Hugh Masekela : l’artistan du festival Zaïre 74
L’Afrique et le monde entier rendent hommage au trompettiste sud-africain décédé à 78 ans des suites d’un cancer. Hugh Masekela était avec le musicien et producteur américain Stewart Levine, initiateur du festival Zaïre 74, qui s’est tenu du 22 au 24 septembre 1974 au Stade du 20 mai à Kinshasa (RDC).
C’est Stewart Levine qui eut l’idée d’organiser le concert en marge du combat de boxe opposant Mohamed Ali et Georges Foreman, le 30 octobre 1974 à Kinshasa (Le combat qui devait avoir lieu en Septembre, en même temps que le festival , a dû être décalé suite à une blessure de Foreman).
Stewart Levine qui s’occupait de la production de l’événement, a été secondé par son ami de longue date, le Sud-Africain Hugh Masekela, dans le rôle de directeur artistique du festival. Stewart rencontre Masekela lorsqu'il intègre la Manhattan School of Music à 17 ans.
Le festival a été organisé dans un contexte particulier. « Il s’agissait de célébrer les retrouvailles entre l’Afrique et sa diaspora », explique le journaliste Vladimir Cagnolari.
Ainsi, pendant trois jours des artistes venus des Etats-Unis, notamment James Brown, Bill Withers, B.B King et The Spinners, ceux de la diaspora africaine comme Miriam Makeba ainsi que des musiciens congolais entre autres Tabu Ley Rochereau, Abeti Masikini, Franco Luambo Makiadi et son Tout Puissant OK Jazz ont joué sur la même scène au Stade du 20 mai, rebaptisé Stade Tata Raphaël.
80.000 spectateurs assistaient chaque soir au concert. « C’était la première du genre (parlant du festival). Les artistes étaient très excités. Le public congolais n’avait jamais rien vu de tel », se souvient Hugh Masekela.
« Les artistes africains n'avaient jamais joué devant un public aussi large », commente Stewart Levin.
Organiser ce festival « était un travail dur. Je pense que chacun de nous a perdu 20 kilos », déclare Hugh Masekela dans une interview accordée à National Public Radio, un média américain.
Un documentaire consacré au festival Zaïre 74 est sorti en 2009, réalisé par Jeffrey Levy-Hinte. Wrasse Records et Universal ont publié en juin de l’année dernière la compilation Zaïre 74 : The African Artists, un double album sur les performances des artistes africains pendant le festival.
Au Zaïre, cet événement s’est transformé en propagande politique. Mobutu, ancien président zaïrois, devenu chantre du panafricanisme, montrait ainsi au monde une image positive de son régime.
« Quand vous rentrerez dans le pays des blancs, dites à nos frères qu’ici il y a un homme qui lutte pour la dignité de tous les noirs, et cet homme c’est notre cher Mobutu Kukumbendu Wazambanga », s’adresse ainsi la chanteuse congolaise Abeti Masikini aux musiciens afro-américains.
Figure de la lutte anti-apartheid et « père du jazz sud-africain », Hugh Masekela s’est éteint dans la nuit du 22 janvier. « Après une courageuse bataille contre un cancer de la prostate, il est décédé paisiblement à Johannesburg, entouré de ses proches », indique un communiqué de sa famille.
Le musicien était défenseur de la cause des noirs. Comme dans The Promise of the Future, son album paru en mai 1962, où il évoque l'oppression et le combat. Toute sa vie, il fut un activiste engagé et il s’est souvent exprimé sur les questions de justice sociale et les questions politiques courantes dans son pays.
Sur son dernier disque No Borders publié en 2016, l’artiste sud-africain consacre une chanson à la RDC. Le morceau intitulé « Congo Woman », est interprété avec Dice Makgothi, Kabomo et Tresor Riziki, chanteur originaire de la RDC installé à Johannesburg. « Congo Woman » chanté sur un air rumba relate une rencontre avec une belle congolaise à Matonge, quartier populaire de Kinshasa.
Hugh Masekela a également collaboré avec Tresor sur son titre « Midnight Sun », un extrait de son dernier album baptisé The Beautiful Madness publié en mai 2017.
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