La musique live au Congo Brazzaville
Par Haircy Mbimi
L’organisation des spectacles live au Congo Brazzaville est confrontée à plusieurs problèmes liés essentiellement au manque de festivals et d’initiatives de la part des acteurs culturels qui n’offrent pas assez d’espace d’expression aux artistes. Le manque de subventions et de ressources empêchent également à ce secteur de se développer.
Fespam, un événement live de premier plan
Au Congo Brazzaville, les seuls moments où le public vibre au rythme de la musique live, c’est pendant la Fête de la musique le 21 juin, la fête de l’indépendance le 15 aout et le Festival panafricain de Musique (Fespam) qui a lieu tous les 2 ans. Ceux sont les seuls grands événements qui offrent au public congolais des concerts live.
Les musiciens professionnels et amateurs sont également confrontés à des problèmes logistiques et au manque de financement. Les artistes qui se produisent souvent sur scène en playback, sont les jeunes DJs de la nouvelle vague du coupé décalé « made in Congo ». Plusieurs facteurs expliquent ce manque d’activités culturelles musicales. Les festivals existent dans le pays, mais ils s’éteignent très tôt : « parce qu’il n’y a pas de subventions et puis les sponsors devaient profiter de ces espaces pour leurs visibilités. Je pense qu’ils n’ont pas encore compris le sens de ces festivals. Pour les live, il serait quand même souhaitable qu’il y’ ait des salles de spectacles.je m’adresse aux décideurs notamment les hommes politiques. Le Congo a une politique de municipalisation accélérée, je pense qu’il serait aussi logique d’insérer le développement culturel, nous avons des aéroports internationaux, des stades, des préfectures, des palais présidentiels, de grands boulevards construits pratiquement dans tous les départements du Congo, on aurait pu aussi penser aux salles des spectacles dignes de ce nom » déclare Guelbault Balende Félicien, président, d’Arterial Network Congo et chargé de communication du Festival international d’expression féminine (FIEF).
C’est la même réalité dans tous les départements du Congo, le pourcentage des productions live est très faible.Les quelques spectacles présents dans les deux grandes villes du Congo, Brazzaville et Pointe-Noire, sont généralement l’œuvre de particuliers à l’exception du Fespam qui est une initiative du ministère de la culture. Le Fespam est sans contestation le plus grand festival organisé au Congo. Il est très sélectif et ne donne pas toujours l‘opportunité à tous les musiciens locaux, surtout les moins connus, de se produire sur scène. Il faut ajouter à cela l’épineux problème des cachets exorbitants qu’on paie aux artistes étrangers au détriment des nationaux fait remarquer Achille Mouebo, artiste musicien de Pointe-Noire : « nous déplorons le manque de mécènes, et nous sommes abandonnés à nous- même. Un exemple simple, les sociétés de téléphonie mobile implantée chez nous invitent plus les artistes étrangers à qui ils donnent des cachets colossaux entre 10.000.000 et 50.000.00 de francs CFA par apport aux artistes locaux. Et quand ils viennent c’est pour des playbacks ou des semis live, pour cela on débloque de grandes sommes. »
Autres événements !
