L'éducation musicale au Cameroun
Par Richard Alemkeng
La musique a toujours fait partie des programmes scolaires au Cameroun. Cela peut être confirmé par un examen approfondi des programmes scolaires de l'indépendance de 1960 au référendum de 1972.
Cette analyse démontrerait que la musique occupait une place importante dans la plupart des écoles primaires et secondaires au Cameroun, en particulier dans l'ancien Cameroun occidental. Une place particulière était faite pour la musique tant au niveau primaire que secondaire, même si cette matière n'était pas toujours incluse dans les examens finaux. L'éducation musicale faisait partie des programmes scolaires pour une raison simple: la musique était enseignée parce qu'elle a pour effet de détendre, stimuler, apaiser, civiliser, et permet de renforcer le sentiment national. La musique fournit un moment de répit après des études plus intenses.
Avec le temps, cette attitude vis-à-vis de la musique a évolué. Aujourd'hui, l'éducation musicale au Cameroun a été réduite de façon drastique. Les cours de musique ont été éliminés de la majorité des programmes scolaires en raison de la domination des sujets classiques comme la géographie et la physique.
Au Cameroun, en plus des musiques occidentales et traditionnelles, il existe d'autres genres de musique tels que le Makossa et le Bikutsi. Créés après la Seconde Guerre mondiale, le Makossa et le Bikutsi jouissent d'une grande popularité depuis leur création. D'autres genres de musique sont apparus dans les années récentes et, comme le Makossa et le Bikutsi, s'inspirent de la musique traditionnelle. Aujourd'hui, chacune des régions du pays a son propre genre musical différent de la musique traditionnelle. Dans le Nord-Ouest, il y a la danse de la bouteille et le Njang; dans la région de l'Ouest on y retrouve le Chamasi, le Magabeu, le Ben Skin et le Makassi; dans les régions du Nord du Cameroun, il y a le genre qu’on appelle Sahélien; dans la région du Sud-Ouest, il y a le Ngom a vetuli des peuples Bakweri et Balondo, et le genre Abanda du peuple Bangwa.
La question qui nous intéresse ici est la place de la musique dans le système éducatif du Cameroun. Dans le passé, le système éducatif de l'Est du Cameroun suivait le modèle français tandis que le système dans l'Ouest du Cameroun était basé sur le modèle britannique. En 1976, les deux systèmes ont fusionné, formant un système scolaire unifié et plus solide dans le pays.Cependant, certaines différences subsistent. Le Cameroun dispose aujourd'hui d'un système éducatif très centralisé. Les différents ministères de l'éducation installés dans la capitale du pays prennent toutes les décisions au sujet des programmes scolaires. Les ministères donnent les instructions aux chefs d'établissements scolaires, à la fois public et privé, sur ce qui doit être enseigné, quand il doit être enseigné et comment il devrait être enseigné. Les ressources, les programmes d'études et les méthodes d'enseignement sont fournis par l'État. Les écoles anglophones du Cameroun utilisent encore les programmes d'éducation musicale publiés en 1965 par le Ministère de l'enseignement primaire et de la protection sociale du Cameroun occidental, programmes auxquels ont été ajoutés quelques nouveaux sujets. La situation est la même dans les écoles francophones.
L'éducation musicale dans les écoles primaires
L'enseignement de la musique dans les écoles primaires au Cameroun vise à développer les aptitudes sensorielles et motrices des enfants, à aiguiser leurs perceptions auditives, à leur apprendre à structurer le temps et l'espace, et à leur permettre d'acquérir le sens du rythme. À cet effet, le Ministère de l'éducation de base, l'organe en charge de l'enseignement primaire, a inclus la musique dans le programme national des écoles primaires anglophones (National Syllabus of English-speaking Primary Schools). Dans l'emploi du temps scolaire, une heure et demi est consacrée à l'éducation musicale. Dans les écoles à double vacation, les cours de musique occupent une heure sur l'emploi du temps. À ce niveau d'enseignement, l'accent est mis sur l'éducation musicale pour les raisons indiquées ci-dessus. Les cours se concentrent sur le chant et les instruments de musique ne sont quasiment pas inclus. Les enfants apprennent des chants patriotiques, des chansons coloniales comme «The Lord Baden Powell », des comptines, l'hymne national du pays, ainsi que des chants religieux. Ceci est vrai dans les deux systèmes d'enseignement (francophone et anglophone) du pays.
