L'industrie du disque au Swaziland
Ce texte donne un aperçu de l'industrie du disque au royaume du Swaziland. Il fournit un aperçu de ses rapports avec l'industrie sud-africaine du disque, avant de présenter les principaux labels, studios et producteurs qui opèrent actuellement dans le pays, ainsi que les défis auxquels fait face l'industrie, plus particulièrement le piratage musical.
Contexte
L'industrie du disque du Swaziland est proportionnelle à la superficie du pays. Presque toutes les industries sont à petite échelle et l'industrie du disque ne fait pas exception. L’évolution est graduelle. C'est pour cette raison qu'il n'existe quasiment aucun document ou preuve de l'existence d'un studio d'enregistrement dans les années 60, 70 ou 80.
La seule radio nationale de l'époque, la Swaziland Broadcasting and Information Service (SBIS) enregistre alors la musique des artistes spécialisés dans la musique traditionnelle tels que l’umbholoho, le chant choral, l’umgubo et l’ummemiso pour ses divers programmes ou à des fins d'archivage. Les artistes swazis font usage du studio de la SBIS pour enregistrer leur musique. Mshikishi Mndzebele, connu comme le 'Gorilla Man', est sans doute le seul artiste africain dont la carrière remonte à quatre décennies. Il ne sort que trois albums au cours de sa carrière. Son plus récent projet, intitulé Maye Muhle(2010), a été enregistré aux Ingongoni Studios.
À la fin des années 90, et ce jusqu'en 2007 les artistes swazis retiennent les services de producteurs sud-africains. Cette pratique est courante à l’époque. Par exemple, les chanteurs gospel primés tels Ncandweni Christ Ambassadors, Shongwe & Khupuka enregistrent un certain nombre de leurs albums en Afrique du sud.
Nana Magagula obtient un contrat avec Gallo, un label de renommée internationale. Elle sort son premier album Five Loaves and Two Fish (cinq pains et deux poissons) en 2004 et est trois fois nominée au SAMA en 2005. L’artiste collabore également avec Phillip Miler sur les bandes-son de séries sud-africaines notamment Yizo Yizo et Gaz'lam, et chante la Marseillaise ainsi que les hymnes nationaux de l’Uruguay et de l'Afrique du Sud à l'avant des matches de rugby en 2006. Jusqu'aujourd'hui, elle inspire le respect au sein de la scène musicale locale, bien qu'elle ait apparemment pris un congé sabbatique.
Il y a une demande pour la musique swazie en Afrique du Sud. Les artistes swazis sont en vedette sur la plupart des stations de radio sud-africaines comme Ligwalagwala FM et YFM ainsi que les émissions de télévision telles que Chiz Niz qui passe sur eTV et le Morning Live de la SABC2. On a parlé d’un contrat d’enregistrement entre des artistes swazis et des labels sud-africains dans le passé mais rien n'a jamais été officiellement mis sur le marché. Il n'y a également aucune trace d’enregistrement d’artistes swazis à la South African Broadcasting Corporation (SABC). Le seul artiste connu à avoir signé avec un label international est le musicien afro soul Bholoja, qui a effectué une tournée européenne facilitée par l’Alliance Française du Swaziland, avant de lancer son premier album Soul Swazi Vol. 1, en mars 2010.
Au fil des années, les musiciens gospel du Swaziland ont concocté bien plus d’albums que les artistes d’autres genres. Cette stratégie a permis au gospel local de se faire une place dans l’industrie et continue de dominer le marché du disque local.
Labels et studios
Il y a une abondance de ce que l'on appelle désormais « bedroom studios», au Swaziland. Elles sont particulièrement populaires auprès des artistes qui n'ont pas les moyens de payer les services de grands studios du pays et qui n'ont pas été signés par des maisons de disques.
Il n'y a que deux grands studios d'enregistrement dits professionnels au Swaziland. Claiming Ground Record et SubJamz Studios. Leurs services ne sont pas donnés. Ils imposent environ E1 300 et plus pour une piste.