A part le Fespam, il existe des Festivals annuels à Pointe-Noire tels, le Festival bimoko, le FIEF, le Festival International des Musiques et des Arts N’sangu N’djindji qui permettent aux artistes musiciens moins connus, oubliés du Fespam, de se produire en public. Mais les organisateurs rencontrent d’énormes difficultés quant à leur réalisation. Pierre Clavaire Mabiala, directeur du Festival N’Sangu N’dji N’dji, explique les facteurs qui font régresser le live au Congo : « je crois que ce sont les moyens techniques, on n’a pas les outils techniques qu’il faut, en terme de matériel de la sonorisation. Même quand on parvient à réaliser des live, il faut faire beaucoup de combinaisons il faut rechercher le bon matériel. Donc, déjà on n’a pas de parc matériel ici. Enfin il y’a aussi la paresse des artistes musiciens. Un avis que partage Achille Mouebo : « aujourd’hui les artistes ne sont plus capable de faire des live, ils adorent la facilité avec des playbacks où on a que des boites à rythme ça rend paresseux. Je trouve que ce n’est pas vivant. Moi j’adore le live je chante et je joue la guitare en même temps sur scène et le public adore. »
Pour véritablement, livrer de grands concerts live, les artistes musiciens doivent parfois attendre les invitations des brasseries, (Brasco et Bralico) et les sociétés de téléphonie mobile (MTN, Airtel, Azur) lors des tournées promotionnelles. Il arrive aussi que les artistes musiciens se produisent en live pendant des meetings politiques. A côté des sociétés de téléphonie mobile, on trouve également quelques tenanciers d’hôtels, de boites de nuits, de salles VIP qui organisent aussi des spectacles live pour la promotion de leurs établissements commerciaux. Yves Saint Lazare leader du groupe K Musica l’un de groupes phares de la scène musicale de Pointe-Noire, pense que la culture de la musique live est entrain d’être tué aussi par ces mêmes sociétés de téléphonie qui aujourd’hui préfèrent les DJs qui font des playbacks à moindre coût : « le constat est réel que la musique live tant à disparaitre, surtout que nous vivons dans une ville ou les spectacles sont rares. Les quelques marques qui existent dans la ville, les brasseries et les sociétés de téléphonie mobile organisent, des spectacles où ils n’appellent que ces DJs, parce qu’ils savent qu’inviter des musiciens à se produire live s’est engager beaucoup d’argent, d’abord dans les instruments, ensuite dans le cachet des musiciens. A ce moment le choix est porté sur les DJs qui viennent prester en playback moyennant 50.000 et 100.000 francs CFA. Cette façon de faire tue le live »
Scènes et sites de spectacles live
Les lieux publics privilégiés pour les spectacles live sont les suivant : à Pointe-Noire, les lieux les plus prisés sont : les stades Tata Loboko (3e arrondissement), Franco Anselmi (1er arrondissement), kokolo Kopa (2e arrondissement). Les spectacles s’organisent aussi dans des cercles culturels : l’espace culturel Yaro (4earrondissement), le centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard, au Forum Mbongui (1er arrondissement). Le Rond-point de la République (ex Lumumba) et la côte sauvage au bord du littoral. Guelbault Balende Félicien est contre ça : « pour organiser nos concerts la dernière fois, nous étions obligés d’occuper l’esplanade de la commune de Loandjili, dans la rue ; nous avons causé du tort aux usagers qui pendant trois ou quatre jours ne pouvaient pas passer par là parce que nous avions installé notre podium ». Cependant certains artistes se donnent les moyens de se produire en live. C’est le cas, d’Achille Mouebo qui a son propre label, le groupe K. musica, de Yves saint Lazare, Mixtone, Ame de chacal, Lionel Kombo, et Dorcelle.
A Brazzaville, c’est la même réalité. Les musiciens offrent du live lors des spectacles organisés par les compagnies de télécommunications (MTN, Airtel, Azur). C’est le cas des musiciens tels que Roga Roga d'Extra Musica, Trésor Mvoula et bien d’autres. Enfin, ils existent des possibilités pour les artistes d’être toujours présent sur scène. Nombreux jouent partout où on les invites (dans les mariages, anniversaires, décès et retrait de deuils). Ceci les permet d’être toujours en contact avec le public et de se produire régulièrement.
Références Artwatch Africa Revue 2014 Dépêches de Brazzaville : www.adiac-congo.com Fespam (Festival panafricain de Musique) in Music In Africa FIEF, Le festival international d’expression féminine : https://mayilanews.wordpress.com/2015/08/13/a-pointe-noire-les-femmes-ont-leur-fief/ Arterial Network Congo : https://www.facebook.com/pages/Arterial-Network-Congo/838151176242789?sk=timeline&ref=page_internal
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