alors pourquoi l'Afrique ? Le Disk-Jockey confie que son voyage pourrait un jour se poursuivre ailleurs, en Asie, en Amérique latine... En attendant, il a eu un coup de foudre pour les musiques africaines dont la rythmique ternaire très variée, lui permet d'enrichir sa techno classique à 4 tons, avec des constructions mélodiques qui surprennent.
Ses expériences musicales, Praktika les partage au quotidien avec les mélomanes des villes africaines qu'il parcourt (Ouagadougou, Bamako, Abidjan et maintenant Dakar). À chacune de ses haltes, il va à la rencontre d'un artiste local, pour monter un spectacle mixte alliant ses machines à un instrument traditionnel.
Au Burkina Faso par exemple, premier pays africain où il atterrit en 2014, il a co-initié un événement unique en 2016, l'Africa Bass Culture, un festival de musiques traditionnelles et électroniques.
Non loin de là, en Côte d'Ivoire précisément, il a également co-fondé le collectif Kamayakoi (lire Kama ya quoi), avec lequel il multiplie les scènes à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
Dans son long périple, l'artiste français fait aussi de belles rencontres, celle notamment avec Assaba Dramé, joueur de tamani du groupe Midnight Ravers et du célèbre duo malien Amadou et Mariam.
Quand il rentre en France, Praktika n'hésite pas à proposer dans ses shows, les oeuvres de fusion que son voyage africain lui a permis d'élaborer. Il explique qu'il lui est cependant difficile d'y reproduire textuellement ses shows d'Afrique, puisqu'il lui faudrait pour cela déplacer les artistes avec lesquels il collabore ainsi que leurs instruments, ce qui est peu probable pour le moment, compte tenu des exigences financières et des problèmes de visa.
Spécialiste du live, il n'a pas encore de production disponible sur le marché. Bien qu'il ait souvent été en studio, comme cela a été le cas au Sénégal pour la préparation de sa performance à la soirée Electrafrique, il recherche des éditeurs intéressés par le type de musique qu'il propose, pour enfin produire un disque.
L'échange avec ce DJ underground aura été édifiant. Son travail d'« archéo-électro-logue » des musiques africaines réassorties à des sonorités contemporaines rappelle la richesse de l'Afrique, terre d'inspiration et de traditions perpétuellement vivantes.
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