Sunu Talents : le public valide la restitution des trois jeunes talents en résidence à Ziguinchor
Si bénéficier des conseils artistiques de la star internationale Baaba Maal est un privilège, c’est surtout précieux et utile ; ce n’est pas Black Kémé (Kédougou), Pb Style (Bignona) et Bou Biblio (Mbour), les trois jeunes artistes en résidence à Ziguinchor (Sénégal) dans le cadre du projet Sunu Talents du Goethe-Institut Sénégal qui diront le contraire.
Le centre culturel régional de Ziguinchor a été vendredi 25 juin dernier, le théâtre des exploits des trois jeunes résidents de Sunu Talents, sous les yeux fiers de leurs deux coachs, Frank Gaetan Epo-Sosso (voix) et Mamadou Diop (arrangement), et devant un public agréablement surpris par la qualité du showcase qu'ils ont offert.
La foule qui en redemandait encore, et qui s’est longuement attardée dans la salle après le show, ne voulait pas croire que c’était déjà fini. Pour les artistes, cela a été un réel motif de satisfaction, une preuve aussi qu’ils ont bien travaillé lors de la résidence d’une semaine et surtout écouté les conseils distillés par leur parrain Baaba Maal, venu assister au filage.
Geatan Epo, coach vocal des trois talents a déclaré : « notre semaine de travail a été intense en effet, nous avons bien travaillé. Les talents avec nous ici ont été sélectionnés parmi 300 candidats toutes catégories confondues ; ce n’est pas rien ! Actuellement, ils sont 21 talents parmi lesquels neuf jeunes artistes pour la musique ; ils ont déjà leurs qualités et leur touche personnelle. Ils ont une certaine identité musicale déjà assise, nous on leur permet d’explorer cela davantage. Nombre d’entre eux n’a jamais joué en live, ils ont toujours fonctionné avec des DJ ou en play-back, du coup, nous leur donnons aussi, l’opportunité d’être accompagnés par un backing band composé de véritables professionnels, ce qui leur permet d’être confrontés à une réalité du showbiz, le live, et de se préparer en conséquence. »
C’est vers 20 heures 30 que le public a commencé à rentrer doucement dans la petite salle du centre, laissant présager un concert aux ambiances intimistes. Le premier à se lancer est le rappeur bien connu de la scène mbouroise : Bou Biblio.
Suite à un mix d’introduction de son band venu l’accompagner, le jeune artiste se signale sur un morceau soft et entraînant. À sa musique assez chaude, le public répond présent et se laisse envoûter par la performance du rappeur, qui est alors accompagné sur scène par les deux autres talents aux chœurs.
L'assistance est agréablement surprise par la qualité de la prestation d'ouverture et quand Bou Biblio entame son second morceau avec un tempo reggae, ses pas répondent à la puissance de la chanson qui transporte littéralement le public.
Quand arrive le jeune Black Kémé sur scène avec sa tenue traditionnelle, les spectateurs sont captivés. Pagne noir à mi-mollet, torse à moitié- nu, couvert d’un « gilet » traditionnel fait de fils et de perles de couleurs (vert, jaune et rouge), la taille gainée d’une grande ceinture blanche sur laquelle s’alignent en frise des polygones réguliers, aux motifs jaunes et bleus...
Pendant 6 minutes, alors qu'il ouvre son univers unique fait de rythmes traditionnels et modernes, le temps s'arrête dans la salle. Chantant dans sa langue, le jeune Bassari et ses musiciens donnent tout sur scène et livrent une performance artistique et musicale aboutie. Le public, touché et ému, applaudit longuement et chaleureusement à cette parenthèse.
Avant le concert, le jeune artiste confiait : « J’ai commencé en 2009 avec un groupe qui s’appelait Bassari Flash-Back, nous avons fait beaucoup de scènes dans notre région avant que je ne me lance en solo. Je suis là pour promouvoir ma culture Bassari, je me sens investi de cette responsabilité. En une semaine de résidence, j’ai appris beaucoup de choses. C’est une expérience unique et une chance incroyable pour moi de faire partie de ce projet. Je jouis de la reconnaissance de ma communauté, mais j’espère désormais être entendu à l’échelle nationale. La culture Bassari n’est pas suffisamment exposée, je veux être l’ambassadeur de ma communauté, la voix des Bassari à travers le monde, car notre culture a tendance à disparaître et nous nous devons de nous battre pour qu'elle puisse perdurer à travers les générations. En cela, Sunu Talents représente une plateforme extraordinaire pour moi ».
Il est 21 heures 45, lorsque Pb Style prend à son tour le micro ; la salle déjà conquise est fin prête à l’accueillir. L’électricité se fait ressentir lorsqu’il entame son single « Ferrari Boy ». Le public entonne en chœur le morceau et l'introduction est fortement applaudie par tous. Quand le rappeur lance son second morceau, il laisse le soin à la salle de chanter le premier couplet a cappella. Cette partie du concert, beaucoup plus rap, est intense et endiablé ; elle électrise la salle surchauffée avec les solos déchaînés des musicens, les danses et les chants repris en chœur par le public.
Le concert se termine sur une jam des trois talents qui plonge définitivement la foule dans la liesse. C’est lentement, presque avec regret que les spectateurs quitteront la salle, des étoiles plein les yeux, signe d’une première réussie pour les jeunes artistes.
Interrogé par la presse locale à la fin du concert, Baaba Maal, visiblement satisfait de la performance de ses jeunes protégés s'est dit : « agréablement surpris de voir qu'en seulement trois jours de répétition, ces jeunes ont pu produire un tel spectacle ! Cela prouve qu'ils ont du talent mais surtout qu'ils ont travaillé. Les régions sont des greniers de talents et de culture, ce projet est une véritable opportunité pour tous ces jeunes. »
Le parrain a également réitéré son engament à accompagner les talents à travers ses structures, son festival les Blues du fleuve, sa maison de disques et sa connaissance du monde de l'industrie du disque.
Notons, pour finir, qu'en marge d'une conférence de presse tenue la veille, Phillip Küppers, directeur de l'institut culturel allemand a annoncé le lancement, en partenariat avec Sénégal Talents Campus, d'un nouveau projet de formation professionnelle en installation des équipements de sonorisation, dans la région de la Casamance, au Sénégal.
L'appel, lancé il y a quelques semaines, prévoit une formation certifiante de 3 mois pour 25 jeunes dans les départements de Ziguinchor, Bignona et Oussouye.
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