Ndadje 2021 – session 2 : l’esthétique de la parole dans la chanson sénégalaise
Le lundi 30 août, dans le cadre de la seconde session du salon journalistique Ndadje 2021, une trentaine de journalistes culturels se sont réunis autour de l’auteur sénégalais Birame Ndeck Ndiaye au grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar (Sénégal), pour parler de l’esthétique de la parole dans la chanson sénégalaise.
La parole occupe une place centrale dans le processus de la création musicale au Sénégal - un pays où la transmission des cultures et du savoir a longtemps reposé sur l'oralité.
Pour parler de ce sujet, c’est sur Birame Ndeck Ndiaye, parolier et auteur chevronné, que le Goethe-Institut Sénégal a jeté son dévolu.
Diplômé en droit et en économie, avec plus de 20 ans d’expériences dans le secteur de la culture où il a souvent assuré de hautes responsabilités, Birame qui a écrit « Ca kanam », l'hymne qui a accompagné la sélection sénégalaise de football dans sa belle épopée à la coupe du monde 2002, est un amoureux des mots et de la sémantique.
« Au commencement était la parole », a-t-il lancé pour ouvrir ses 30 minutes d’exposé, au cours desquelles il a présenté le pouvoir de la parole, en tant que vecteur de messages et d’émotions.
Écrire une chanson est une tâche ardue - l’auteur doit souvent veiller aux contraintes morales, tout en poursuivant les exigences esthétiques qui confèrent du charme au texte.
Pour un travail artistique abouti, Birame conseille aux artistes chanteurs, même quand ils sont assez bons paroliers, de toujours intégrer un auteur et spécialiste des mots dans leur équipe, pour les aider à parfaire leurs créations et leur donner encore plus de sens.
Selon lui, une œuvre musicale est assimilable à un travail architectural qui nécessite de nombreuses compétences, surtout au niveau de l’écriture qui est centrale.
Biram propose une combinaison de 5 éléments à toujours mettre en avant dans l’écriture de sa chanson : la sensibilité, le talent, la singularité, la générosité, le sens de la communication
Celui qui a été conseiller de la star sénégalaise Youssou N’Dour entre 2010 et 2012, a cependant précisé qu’il faut pouvoir ajuster ces éléments à la forme choisie pour la chanson (concerto, refrain-couplets, etc) et s’assurer que le texte soit commercialisable.
Birame a cité d’illustres penseurs du passé dans son exposé, de Pythagore à Kant, en passant par Jean-Jacques Rousseau qui défendait que le monde de l’imaginaire est sans limite.
Écrire, c’est laisser libre cours à son imagination – c’est dire ce que l’on pense et ce que l’on sait, pour susciter l’émoi du public et l’enrichir de savoir.
Pour cela, l’auteur doit lui-même avoir du vécu, une vaste culture générale ; il doit avoir réalisé des voyages et avoir quelque chose à raconter.
L’exposé de Birame Ndeck Ndiaye a été suivi d’une intervention du journaliste Alioune Diop, coordinateur du salon journalistique N’Dadje, qui, pour parler de l’importance de la puissance vocale dans l’enregistrement des chansons, a raconté une anecdote sur la réalisation du single « Magic in the air » du groupe ivoirien de zouglou Magic System.
Les participants au salon ont eux aussi soulevé des questions importantes, comme celle de la reconnaissance des droits des auteurs et paroliers au Sénégal.
Pour Birame, si on parle généralement de « droit d’auteur », c’est parce que le travail de l’auteur est central dans les oeuvres artistiques et intellectuelles. L’auteur n’est donc pas sensé jouir de droits voisins, mais bien des principaux droits moraux et patrimoniaux liés à l’œuvre écrite.
Parmi les personnes présentes à cette session 2 du Ndadje 2021, l’animateur Coco Jean de King FM, ainsi que l’artiste Amala Doukouré, qui animeront des sessions à venir.
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