5 questions à Guiss Guiss Bou Bess
Après leur première réussie à l'Institut français de Dakar, le 28 novembre dernier, les ambassadeurs de l'électro sabar, Mara Seck, Stéphane Costantini et Tiziana Manfredi qui composent Guiss Guiss Bou Bess nous ont accordé un entretien.
Bonjour Mara, Quelles sont tes impressions après ce concert réussi à l'Institut Français ?
Bonjour MIA, tout d’abord je suis très content de voir tout le public qui est venu voir notre premier live show, c’est très encourageant et motivant pour la suite. C’était un vrai challenge pour nous de montrer ce premier live sur la scène de l’Institut et nous sommes très enthousiastes pour continuer le travail après la réaction du public. On a passé un très bon moment et je suis fier d’avoir réussi à faire danser le public debout dès le début du concert, un véritable challenge dans des espaces comme le théâtre de verdure où le public est assis !
Le spectacle inédit que vous offrez a combiné cette fois-ci, sons et vidéo, comment parvient-on à maitriser tout ça pour présenter un show cohérent ?
Mara : Le travail ! Nous avons fait un mois de résidence à Dakar avec Stéphane et Tiziana avec qui on avait commencé le travail sur la vidéo dès le mois de juillet à Dakar. Nous lui avons remis beaucoup de rushs sur des projets d’avant, aussi des images d’archives de mon père et nous avons passé du temps ensemble pour que je lui explique l’univers de chaque morceau et leur signification. Ensuite elle nous a montré son montage sur lequel nous avons revu des détails, le rendu espèré était déjà là ! et puis nous avons attaqué un mois de répétitions quotidiennes pour créer l’harmonie entre musique, vidéo et performance scènique avec l’aide du metteur en scène Alibeta ; et voilà le résultat ...
Tiziana : Justement nous avons travaillé le spectacle dans sa cohérence scénique pour offrir au public une partie de l’univers sénégalais qui nous a inspiré. Notre désir était d’amener les spectateurs au cœur de la Medina, dans les rues de Dakar, aux sabars, à la rencontre de ses habitants, le tout rapporté en images selon notre vision. Donc tout ce qu’on a décidé d’inscrire sur scène était conçu avec cette intention, un voyage à travers sons et images à la source de nos inspirations.
Stéphane comment se passe cette collaboration ? L'électro se marie aisément aux puissantes percussions sénégalaises ? Quelles sont pour toi, les perspectives qu'offre cette combinaison à la musique sénégalaise ?
Étonnamment bien ! Pour le mariage électro/percussions, le fait que je sois aussi percussionniste m’a pas mal aidé j’avoue. On est en présence de deux genres musicaux où la rythmique est à la base de l’instrumentation. Le plus intéressant de mon point de vue était donc de partir des éléments rythmiques du sabar et de voir ensuite quels sous-genres des musiques électroniques s’approchaient le plus du groove des percussions : plutôt afro-house, bass music, jungle, dub ou dancehall ? il faut choisir ! De cette base découle le reste des arrangements. Dans l’ensemble, c’est un jeu d’assemblage vraiment passionnant. Les possibilités mélodiques sont très larges également.
En terme d’enjeux pour la musique sénégalaise, ce serait de se rapprocher d’une fusion très organique entre les deux genres, comme ce qu’a pu donner le mbalax avec la salsa. Mais il y a encore beaucoup de territoires musicaux à explorer dans cette direction !
Tiziana, tu as apporté ta participation au Vjing dans le show de Guiss Guiss Bous Bess, comment as-tu rejoint le projet ? D'où viennent les images inédites d'Alla Seck projetées ?
Je suis rentrée en contact avec Camille, Mara et Stéphane en décembre 2016, moment où ils m’ont proposé de les rejoindre pour la conception de la partie visuelle du spectacle. J’ai adhéré tout de suite au projet car dans leur approche j’ai retrouvé les mêmes démarches qui m’ont portée pour certaines de mes précédentes créations. C’est-à-dire le monde de la Medina, les rues et la tradition transcrite dans le contemporain urbain.
J’ai longuement réfléchi sur la meilleure façon d’aller vers leurs besoins par rapport au spectacle, tout en gardant ma pratique artistique par rapport à l’utilisation des images dans le mix en live, et de qui était possible. J’ai commencé à retravailler les archives vidéos que l’équipe m’avait données. Comment lui donner la forme d’une scénographie vidéo ? Dans ces archives, j’étais ravie de découvrir les images inédites d’Alla Seck que Mara a pu retrouver grâce à son ami Harouna Dagnoko.
D’autres images viennent des archives de Veronica Wijaya, Nicolaas Kroone, Keba Beye, et des nouvelles créations que j’ai réalisé pour compléter les différents tableaux du spectacle.
Mara, Quels sont vos projets pour l'année 2018 qui s'annonce, Avez-vous des dates des tournées prévues ?
Beaucoup de projets et d’étapes sont prévus … Tout d’abord une petite tournée hivernale en Europe couplée avec du travail de production avec Stéphane. Nous avons actuellement une dizaine de morceaux plus ou moins aboutis et beaucoup d’autres en tête ou en cours de création, les idées et les inspirations ne manquent pas ! Ensuite, nous espérons sortir le premier single avec le clip sur le premier trimestre puis un deuxième pour la biennale où nous serons présents scèniquement aussi puis une première grande tournée dans l’été 2018 … Si tout va bien, nous sortirons l’album avant la fin de l’année et sur Dakar bien sûr mais je n’en dis pas plus et je vous invite à suivre tout ça sur les réseaux sociaux.
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