Sierra Leone : 5 questions à Mos-B
De Madina (Sierra Leone) à Paris (France), Mos-B a parcouru du chemin. Musicien talentueux et passionné, ce véritable ménestrel des temps modernes s'est entretenu avec notre rédaction, sur les moments les plus marquants de sa carrière.
Bonjour Mos-B, pourrais-tu nous parler de ton parcours ?
Bonjour Jean, je suis un artiste originaire de la Sierra Leone ; je suis auteur-compositeur et interprète. C’est à Madina, dans le nord de mon pays, que suis né d’une mère chanteuse. Fort logiquement, je me suis lancé dans l’apprentissage du chant dès mon enfance, et j’ai par la même occasion été initié à la guitare.
La guerre qui a frappé la Sierra Leone au cours de mon adolescence, a obligé mes parents à rejoindre la capitale, Freetown ; j’y ai poursuivi mes études et parallèlement, rencontré des musiciens qui m’ont aidé à développer un peu plus mon art.
À Freetown, j’ai joué avec 2 groupes, Band For Peace et Young Stars que j’ai moi-même fondé avec 4 amis. Avec chacune de ces formations, je chantais essentiellement pour la paix.
Le succès du single solo, « Sweet salono », que j’ai mis sur le marché local, m’a permis de me faire une renommée au pays et d’être invité à jouer pour des représentations d’organisations internationales et même pour le président de la république.
Mon désir de partager mon art m’a mis sur les routes de l’Occident. J’ai pris part à des festivals importants en Allemagne, en Belgique, en Hollande et finalement en France, où je me suis marié et où je suis actuellement établi.
Je propose une musique de fusion, qui intègre des tendances pop et des rythmes sierra-léonais ; vous pouvez avoir une illustration de mon style avec mon single « Boubou Music ».
Tu as évolué en Sierra Leone puis en Europe, quelle analyse fais-tu de ces deux contextes ?
En Sierra Leone, les choses sont vraiment difficiles. Il n’y a pas de structure de qualité, ni aucun label de production digne de ce nom. Il n'y a pas non plus de canaux pour la promotion des créateurs qui sont parfois très talentueux ; à ce propos, j’ai ouvert une plateforme pour permettre une exposition de mes collègues du pays en ligne.
Même en Guinée Conakry, pays voisin, les choses sont plus organisées. J’étais impressionné de constater qu’ils ont institué un guichet unique, où les artistes peuvent payer pour diffuser leurs œuvres sur tous les médias (télévisions et radios).
En France par contre, toutes les conditions sont réunies, mais il y a une difficulté d’intégration. Je dois admettre pour ma part, que j’ai la chance d’être entouré de bonnes personnes qui me soutiennent et me cherchent des opportunités constamment. Il est très compliqué de se trouver un sponsor et un bon label à Paris.
Mais en Hollande où je vivais juste avant, les choses étaient meilleures ; en tant qu’artiste africain, tu es facilement intégré et le contact avec les labels se fait plus aisément.
L’heure est à l’engagement contre la Covid-2019, as-tu mené une action contre cette pandémie ?
J’étais en Guinée et en Sierra Leone pour des concerts à la fin de l’année dernière, quand le phénomène coronavirus commençait à prendre de l’ampleur en Chine. De retour en France en Janvier, j’ai appris, en suivant l’actualité, que la maladie faisait des ravages en Italie.
J’ai donc enregistré à la maison, avec l’aide de ma guitare, une chanson titrée « World against Corona » en deux versions (français et anglais). Au départ, j’avais peur de mettre la chanson officiellement en ligne, je ne la partageais donc que sur mon WhatsApp ; mais ceux qui ont écouté, m’ont incité à la publier.
J’ai donc sorti la version audio, assortie d’un visuel. Le morceau a connu un certain succès et j’ai même été approché par des médias occidentaux, dont la station de radio britannique BBC. J’envisage de sortir le clip vidéo, qui est actuellement en montage.
Mos-B, pourrais-tu nous faire un aperçu de ta discographie ?
Oui, j’ai sorti 2 albums au pays, notamment Coming back avec le groupe Young Stars en 1998 et un opus en collectif avec d’autres artistes locaux en 2000, pour inviter nos concitoyens à la paix.
Je ne suis pas spécialement un artiste de studio ; je passe mon temps sur scène et consacre beaucoup de temps à écrire et étudier la musique ; j’ai totalisé 5 ans d’études musicales en Hollande.
En Europe, j’ai sorti 2 albums également : A Journey of a thousands miles en Hollande (2009), puis New chapter en 2018 à Paris (France). Dans le dernier opus, j’ouvre vraiment un nouveau chapitre, en m’essayant sur un style de fusion encore plus éclectique, qui réunit rythmes occidentaux et africains.
Un message pour teminer ?
Juste inviter les mélomanes du continent et d’ailleurs, à écouter ma musique sur les plateformes de streaming (iTunes, Spotify, Deezer, etc).
Vous pouvez également en savoir plus sur moi, en suivant mes comptes Facebook, YouTube et Instagram, ainsi que mon site web officiel.
Une dernière chose, je suis en préparation de mon 3e album, qui devrait être disponible l’année prochaine. Merci beaucoup à Music in Africa pour cet entretien !
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