« Semeki », le nouveau tube de MPR qui affole Kinshasa
Sorti, il y a seulement quelques jours, le single « Semeki » du groupe MPR, Musique populaire pour la révolution, est très suivi dans la capitale congolaise. Il est dansé avec autant de plaisir qu’il est chanté.
Le titre « Semeki » qui signifie en lingala « beau-frère ou belle-sœur » explose sur YouTube. Les nombres de vues ont presque doublé depuis sa sortie le 2 octobre dernier. Il est passé de 28 725 vues à 251 761 vues en seulement 10 jours, et devrait rapidement atteindre les 300.000 vues.
Le MPR passe par l’ironie et la caricature pour évoquer un sujet très actuel qui gangrène la société et relatif à un relâchement des mœurs. Le fait d’enchaîner allègrement les histoires d’amour, se plaire à sauter d’une relation amoureuse à une autre au point de faire jaser l’entourage choqué.
Dans le très satirique titre, les deux artistes évoquent le comportement volage qu’ont acquis hommes et jeunes dames. « Combien de fois seras-tu le beau-frère ou la belle-sœur ? », se questionnent-ils.
Le « Père de la Nation » lui-même, clin d’œil à l'ex-président Mobutu, s’en est senti offusqué, a fait appel au MPR, à défaut de porter un choix sur l’icône de la rumba congolaise Franco Luambo Makiadi décédée, pour crier haro sur le phénomène jugé déplorable. D’un côté, il y a « les dames qui changent de compagnons comme des talons » et de l’autre « les hommes qui changent de compagnes comme des chaussettes », peut-on entendre dans « Semeki ».
De manière très subtile, le groupe MPR (porté par les chanteurs Yuma et Zozo Machine) est présenté comme les actuels « peintres » des dérives de la société congolaise à l’instar de feu Franco en son temps. Le discours des jeunes chanteurs est simple, direct et franc exprimé dans un parler populaire.
Le reproche fait à l’homme, c’est son inconstance qui donne matière à réflexion sur la réelle motivation à passer d’un style de filles à une autre comme par aventure. « Tu as commencé par des filles convenables habillées de longues robes comme des nonnes. Tu es passée aux jupes courtes, prétextant que c’est ce qui est à la mode. Est-ce un problème de choix qui pousse à ce changement de goût matin et soir ? », balance MPR.
Et d’ajouter : « Depuis que nous avons fait ta connaissance, combien de fois n’as-tu pas changé de visage ? Aujourd’hui nous avons affaire à Tiffany, demain, ce sera Laëtitia, là-bas, c’est Naomi, ici, c’est Vanessa. À cette allure, tu finiras par épouser tout Kinshasa, papa ! ».
« Combien de fois t’appellera-t-on beau-frère ? Si cela compte pour des trophées, c’en est trop ! ». C’est donc une pique lancée surtout aux vieux pères » et aux « jeunes garçons ».
S’adressant également aux « tantines » terme kinois utilisé en référence à une jeune dame, le MPR s’étonne de leur comportement et surtout leur capacité à sortir avec des personnalités aux profils diverses. « Autrefois, ce fut un musicien, il y a quelque temps encore, c’était un homme d’affaires, aujourd’hui, c’est un professeur et demain ça sera un politicien ».
MPR porte sur la place publique une pratique connue. Il fait un retour dans le Zaïre de 1975 sous l’ère Mobutu, pour parler de ce qui fâche aujourd’hui. Une manière de souligner que, même en cette période-là le sujet aurait fait débat.
Peu importe l’époque où ce comportement s’observe, elle reste répréhensible. D’usage hier ou aujourd’hui rien n’y change !
Texte original publié le 13 octobre 2020 sur Adiac-Congo.
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