Politique culturelle au Gabon
Par Idriss Junior Ingognet
Le Gabon est un pays d’Afrique centrale qui regroupe une cinquantaine de groupes ethnolinguistiques. Cette diversité culturelle est le réservoir même de toutes les œuvres de l’esprit à caractère culturelle. Aussi, la gestion d'actions dans le domaine est mise en relief par des outils législatifs et institutionnels.
Or, au Gabon, il n’existe aucune loi-cadre en matière culturelle. Le seul texte normatif qui sert de document de base, est la loi 2/94 du 23 décembre 1994 portant sur la protection des biens culturels. Les termes "bien culturel" mentionnés à l’article 2 se réfèrent à « toute œuvre de l’homme ou tout produit de la nature présentant un intérêt, scientifique, historique, artistique ou religieux révélateur d’un certain stade d’évolution ou de nature et dont la protection est d’intérêt public ».
Il faut reconnaitre que cette loi reste très restrictive. Elle ne prend en compte que l’inventaire des patrimoines matériels. Ce qui souligne l’importance de la mise en place d’une loi générale qui tiendrait compte de tous les aspects en matière culturelle.
Nous présentons dans cet article les grands axes de la politique culturelle au Gabon ainsi que les structures de gestion d'actions culturelles avant de ressortir les facteurs qui freinent l’émergence d’une réelle politique culturelle, mieux structurée, au Gabon.
Les grands axes de la politique culturelle au Gabon.
Les trois grands axes de la politique culturelle au Gabon sont: l’identification, la protection et la diffusion ou mieux la mise en valeur des éléments du patrimoine culturel au sens large du terme. C’est donc sur la base des structures étatiques de gestion culturelle que se déploient ses trois grands axes qui orientent la politique culturelle gabonaise.
Au Gabon, la gestion du secteur culturel est confiée à la Direction générale de la culture, qui dépend du Ministère de la culture. Dans ce sens, plusieurs autres organes ont été créés sous la tutelle de ce Ministère.
L’Agence Nationale de Promotion Artistique et Culturelle (ANPAC), première structure autonome de promotion et de gestion culturelle au Gabon, a été créée pour donner suite à la loi n°19/82/PR du 24 janvier 1983.
En 2013, le décret n°00264/PR/MENESTFPRSCJS, donne au Bureau Gabonais des Droits d’Auteur et des Droits Voisins (BUGADA), la mission d’exercer et d’administrer des droits relatifs à la création, à l'exécution, à la représentation publique et à la production mécanique des œuvres littéraires et artistiques. Déjà, en 1987, une loi (la loi n°1/87/PR du 29 juillet 1987) instituait la protection du droit d'auteur et des droits voisins au Gabon.
Par ailleurs, plusieurs organisations internationales comme l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’UNESCO ainsi que les centres culturels installés au Gabon soutiennent les actions culturelles au pays, à travers des formations, séminaires et ateliers.
Difficultés
La première difficulté dans la gestion culturelle au Gabon est l’absence d’une loi cadre (à l’exemple du Tchad et bien d’autres pays africains) qui prendrait en compte l’ensemble des missions en matière culturelle. La mise en place d’une telle loi permettrait une révision des textes qui régissent les structures étatiques de gestion culturelle dont la caducité est avérée car ne s’adaptant pas au contexte actuel et au monde en pleine mutation.
Une autre difficulté à relever est la pauvreté en ressources humaines du domaine culturel. En effet, au Gabon, le domaine culturel ne constitue pas le premier choix des jeunes diplômés. Ce qui se traduit par une faiblesse quantitative dans le travail. Pour le peu de personnel disponible, il y une surcharge de travail qui ralentit la machine administrative et même technique.
L’autre obstacle majeur est d’ordre financier. En effet, les dotations financières affectées par l’Etat relative aux questions culturelles. L’accent est mis sur d’autres domaines d’activités alors que celui de la culture est très important dans les efforts de diversification de l’économie vers lequel le pays s’est résolument tourné.
Enfin une autre difficulté et non des moindres, est l’absence criarde d’infrastructures et logistiques. Ce qui rend très difficiles les conditions de travail des acteurs culturelles. Au Gabon il y a une insuffisance caractérisée d’infrastructures culturelles tant dans la capitale qu’à l’intérieur du pays. Les salles de spectacles, cinémas etc. sont quasi absents. Les rares structures que nous trouvons sont des structures privées. L’utilisation de ses dernières pour des activités est assujettie à des efforts financiers considérables. L’absence de moyen, mobilité, logistique, internet ou encore le manque d’initiatives dans certaines localités sont de véritables freins à la mise en œuvre des actions culturelles.
Perspectives
Aujourd’hui, une réflexion est en cours au niveau du Ministère de la Culture gabonais sur la question de l’élaboration d’une politique culturelle nationale. C’est dans ce sens qu’en 2013, sous l’égide du Ministère de la culture, les travaux de l’atelier d’élaboration et de validation des instruments normatifs de la politique culturelle en République gabonaise, ont eu lieu du 26 au 29 septembre de la même année. Il était alors question de revisiter le corpus juridique sous-tendant la politique culturelle au Gabon, en l’adaptant au contexte sociopolitique du moment.
Dans ce même élan, le Président de la République, Ali bongo Ondimba, a reçu les artistes et acteurs culturels le vendredi 27 mai 2016. Il a promis aux professionnels de la culture des améliorations qualitatives dans le cadre de l’exercice de leurs métiers respectifs.
Recommandations
Malgré les efforts déployés par le gouvernement pour soutenir et mieux gérer le secteur culturel au Gabon, la mise en place d’une loi-cadre régissant le secteur culturel est d’une impérieuse nécessité. Le gouvernement est également invité à renforcer la capacité des structures existantes telles l’ANPAC et le BUGADA, en mettant à leur disposition des moyens matériels, financiers et les ressources humaines nécessaires pour la réalisation de leur mission.
Comments
Log in or register to post comments