Afrique du Nord: 10 chanteuses d'expression amazighe à suivre
Les musiciennes nord-africaines de la lingua sphère amazigh ont souvent évolué dans des registres traditionnels. Ces détentrices perpétuent ainsi, une tradition vielle de plusieurs millénaires, celle de transmettre, enseigner et entretenir la mémoire collective.
Il faut attendre les années 70 pour voir émerger une nouvelle génération qui allie chants traditionnels aux musiques modernes. Dihiya, Markunda ou encore les Djrudura incarnent cette mouvance, aujourd’hui, elles sont les doyennes qui ont montré la voie et continuent d’inspirer la nouvelle génération.
Découvrez notre sélection de dix talentueuses héritières de la scène nord-africaine amazighe contemporaine.
Amel Zen (Algérie)
Voilà désormais plus d’une décennie qu' Amel Zen fait vibrer la scène et la jeunesse algérienne sans prendre une ride. Depuis, elle ne cesse de s’ouvrir sur des univers musicaux éclectiques et cultive à la perfection l’art de nous faire voyager entre plusieurs mondes, plusieurs pans ; celui de son héritage musical algérien nord-africain et ses sensibilités modernes.
En 2013, elle sort son premier album et le baptise Amel Zen, tout simplement. On y perçoit une affirmation de soi et un épanouissement personnel ; elle enchaîne depuis les hit et les concerts. S’ensuit Joussour/ Heqentarin (Les Ponts) sorti en 2020. Ce second album vient consolider sa vision de la musique et de l’engagement, et il conjugue avec brio fusion rock-progressive et world. Elle y chante en algérien, en tamazight, en arabe classique, en français et en anglais. Alumni du programme musical américain One Beat (2016) et lauréate de la Cité des arts (2021), Amel aborde la création musicale comme un long processus complexe mêlant musicologie et sciences humaines. Elle est aujourdhui, la digne héritiere de la tradition du Dayane de la Dahra, un genre musical en voie extinction.
Sahar Arinas (Tunisie)
Sahar Arinas incarne une des rares voix féminines à chanter en tamazight en Tunisie, où cette langue compte très peu de locuteurs. Diplômée en anthropologie sociale et culturelle, elle suit actuellement un cursus en études africaines. L’artiste activiste milite pour la réhabilitation du tamazight en initiant diverses actions, via notamment l’association culturelle Tamurtinu (ma terre).
En 2020, elle fait partie du comité d’organisation du premier festival pour la musique amazighe en Tunisie, Tumast (Peuple/ Patrie) qui réunit des musiciens d’expression amazigh de l’Afrique du Nord. C’est ce sentiment d’appartenance transnational qui la conduit á créer A yetma Band, un duo avec le chanteur libyen Mohamed Motatik.
Melissa Sekhi (Algérie)
Chanteuse et comédienne algérienne, Melissa débute sa carrière artistique en 2014 sur les planches du sixième art, puis la musique la happe pour notre plus grand bonheur. Le grand public la découvre avec la comédie musicale Si Muhend U Mhend qui relate la biographie romancée du poète errant de la Kabylie (1849-1905).
C’est en France, lors d’un festival sur les musiques traditionnelles qu’elle prend plaisir à conjuguer sa musique locale kabyle à d’autres sonorités comme le celtique, une tradition, soulignons-le, initiée par les doyens de la chanson kabyle comme feu Idir que Melissa adule.
Après quelques covers elle sort deux singles « A Yemma » (Ö Mère !) et « Targit » (Rêve).
Les Filles de Illighabad ( Niger)
Nées avec du sable dans les yeux, pour paraphraser la fameuse citation devenue leitmotiv de leur compatriote Mano Dayak. Fatou Seidi Ghali, Alamnou Akirwini Nassir et Fitimata Ahmadelher nous viennent de l’oasis de Illighabad, dans le massif de l’Aïr nigérien, terre vernaculaire des Kel Tamasheq (populations amazighs sahéliennes) où la musique est omniprésente.