L'éducation musicale dans les écoles secondaires
Au Cameroun, les écoles secondaires sont sous la supervision directe du Ministère de l'enseignement secondaire. Durant les sept années que passe un élève à l'école secondaire, il y a peu de place faite à la musique dans les programmes scolaires. Dans la plupart des institutions gouvernementales, l'éducation musicale n'est promue qu'au travers des clubs scolaires. Il ne figure pas sur les programmes des écoles, ni dans le programme national, à part dans les collèges de formation des enseignants. Ces derniers ont été récemment transférés sous la tutelle du Ministère de l'éducation secondaire. Dans ces collèges, l'éducation musicale fait partie du programme parce que ces étudiants sont appelés à enseigner dans les écoles primaires. L'éducation musicale est promue plus dans certaines institutions religieuses au Cameroun: le chant de chorale et les instruments de musique modernes y sont enseignés. Cette situation est commune dans les petits séminaires appartenant à l'église catholique, où les futurs prêtres sont identifiés pour le grand séminaire. On peut citer par exemple Bishop Rogan College à Buea, le Petit Séminaire Saint Paul de Mbalmayo et le Collège de la Retraite à Yaoundé. L'accent est similaire: les élèves sont initiés à l'art de la musique. Ils apprennent non seulement à chanter mais aussi à jouer des instruments modernes et traditionnels comme le xylophone, la batterie, la guitare et le piano.
L'éducation musicale dans les universités
C'est seulement au niveau universitaire que de l'importance est donnée à la musique, en particulier dans les facultés d'éducation. Par conséquent, les universités qui n'ont pas de facultés d'éducation possèdent rarement un programme d'éducation musicale, sauf au niveau des clubs consacrés aux sports universitaires ou à d'autres activités extra-scolaires. On peut citer les Universités de Maroua et de Buea à titre d'exemples. À l'Université de Buea, il existe un cours complet intitulé «Introduction à la musique dans l'enseignement maternel et primaire», qui est disponible aux différents niveaux d'études de la Faculté d'éducation.
Le rôle des particuliers et des ONG dans l'éducation musicale
L'offre en matière d'éducation musicale provient en majorité du secteur informel. Les organisations non gouvernementales, les particuliers et les conseils municipaux donnent aux jeunes l'occasion d'étudier la musique et d'en faire une profession. Certains musiciens et artistes établis s'impliquent également. Adolph Moudi (alias Petit Pays) a ouvert une académie de musique à Douala où les élèves apprennent à chanter et à jouer aux instruments de musique modernes et traditionnels. Adolph Moudi est le fondateur d'un grand groupe musical qui existe depuis 20 ans. Il y a également André Marie Talla qui a une école de musique à Douala ayant les mêmes objectifs, tandis qu’André Belinga (alias Ben), un saxophoniste réputé, a organisé des cours de pédagogie musicale pour les professeurs de la musique des écoles privées du Cameroun. Dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé, les ONG, les églises et les agences de développement sont impliqués dans l'éducation musicale. On peut citer par exemple le Centre culturel français, le Centre de formation Yaoundé Ongola , et l'Alliance franco-Camerounaise à Dschang. Cette dernière forme les jeunes à la musique assistée par ordinateurs. Enfin, à travers tout le pays, il y a de nombreux cours de musique offerts par les centres récréatifs.
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Références
[1] Cameroon Education - World Map, www.mapsofworld.com 01/08/2014
[2] Introduction to music in nursery and primary education, university of Buea, DED 404, 2008, P.83
[3] National Syllabuses for English Speaking Primary Schools in Cameroon, Mineduc, Yaoundé 2000 p.vi
[4] www.scoutsrecords.org/aboutus.php?
[5] www.university-directory.eu/Cameroon/University-of-Buea.htm
[6] www.peitpays.net, http://www.petitpaysofficiel.com Wikipedia: petitpays. 29/07/2014
[7] www.africapresse.com/andre-marie-talla-ouvre-une-ecole...29/07/2104
[8] www.planete-urgence.org/documents/.../fiche-projet-conge-solidaire.php.
[9] www.ongola.com/formation.htm 29/07/2014
[10] www.afcdschang.com (training in music) 29/07/2014
[11] Formation de formateurs en pédagogie musicale à l’Institut Technologique Africain des Métiers de la Musique. www.planete-urgence.org/
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