Muzi Ngwenya (aussi appelé Mozaik The Producer) est le jeune génie derrière Claiming Ground Records. Ce dernier démarre son propre label dans le but de produire de la musique locale exportable et compétitive. Son label enregistre succès après succès, des tubes qui sont devenus des titres incontournables en discothèques au Swaziland, mais aussi en Afrique du Sud et au Botswana.[i]
SubJamz Studios dirigé par Sabelo Sithungo (dit Subjamz) est le studio le plus convoité. Fondé en 2010, SubJamz Studios investi dans du matériel d'une valeur de plus de E350 000 [ii]
Swazi Jive débute en 2012 et a depuis grandi, à la fois sur les scènes d'Afrique du Sud et du Swaziland. Dirigé par Sakhile Nkambule, Swazi Jive est un conglomérat qui s’occupe non seulement de lasortie d’albums mais également de l’organisation d’évènements tels que Hipnotik, un concert annuel de hip-hop. Swazi Jive s’investit également dans le monde de la mode. Adrienne Foo et Tendaness [iii] font partie du label.
Gugupa Records est un label de musique indépendant fondé en 2011 par Mduduzi 'Ziyawakazitha Matsenjwa et Bonginkosi Lcbizzy Lumbela. Le label est d’abord un studio de production accueillant des artistes tels que Floewe, Cara Stacey (d'Angleterre), Velemseni, Bholoja, Tlale Makhene, Quad Element et C4 pour ne citer que. Gugupa Records vise à élargir et à promouvoir la musique swazie.[iv]
NCA Music Productions est lancé en 2004 après une longue lutte entre ceux cherchant à accaparer les chansons du groupe gospel Ncandweni Christ Ambassadors. Timothy Myeni, le fondateur du groupe, abandonne son poste d’enseignant pour lancer l’entreprise. N’ayant pas de capital, il est contraint de vendre des articles depuis le coffre de sa vieille Toyota Corolla. Le label devient vite un succès et est aujourd'hui, un des plus grands labels de la musique gospel en Afrique australe avec neuf albums à leurs noms. Myeni devient plus tard un membre du Parlement. [v]
Tuff Swazi Entertainment, créé en 2011, se spécialise dans le hip-hop et RnB. Le label vise à produire les meilleurs artistes locaux et gère actuellement Tuff Swazi, Mko 'Mr rap', The Gullest Clan et Whiskey. Tuff Swazi fait également partie de #WeMakeMusicSA, un réseau d'artistes du continent. [vi]
Swazi Rhythm est un projet d’enregistrement de disques mené par Lindelwa Mafade la radio SBIS. Déterminé à promouvoir la langue et la culture locales sur les ondes, Mafa fait équipe avec Mluleki Dlamini de Yandza Music, un studio indépendant. L’émission radio 'Swaziland's Finest' lancée en 2006, devient 'Swazi Rythm". Mafa rencontre par la suite Muzi ‘Mozaik’ Ngwenya de Claiming Ground Records. En 2012, la compilation Swazi Rhythm Vol. 1 rassemble la crème de la musique swazie. Le projet est un énorme succès et est approuvé par les plus hautes autorités du royaume. En 2015, l’équipe entame le Swazi Rhythm Vol. II, qui devrait bientôt sortir. [vii]
Swazi Empire est encore peu connu de même que les artistes produits sur ce label. Situé dans la périphérie de Mbabane à la frontière Ngwenya-Oshoek, le label est motivé et se contente de petits contrats. [viii]
Les producteurs clés
Ce n'est qu'autour de 2008 que les autorités et les producteurs locaux hautement qualifiés commencent à émerger sur la scène musicale locale, produisant du 100 % Swazi bousculant ainsi la perception générale selon laquelle les Swazis sont incapables de produire un travail de qualité.
Mozaik The Producer [ix] est le PDG de Claiming Ground Records, mais également producteur, rappeur, chanteur et auteur-compositeur multi récompensé. Après avoir produit des artistes primés tels que l'artiste Afro-soul Nomalungelo, l’artiste sensation R&B Tiyas Msimisi, les artistes hip-hop Psycho Lution, ainsi que Crax, il réussit à mettre en valeur la personnalité de chaque artiste et leur fournit une plate-forme d’expression. Il étudie l'ingénierie du son et l’industrie du disque pendant deux ans en Ecosse confirmant ses compétences. Mozaik est reconnu pour la production de l’album Siyinqaba, le plus populaire en 2010 au Swaziland. L'album remporte les prix pour Meilleur Album, Meilleur Album hip- hop de l’Année et l’une des chansons figurant sur l'album obtient une nomination pour la chanson de l'année, même si ce prix va à 'Imiyalo', le premier single de l'album de Nomalungelo également produit et co-écrit par Mozaik. 'Imiyalo" est diffusée sur les ondes radio en Afrique du Sud et au Botswana. Mozaik est également le producteur de la compilation Swazi Rhythm, en collaboration avec d’autres d'artistes.
