Le Hip Hop au Tchad
Le début du Hip-Hop au Tchad rime avec la naissance de la nouvelle génération d'artistes qui ont apporté un nouveau souffle à la musique tchadienne. Désormais, il faudra compter sur cette musique préférée des jeunes et dont l'influence s'étend sur toute la société tchadienne.
Les précurseurs
Le Hip Hop introduit sur la scène musicale au même moment que le ragga (sous-genre musical issu du reggae), a envahi les rues de N’Djamena vers la fin des années 80. On a vu des groupes de jeunes, imitant souvent des stars américaines (Vanilla Ice, Mc Hummer, Shabba Ranks…), exibher des pas de danse lors des petites fêtes organisées dans les quartiers du sud de la capitale tchadienne.
Aussi, on assiste au début des années 90 à la naissance des groupes comme Komplyss (avec feu Mc Satan, Jean Marie, Dread Slash, Aîmé Palyo, Emmanuel My Jack), et Les Banlyeuzars. Ils sont les premiers à faire découvrir la musique Hip Hop au grand public.
D'autres groupes inspirés des rappeurs Mc Solaar et Boss Mc (qui vit en Belgique) vont ensuite émerger. Parmi eux P. Phou, dont est issu Daïgou Tchadna dit Daïsson, figure du R&B au Tchad, Arsenal de l’actuel rappeur Guy Djikoloum alias Sultan ou encore Excellence J Lover de Ndolassem Hilaire, qui formera plus tard avec Daïsson le groupe Kamikazz.
Kamikazz est le premier collectif de rap tchadien à prendre part aux festivals internationaux comme le Marché des Arts et du Spectacle Africain (Masa) à Abidjan en Côte d’Ivoire en 1997. Il réalise son premier album Laatfakat avant que les deux leads vocaux (Daïsson et Hilaire) ne s’installent au Sénégal où ils créent le groupe Yalad.
Komplyss et Banlyeuzars avec l’appui de l'ex CCF (l'actuel Institut Français du Tchad) ont eu l’opportunité de s’exprimer chaque deux mois sur une plateforme d'expression appelée «Tapage Nocturne». Une initiative perçue comme du « favoritisme » car elle n’accueille que les groupes programmés par le CCF (Tibesti, Komplyss, Banlyeuzars et 7e Temps).
Se sentant marginalisés, Célestin Mawndoé, Love Nixon (animateur et journaliste culturel ), Takilal Ndolassem et Daïgou Daïsson Tchadna, créent l'association « Génération 3R » (Rap-Raga-Reggae), soutenue en son temps par M. Seid Farah, ancien ministre tchadien de la culture.
La seconde génération
Devenue influente, l'association « Génération 3R » sera rejointe par d'autres collectifs tels T4J (Turbo For John) du rappeur Turbo alias Imaam T (qui va plus tard intégrer les Banlyeuzars avant de créer le Walta Klan).
C’est le début d’un nouveau genre musical avec son propre langage, le « verlan » (forme d'argot français qui consiste en l'inversion des syllabes d'un mot) et bien d’autres expressions qu’eux seuls maitrisent. Pour ces artistes, il fallait relever le défi et prouver aux « protégés du CCF » qu’ils étaient capable de réussir sur la scène tchadienne sans le soutien d'une quelconque institution.
Mais tout n’est pas rose pour autant. Car les membres de la « Génération 3R » fonctionnent en clan comme leurs collègues outre-Atlantique. Parfois, certaines de leurs rencontres se soldaient par des bagarres.
Néamoins, les artistes du hip hop tchadien (toute tendance confondue) se sont battus pour la reconnaissance de cette musique importée des Etats-Unis d'Amérique et des initiatives fleurissent de partout pour la souutenir malgré des maigres moyens (techniques et financiers) dont ils disposent. Les festivals N'Djam Vi et N'Djam Hip Hop sont parmi les événements qui ont contribué à l'émergence de la musique Hip Hop au Tchad.
Crée en 2007 et organisé par le Réseau culturel et Artistique pour la Formation et la francophonie (Récaf), le festival N'DjamVi est le plus grand événement culturel au Tchad. Il soutient les jeunes talents et leur donne l'occasion de se faire connaître du grand public. N'Djam Vi est également un espace de rencontre et d'échange entre les artistes tchadiens et ceux d'ailleurs. En 2010, le festival a étendu sa programmation en valorisant la musique moderne africaine et en invitant le groupe Pacificator du Gabon et Duc-Z du Cameroun .
N'Djam Hip Hop, est le rendez-vous de la culture urbaine qui se tient à N'Djamena. Lancé en 2005, le festival est organisé par le Récaf en collaboration avec l'Institut Français de Kinshasa et autres instititions locales comme la Maison de la Culture Baba Moustapha . Plusieurs activités y sont programmées: concerts, concours de jeunes talents, etc,. N'Djam Hip Hop donne également la possibilité aux artistes tchadiens de participer à d'autres festivals de la sous-région tels le Gabao Hip Hop au Gabon.
Le Hip Hop au Tchad doit aussi son existence et sa promotion à des noms comme Nguinambaye Manassé (initiateur et directeur de N’Djam Hip Hop et de Ndjam Vi), Armel Ramadji, Memhic's, et Fabrizio Colombo.
Référence: Blog de Tchad Hip Hop: http://tchadhiphop.skyrock.com/ Journal du Tchad : www.journaldutchad.com Blog Futureafreeka: http://laurent.antibi.perso.sfr.fr/WEBSITE/SiteV2/index.html Artist Trove: http://www.artisttrove.com/artist/290622346943/TCHADDA+RAPPA
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