De la rencontre avec Christopher Kirkley, le fondateur du label Sahel Sounds naissent deux album, Les Filles de lllighabad (2016) et Eghass Malan (2017). Saluées par la critique, les filles sont depuis propulsées dans l’orbite de la scène mondiale, avec leur blues-assouf pur jus.
Meryem Assid (Maroc)
Révélée grâce à son projet, Jazz’ Amazigh et figurant parmi les lauréats de la première édition du programme « création et production du spectacle vivant » de l'Institut Français du Maroc en 2019, Meryem Assid, journaliste de formation, se tourne vers la création musicale en étudiant la notion du silence dans l'oeuvre musicale de John Cage.
Meryem conjugue sa musique locale traditionnelle au jazz - une démarche qui se veut expérimentale, universaliste et plurielle ! Elle œuvre à la sauvegarde du patrimoine musicale marocain, et celui de sa région natale Sous-Massa, en particulier.
Lalla Yasmina (Tunisie)
De la musique chaouïa algérienne au rif marocain, les différentes expressions musicales amazighes bercent l’enfance de Yasmina. Cet engouement se transforme en projet de vie lorsqu’elle intègre l’Institut Supérieur de Musique de Tunis, mais c’est en Algérie, qu’elle donne son premier concert en duo avec l’artiste algérien Massinissa Berrehail, avec qui elle forme le groupe Massinagh. Elle se produit, depuis, régulièrement en Tunisie et en Algérie.
En 2022, elle intègre le programme de l’UNESCO « La musique moteur de développement durable » en interprétant magistralement une reprise de l’artiste Markunda sur le titre « Mani tellam »
Leila Gobi (Mali)
Célébrant le patrimoine multiculturel malien, c’est à Bamako que Leila Gobi se fait connaître avant de sillonner le globe pour distiller sa musique, accompagnée d’Amadou Dembélé á la basse, Khalil M. Touré á la guitare, Abdourhamane Salaha aux percussions et Mathieu Clara aux machines.
Son premier album Leila, sorti en 2015, nous fait plonger dans un univers qui mêle, dans un savant dosage, la rugosité du blues ishumar à l’électro pour nous offrir une expérience inouïe.
Dania Ben Sassi (Lybie)
D’un père libyen et d’une mère serbe, Dania Ben Sassi grandit en Serbie mais demeure attachée à ses racines africaines.
En 2011, lors du fameux printemps libyen, sa chanson « Agrawli Itri nnegh » (Rrévolutionnaire est notre étoile), écrite par son père, devient virale et iconique. « Tidet » (la vérité) et « Abrid n Tinelli » (le chemin de la liberté) prennent aussi des allures de manifestes, qui traduisent les revendications des amazigh de Lybie.
Amel Brahim Djeloul
« Révélation Lyrique » des Victoires de la musique classique en 2007, la soprano franco-algérienne Amel Brahim Djelloul prête sa voix à plusieurs personnages classiques. Elle incarne Pamina dans La flûte enchantée et Susanna /Barbarina dans Les noces de Figaro de Mozart pour ne citer qu’eux.
Avec l'album Les Chemins qui montent (Klarthe Records) sorti en octobre 2022, elle rend hommage á la musique algerienne kabyle en interprétant des compositions originales écrites et composées respectivement par Arezki Rabia et Thomas Keck, ainsi que des reprises de Idir, Djamel Allam, Djurdura et Taos Amrouche. Combiner ces deux univers est un véritable chalenge. Les Chemins qui montent est la promesse d'un voyage onirique vers les sommets de la Kabylie.
Sarah (Maroc)
Installée à Shangaï (Chine), la chanteuse marocaine Sarah, originaire de Agadir, célèbre sa culture à travers la musique. En duo avec Ismaël, son compagnon dans la vie et sur scène, elle se fait les griffes sur les réseaux sociaux en interprétant des grands classiques comme « Anzar » de Meska et « Aseta nu Zemmur » de Markunda.
En 2021, elle sort « Timgharin » en hommage aux doyennes qui perpétuent la tradition. Avec les singles « Amoudou » (2021), « Tamazirt » (2022) et « Amzruy » (2023) le style du duo s’affirme plus jazzy et plus moderne.
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