Sabelo Sithungo (aussi appelé Subjamz) [x] produit pour des musiciens swazis populaires à un âge relativement jeune. Il reçoit également le prix Tihlabani Producteur de l’Année 2011/2011. Sithungo débute sa carrière musicale en travaillant avec Son Altesse Royale, la Princesse Sikhanyiso et C4. Au début de sa carrière, il collabore avec Redemption Mass Choir, Psyco-lution et Siyinqaba. Il est aussi l'homme derrière l’album Outcry du groupe de rock chrétien New Generation, l’album I Worship You de Sunshine M's et l’album Journey to You de Wandile. SubJamz est une société de production multimédia spécialisée dans les productions audio. Après des études en informatique au collège technique du Swaziland, il décide de poursuivre sa passion dans la production musicale.
Ziyawa (de son vrai nom Mduduzi Matsenjwa) est un autre producteur de talent qui travaille avec des artistes locaux y compris Bholoja, Floewe, Masikane et Khulula choir y compris ceux du gospel notamment Mbabane Miracle Centre, Chris Shabangu, Nduduzo Matse et Frans Dlamini. Il débute en tant qu’ingénieur du son de 2000 jusqu'en 2008. De 2008 à 2010, il enseigne la musique au Waterford Kamhlaba. En 2010, il entame une tournée à travers 17 pays africains et trois pays européens.
Sicelo Dlamini (dit Mthee) a également un parcours impressionnant. Ayant travaillé avec presque tous les grands de l’industrie, sa plus grande réalisation est sans doute sa participation au projet Udlala Ngami de la légende du mbaganga sud-africain, David Masondo. Mthee travaille également sur le dernier album de Siphumelele Mbambo, ancien membre de MTN Joyous Celebration.
Défis
Le piratage musical et le projet de loi sur les droits d’auteur sont la véritable épine aux pieds des producteurs et artistes. La loi actuelle, qui vise à protéger l'industrie des arts et de la musique contre le piratage, exige une amende dérisoire, prévue par la loi sur les droits d'auteur de 1912. La situation actuelle est inadmissible étant donné la quantité de travail, de temps et d'argent investis.
Cette situation entraine la fermeture de certains points de vente de musique. Le piratage musical constitue une menace de plus en plus grave. Si bien que les pirates n’hésitent pas à afficher des CDs "volés" le long des rues perturbant les piétons.[xi]
L'industrie du disque au Swaziland a un fort potentiel de croissance. Une nouvelle culture est en train de se mettre en place avec des producteurs de talent et nombreux sont les artistes qui veulent enregistrer. Leur succès dépendra de l’entente entre l’industrie et le gouvernement dans la mise en œuvre de mesures strictes pour permettre aux producteurs de musique de protéger leurs œuvres hors du studio.
L'avenir de l'industrie du disque s’annonce sombre vu le manque de lois protégeant la propriété intellectuelle. L’industrie stagnera jusqu'à ce que le gouvernement swazi reconnaisse le potentiel économique des industries créatives.
[i] http://www.cgrecords.com/(link is external)
[ii] https://www.facebook.com/SubjamzStudios/(link is external); https://twitter.com/subjamz(link is external)
[iii] http://www.swazijive.com/(link is external)
[iv] https://twitter.com/GugupaRecords(link is external) ; https://www.facebook.com/GugupaRecords/(link is external); (+268) 76500304 (+268) 76285580; guguparecords@gmail.com(link sends e-mail)
[v] http://www.ncandweni.co.za/index.html(link is external)
[vi] https://www.facebook.com/TUFF-Swazi-Entertainment-348560558564454(link is external)
[vii] http://www.swazimusic.com/(link is external); https://www.facebook.com/SwaziRhythm/(link is external)
[viii] https://www.facebook.com/Swazi-Empire-Record-Label-189023734780165(link is external)
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