Le Summer camp de Banlieues bleues, une vraie trouvaille
Le Festival Banlieues bleues rayonne depuis bientôt 40 ans sur l’ensemble du département de la Seine-Saint-Denis près de Paris avec une ambition héritée des valeurs de l’éducation populaire : permettre aux habitants de côtoyer les artistes, d’accéder au spectacle à des prix accessibles. A travers une vraie politique d’action culturelle, Banlieues bleues travaille aussi à d’autres types de rencontre, sous forme d’ateliers de pratique, de résidence de créations qui encouragent les habitants, toute générations confondues, à monter sur scène à leur tour avec l’artiste à l’affiche.
Ce festival musical a lieu au printemps, avec une esthétique historiquement tournée vers le jazz. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est plus souvent identifié « Jazz en Seine Saint-Denis ». Accompagnée par l’association Banlieues bleues avec le soutien financier des collectivités, l’équipe d’organisation a pu reprendre ses marques après deux années sans édition au printemps 2022.
Alors pourquoi un festival Banlieues bleues au cœur de l’été ?
L’idée est née avec les restrictions liées à la pandémie et l’envie de trouver une formule gratuite, conforme à l’esprit du festival de printemps, plus légère, plus festive. Le contexte aidant - les mesures sanitaires s’assouplissent alors le temps d’une saison estivale -, l’association réussit à mettre sur pied un premier Summer camp en juillet 2021 et décide de réitérer l’expérience.
Parce que les frontières ont peu à peu réouvert et que les chargé.e.s de groupe font un gros boulot de démarchage, c’est presque une coïncidence si l’affiche du Summer Camp 2022 est africaine à 90%, confie à Music in Africa Xavier Lemettre, directeur de Banlieues bleues. Qui s’en plaindrait !
Le festival a donc monté ses scènes dans 13 villes de la Seine Saint-Denis autour de 20 concerts en plein air du 24 juin au 24 juillet, pour une offre culturelle de grande qualité, gratuite, avec une communication destinée principalement aux locaux.
Le programme de cette 2ème édition témoigne de l’implantation de Banlieues bleues dans son paysage et son territoire, mais aussi d’une vraie volonté d’évoluer avec la diversité de la scène musicale internationale. Voici extrait du dossier de presse de ce Summer camp un rapide tour d’horizon des rencontres passées et à venir.
« Le highlife sauce piquante du « James Brown du Ghana » Gyedu-Blay Ambolley, le hip-hop rutilant des Sénégalais Fou Malade et Niagass, l’afrobeat 100% féminin des Lipstick Queens d’Accra, les amazones du rap africain Ami Yerewolo et Dope Saint Jude, le fra-fragospel des Ghanéens Alogte Oho & His Sounds of Joy, l’éthio-électro de KUTU, le soul-jazz ou la transe-gospel des collectifs sud-africains SPAZA et BCUC, le jazz panafricain de Fidel Fourneyron « Bengue », la transe touareg des Filles de Illighadad, trio d’Agadez remplacé ce 21 juillet par le groupe Tartit de Tombouctou, la rumba endiablée des Congolais Kebo Mfumu, le jazz félin et groovy du Tigre d’Eau Douce de Laurent Bardainne (en clôture). Sans oublier les DJ-sets novateurs de la Somalienne Hibotep et du Sénégalais ISS 814, l’électro-free hardcore de Yeah You, l’électro-raï de KENZI, la kora de Senny Camara, la mini-fanfare Journal Intime avec Fabe Beaurel Bambi. »
Ajoutez à cela les températures inhabituelles de ce mois de juillet en France et vous obtenez du 100% made in Africa à cette différence près : le décor n’a rien à voir avec les côtes maritimes de l’Atlantique ou de l’Océan indien, de la savane, du Sahara ou des grandes métropoles du continent.
Les ambiances en extérieur du Summer Camp font d’avantage penser aux impressionnistes d’un autre siècle et à l’esprit des guinguettes qui réunissaient les familles en bord de Seine.
En clôture du festival, Banlieues bleues fera sonner les envolées d’un hymne au soleil, titre du nouvel album de Laurent Bardainne et Tigre d’eau d’eau, sorti en janvier 2022.
Le quintet créé par le saxophoniste de Limousine et fondateur de Poni Hoax se produira dimanche sur l’eau en proposant un voyage onirique, résolument cinématographique, où se mêlent soul rétro futuriste, free ou éthio-jazz et rythmes africains. Evidemment !
Autre événement cette semaine s’il en est, le concert de Tartit, groupe emblématique crée par cinq chanteuses de la région de Tombouctou dont l’incontournable Disco, Fadimata Wallet Oumar, en tournée de dédicace d’un ouvrage biographique à se procurer dans toutes les bonnes librairies.
Nous sommes tout aussi curieux de cette alchimie concoctée pour la danse, pour la transe, par Frédéric Gastard, saxophone basse, Sylvain Bardiau, trompette, Matthias Malher, trombone, du trio Journal intime avec Fabe Beaurel Bambi, maître des djembés, aux percussions. Cette nouvelle formule est l’expression d’une envie partagée de fusion festive et chaloupée, qui flirte avec le jazz éthiopien pour mieux tomber en amour d’une rumba congolaise.
À l’image de la diversité et de l’audace de cette proposition estivale, Music in Africa salue enfin la présence d’un artiste algérien qui a contribué à l’évolution de la scène musicale dont s’inspire aujourd’hui la jeune génération montante pour inventer ses propres références.
Kenzi Bourras a joué avec tout le monde, du raï, du rock, du hip-hop. Il a collaboré avec Khaled, Fadela, Zahouania, Raïna RaÏ, Rachid Taha, Mick Jones, Sofiane Saidi, 113, Kery James… C’est lui qui est aux manettes et compos ciselées d’Acid Arab depuis la création du groupe. Sa maîtrise des synthétiseurs, son groove inimitable, en font l’un des plus talentueux claviers de la musique orientale, actuelle, vibrante, inspirante. Pour Banlieues bleues, l’artiste natif de Sétif installé depuis 20 ans à Paris dévoile cette semaine ce qui sera son premier projet solo.
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