Les 5 meilleurs artistes Hip Hop de la RDC
Le Hip Hop est devenu en quelques années un des genres musicaux les plus prisés par les jeunes artistes du Congo Kinshasa. Ces « yo yo ou djanspilés (tiré du titre « Beat It » de Michael Jackson) observent, récupèrent les doléances de la rue, interpèlent, conscientisent et donnent de l’espoir à une jeunesse perdue et désespérée.
J’ai sélectionné cinq musiciens qui à mon avis sont très actifs sur la scène Hip Hop, ils ont un message à transmettre et sont très influents. Certains vivent au pays, d’autres par contre ont choisi l’immigration.
1. Maître Gims
Originaire de la RDC, Maitre Gims fait la Une de toute la presse européenne ces jours-ci, né à Kinshasa et installé en France depuis 1988, Gims a fait des études de graphisme et de communication. Gandhi Djuna alias Maitre Gims, est le fils de Djuna Djanana, ancien transfuge du groupe Viva La Musica. Quand il se lance dans la musique, son père ne l’empêche pas, parce qu’il maitrise bien les rouages du milieu.
Son aventure musicale commence vraiment avec le groupe Sexion d’Assaut, un collectif des jeunes artistes propulsé par le label Wati-B, crée par Badiri Dawala Diakité, un jeune entrepreneur français. En 2003, il tente son premier coup d’essai avec ces potes de Sexion. Le titre « Coup 2 pression » est alors lancé sur le marché du disque.
En 2005, avec l’aide de Dawala, Maitre Gims et Sexion D’Assaut sortent un CD intitulé La Terre du Milieu. Le groupe perçe en 2010, en sortant un autre album l’École des points vitaux avec le succès qu’on connaît, 420.000 exemplaires vendus.
La carrière solo de Maitre Gims récolte également un succès que personne n'attendait. En 2013, une année après la sortie de L’Apogée, le dernier album de Sexion d’Assault, Meugi (son autre pseudonyme) lance son premier opus baptisé Subliminal. Selon Purecharts.fr, le disque a été vendu à environ 800.000 exemplaires.
En août 2015, il lance un deuxième CD Mon cœur avait raison, certifié disque de platine par le Snep (Syndicat national de l’édition phonographique, France) trois mois après sa sortie. Il rafle en 2016 un titre aux Victoires de la Musique pour son titre « Sapés comme jamais » en collaboration avec le chanteur Niska.
Maitre Gims est le propriétaire du MMC (Monstre Marin Corporation), un label cédé à 50% au géant Universal Group (en empochant cinq cent mille euros), il gère également la ligne de vêtement Vortex.
2. Lexxus Legal
Jamais un rappeur congolais n’a été aussi engagé que lui. Lexxus Legal, « Digne fils d’Afrique » (comme Lumumba), est un artiste Hip Hop hors pair. Il a co-fondé en 1997, le groupe PNB (Pensée Nègre Brute) bien connu à Kinshasa. Diplômé en gestion, en 2005, il se lance en solo et sort deux ans après son premier album Artiste Attitude.
« Le temps de la paix » chanté avec le congolais Jean Goubald est le titre le plus appréciés de l’album. Dans le morceau, Lexxus fait prendre conscience, dénonce la guerre, et fait appel à la paix et à l’unité du pays. « Oser la paix », est la reprise de la chanson « Le temps de la paix » interprétée en lingala (langue locale au Congo Kinshasa) par Tiken Jah Fakoly et parue en 2015 dans son nouvel album Leop’Art.
En 2010, il reçoit le Prix de la renaissance africaine attribué lors d’un concert au Festival mondial des arts nègres (Fesman) qui a eu lieu à Dakar (Sénégal). Lexxus est connu également pour son plaidoyer sur l’éducation et les droits de l'enfant, il y consacre en 2012 un album 5ème doigt. Parmi les souvenirs qui ont marqué sa carrière musicale, il y a la collaboration avec Papa Wemba dans le titre « Ahende » tiré de son dernier opus. Il se dit toujours choqué par la disparition du roi de la rumba congolaise.
L’artiste Hip Hop est aussi entrepreneur, il a crée le label Racines Alternatives qui organise chaque année le Festival Aird’ici, le plus grand festival des musiques urbaines en RDC.
3. Youssoupha
Youssoupha Mabiki est né à Kinshasa (RDC), il est le fils de Tabu Ley, Rochereau, icône de la musique congolaise décédé en 2014. À 12 ans, il quitte son pays et s’installe en France. Il se consacre pleinement à la musique après un cursus universitaire à la Sorbonne Nouvelle-Paris III où il a décroché une maitrise en médiation culturelle et communication.
