Marcus, Lokua, Wasis, pur bonheur à Saint-louis jazz 2017
La place Faidherbe (scène) a refusé du monde mardi lors de la deuxième journée du Festival de Saint-Louis. A l’affiche Lokua Kanza et Marcus Miller.
Le chanteur congolais, premier à monter sur scène, a séduit le public saint-louisien. Les paroles de sa célèbre chanson suffisent pour traduire l’émotion et le bonheur que le chanteur congolais a procuré au public du Jazz Festival .
« Des fois le bonheur. Il suffit d'une phrase, d'un mot. Oui, le bonheur. Juste un sourire, un regard. Anana se boye. Azalaki na posa ya. Baninga basolisa ye »…. Lokua Kanza accompagné d’un guitariste, d’un batteur-percussionniste, d’un bassiste et d’une choriste, un véritable big band, comme il a ironisé lui-même, a assuré un spectacle unique. Sa voix d’or, voluptueuse et toujours d’une justesse inouïe a fait frissonné l’assistance au sein duquel se trouvait un groupe important de son Fan club présent aux Sénégal. C'est pourquoi, fusaient de temps à autre, dans le public, des mots en lingala auxquels l'artiste répondait pudiquement par un sourire approbateur ou bien par petit message empreinte de sobriété et de douceur. A ce jeu, une jeune fille a remporté la palme en lançant des « On t’aime Lokua » à n'en plus finir tout au long de la soirée.
Une heure durant, Lokua a revisité pour le public saint-louisien son riche répertoire. Puisant dans ses différents albums Wapi Yo, Toyabi Te, et le dernier Nkolo pour ne citer que ceux-là, l’auteur de « Mbiffé » et « Good bye » a littéralement transmis du bonheur aux gens. Excellent guitariste, chose que d’aucuns oublient souvent, limitant son talent à sa voix, le congolais avec des notes simples et épurées a étalage de tout son savoir-faire en la matière.
La soirée avait bien commencé. Après Lokua Kanza place au phénomal Marcus Miller. C’est vers les coups de 23 heures que le célèbre bassiste américain est monté sur scène pour un autre pur moment de bonheur.
Programmé l’année dernière, l’auteur de « Panther » avait fait faux bond face aux menaces sécuritaires qui pesaient sur le festival. Il s’est racheté, et de fort belle manière. Accompagné par son désormais fidèle saxophoniste de génie Alex Han, Marcus Miller était visiblement extrêmement heureux d’être présent à Saint-Louis Jazz. La prestation s’ouvre avec « Hylife » morceau figurant dans son dernier album très africain Afrodeezia dans lequel Alune Wade bassiste d’origine sénégalaise a pris une part prépondérante. « Hylife » est un hommage aux sonorités proches de Fela et donc du Nigéria et surtout du Ghana. Après l’Afrique anglophone, Marcus Miller, dans un titre toujours puisé de son nouvel opus, nous amène dans le nord du Sénégal et la région des touaregs du nord Mali. Sa basse convertie en sorte de Gambri, nous fait voyager aux pays des Gnawa.
Plus de 30 ans après s’être révélé au grand public comme celui qui allait devenir un des tous meilleurs instrumentistes de la planète, il n’a pas pris une seule ride. Marcus Miller est resté toujours égal à lui-même, roi du slap et de la fusion Jazz-Funk. D’ailleurs c’est cette touche funk et originale que le très avant-gardiste Miles Davis dénicha chez le jeune garçon de l’époque pour l’appeler à ses côtés. Plus tard, Miles lui confia carrément la direction artistique de sa musique. Il s’en suivi Tutu l’album qui ressuscita Miles Davis. Si bien que le fameux trompettiste dira à Marcus Miller avec le succès éclatant de l’opus : « Merci infiniment mon vieux, tu m’as ramené à ma musique ».
Roi du funk, on a dit ? Oui, et c’est naturellement que Marcus Millier entrainant le public vers l’époque Motown Records, compagnie culte crée par Berry Gordy. L’époque de la pure Soul, et de la pure funk. Celle de Diana Ross, Lionel Richie, Martha and the Vandellas, Jackson Five, Stevie Wonder, Marvin Gaye, The Temptations entre autres comme il l’a rappelé lui-même à son public. C’était magnifique ! Avant de conclure ce beau concert, Marcus a servi au public, Sax –Ténor en main, son vibrant et émouvant hommage à « Gorée » accompagné pour l'occasion par la belle voix du sénégalais Souleymane Diamanka. Le poete peulh, dans son style profond et humble, a merveilleusement déclamé et rappelé la puissance des mots. Ensuite, ce fût le moment de jouer Tutu » avant de conclure, aprés le rappel, par « Blast ». Interrogé par music In Africa sur ce tube géantissime aux accents orientaux, il dira que l’idée de composer un tel morceau lui est venue au cours d’un voyage à Istanbul.
C’est un public à la fois ravi et triste qui a quitté la Place Faidherbe à la fin du concert. Ravi par la préstation des deux arstistes au programme, mais triste par la nouvelle que l'on venait d'apprendre: l'artiste plasticien Joe Ouakam est mort ! la disparition de celuI que l'on appelait tonton Joe affecte le monde de la culture. Le Festival de jazz de Saint-Louis pour lequel, il avait réalisé l'affiche de 2015, la plus belle de toutes les éditions à en croire son Président, lui a rendu hommage par une minute de silence.
Arrivé à Saint-Louis aprés l'enterrement de ce géant de la culture, Wasis Diop a dédié le concert OFF qu'il a donné sur les quais, à Joe Ouakam son grand frère et ami. Selon l'APS, le concert était exeptionnel et Wasis a donné beaucoup de bonheur au public.
Comments
Log in or register to post comments