La carrière musicale de Youssoupha démarre après son passage dans le groupe Bana Kin (où il signe avec le collectif un album intitulé Tendances). En 2007, il lance son premier album solo À chaque frère. Vendu à 50.000 exemplaires, l’album réuni plusieurs artistes Hip Hop dont Diam’s, Kool Shen S’PI et Mike Genie.
En 2009, il sort son deuxième CD Sur les chemins du retour. Il est polémique, à cause de la chanson « A force de dire » qui cite nommément le journaliste français Eric Zemmour, malgré une plainte déposé par le chroniqueur (pour menaces de crimes et injure publique), Youssoupha gagne le procès. Le parquet de Paris a jugé que les propos du rappeur n’étaient pas diffamatoires et ne dépassaient pas les limites en matière de la liberté d’expression. Mais le rappeur revient en force avec son troisième opus Noir D**** paru en 2012 et certifié disque d’or trois mois après sa sortie.
Son dernier album NGRTD lancé en 2015 chez Bomayé Musik est nominé la même année aux Victoires de la Musique dans la catégorie « Album des musiques urbaines de l’année ».
Youssoupha joue souvent à l’équilibre, ses paroles peuvent être fortes et tempérées, tout en décrivant les réalités de la vie. « Dans les périodes de deuil, j’ai du mal à tirer des grosses conclusions, à voir des perspectives claires. Il y a des enseignements qui ressortent forcément ». déclarait-il dans une émission de télévision après les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris (France).
4. Baloji
Né à Lubumbashi dans l’ex Katanga, riche province minière de la RDC, Baloji se sépare avec sa mère quand il a 3 ans et s’envole pour la Belgique avec son père. Sa vie d’adolescent n’est pas facile. Il quitte le toit familial à 16 ans et va vivre dans une maison pour jeunes. Là-bas, il s’initie à la musique Hip Hop et forme avec des jeunes rappeurs le groupe Starflam. En 2004, il quitte l’orchestre suite à des malentendus et arrête avec la musique.
Deux événements signent son retour sur scène : la lettre de sa mère (qu'il n'a pas vu depuis 1981) ainsi qu’un concours de poésie remporté à Paris (France). En 2008, il sort chez Hostile Records son premier album solo Hotel Impala, dans lequel il raconte sa vie et répond au courrier de sa maman.
En 2010, il lance son deuxième album Kinshasa Succursale (chez Crammed Discs), un opus de 13 titres dans lequel on retrouve des artistes de la RDC et de magnifiques chansons telles que « Le Jour d’après (Siku You Baabaye) » une reprise d’Indépendance cha cha de Grand Kallé, « Tshena Ndekela / Entre Les Lignes » avec Monique Tenday, « Karibu Ya Bintou » avec Konono N°1.
Baloji est un artiste engagé. Je l’ai rencontré lors de la dixième édition du Festival Jazz Kif qui a eu lieu en Juin 2016 à Kinshasa. Il a m’a confié qu’on lui a interdit (ses proches je crois) de parler politique sur scène (le jour de son concert). Impossible pour un rappeur comme lui de rester bouche cousue. Son Congo natal lui tient tellement à cœur.
5. Oliverman
Veritable Kinois (habitant de Kinshasa), Oliverman est né à Reims (France). Il rentre dans son pays après plusieurs années passées dans l’Hexagone. Il entreprend des études de musique à l’Institut National des Arts (Kinshasa). En 1999, il forme avec des amis le groupe SRK, qui fait un savant mélange de plusieurs styles dont le rap et le reggae, et le ragga (genre musical issu du reggae). Oliverman et ses amis proposent alors des spectacles à Kinshasa. Il joue sur des scènes très connues de la capitale congolaise telles que l’Institut Français de Kinshasa et le Centre Wallonie Bruxelles.
En 2008, il écrit une nouvelle page de sa vie en se lançant dans une carrière solo. Il se démarque par le style « Tapé Toké » et s’associe en featuring avec plusieurs artistes du Congo Kinshasa : Lyke Myke, Albixo, DJ Rey, Marciano, Dj Abdoul et Sarah kalume. En 2014, il sort sur le marché son premier CD intitulé Lol !.
« Mr Fire » (son surnom et un des titres dans de son dernier opus) a mis le feu dans un album où la danse et l’ambiance sont au rendez-vous. Il a également enflammée la scène de la 8ème édition du Festival Jazz Kif qui célébrait les 20 ans de carrière de Lokua Kanza. Son tout dernier clip « Positif jusqu’à la mort » est diffusé sur le web (Youtube et autres plateformes locales).
« Oliverman, le King de Bandal (une commune populaire de Kinshasa), dans les rues tout le monde le salue comme le prince de la ville » commentait un journaliste de TV5 Monde en 2012.
Le « Man » veut à travers sa musique donner du courage à tout le monde.
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